• CHAPITRE 831

    Meredith trouva sa tante dans le hall d'entrée. Gloria, Gloria, où es-tu ? hurlait la vieille dame en chemise de nuit.

    Gloria n'est pas là, lui dit Meredith d'une voix douce. Elle est rentrée chez elle. Tu as besoin de quelque chose ?

    J'ai soif, geignit Ellis.

    Meredith la prit par le bras. Eh bien, viens avec moi à la cuisine. Je te donnerai à boire et après, je te raccompagnerai dans ta chambre. Il faut que tu te reposes si tu veux être en forme pour accompagner Gloria au marché demain. Elle qui jusqu’à présent, se reprochait d’avoir refusé de passer la soirée avec son petit ami, se félicitait maintenant d’être restée chez elle, puisqu’elle avait pu se rendre utile pour sa tante. Son sacrifice n’avait pas été vain. C’est le cœur plus léger qu’elle servit un verre d’eau à Ellis.

    Après avoir passé un moment à la fenêtre à regarder distraitement les voitures qui passaient dans la rue, Mark reposa son verre sur la table et alla entrouvrir la porte donnant sur le hall d’entrée, pour guetter les éventuels bruits au cas où Meredith aurait besoin de son aide. C’est alors qu’il perçut la sonnerie lointaine de son téléphone. Machinalement, il porta la main à la poche arrière de son jean avant de se rappeler que son téléphone était dans sa veste qu’il avait jetée sur un fauteuil, à son arrivée. Il alla le chercher en priant le ciel que ce ne soit pas l’hôpital ou quoi que ce soit d’autre qui l’oblige à partir. Et puis merde, si c’était le cas, il ne décrocherait pas. Meredith n’avait pas le moral, elle l’avait appelé à la rescousse, il n’allait pas la laisser tomber. Son premier réflexe fut donc de lire le nom de son correspondant sur l’écran couleur de son BlackBerry. Il fronça les sourcils en reconnaissant le numéro du ranch de sa grand-mère. Vu l’heure tardive, si elle l’appelait maintenant, c’est qu’il y avait un problème sérieux. Allo ? Momsy ?

    Non, c'est Frances, sa dame de compagnie.

    Les minutes qui suivirent furent terriblement éprouvantes pour Mark. Sans dire un mot, il écouta Frances lui raconter que sa grand-mère avait fait un infarctus le matin même. Elle avait été conduite à l’hôpital mais une fois tirée d’affaire, elle avait signé une décharge pour rentrer chez elle, sans tenir compte de l’avis des médecins qui s’étaient montrés des plus pessimistes. Pour eux, si la vieille dame faisait l’objet d’une nouvelle attaque, l’issue serait sans aucun doute fatale. Et malheureusement, une nouvelle crise était plus que prévisible, elle était inévitable. Cette triste perspective n’avait en rien troublé la sérénité de l’autoritaire vieillarde. Elle était consciente des risques mais puisqu’elle était condamnée, elle préférait mourir chez elle. Cependant, si elle était prête à tirer sa révérence, elle ne voulait pas le faire sans avoir revu son petit-fils. Alors, conclut Frances, la voix chargée de sanglots, il ne devait pas trop tarder à lui rendre visite car il n’y avait plus aucune garantie concernant la santé de Momsy.

    Oui, bien sûr, ânonna Mark. Bien sûr, je vais venir. Je vais venir, répéta-t-il, hébété. Sa grand-mère, son repère, son roc que rien n'avait pu abattre jusqu'à présent, celle qu’il avait toujours crue immortelle tant elle lui semblait forte… elle allait partir, le quitter. Je vais venir le plus rapidement possible, promit-il. Il faut juste que je prenne mes dispositions. La clinique, vous comprenez ? Dites-lui, dites-lui… - sa gorge se serra - dites-lui que je l’aime et… qu’elle m’attende. Surtout qu’elle m’attende !

    Il avait à peine raccroché que Meredith faisait irruption dans le salon. Voilà, elle avait juste soif. Je lui ai donné à boire et je l'ai remise au lit, expliqua-t-elle. Etonnée par le silence de son ami qui lui tournait le dos, elle vint se placer à côté de lui. Elle constata alors qu'il pleurait, ce qui la stupéfia. Voilà une chose à laquelle on ne s'attendait pas du tout de la part du Dr Sloan. Mark, qu'est-ce que tu as ? Incapable de parler, il secoua la tête. Elle lui prit la main. Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu pleures ?

    Ma grand-mère… Il ne put en dire plus et ferma les yeux avant de désigner du menton le téléphone qu’il avait déposé sur la table.

    Elle t'a appelé ?

    Mark se racla légèrement la gorge. Non, sa dame de compagnie. Il serra fortement la main qui était dans la sienne et prit une grande inspiration. Elle voulait me prévenir que ma grand-mère a eu un infarctus ce matin. Ce n’est pas le premier et le prochain pourrait lui être fatal.

    Meredith l'entraina vers le canapé. Oh je suis désolée.

    Je dois aller la voir. Il faut que j’aille la voir. Je ne veux pas qu’elle s’en aille avant que… Cette perspective intolérable pour Mark, ainsi que la tension nerveuse qu’il accumulait depuis des jours maintenant, provoqua en lui un flot de sentiments. Désespoir, amour, colère… Tout cela, Momsy, Meredith, c’était trop d’émotions pour lui qui n’était pas vraiment habitué à en éprouver, du moins pas d’aussi fortes. Ses pleurs silencieux se transformèrent en de gros sanglots bruyants.

    Bouleversée par ce chagrin, Meredith sentit les larmes lui envahir les yeux. Ne pleure pas, supplia-t-elle. Je suis certaine que ça va s'arranger, dit-elle parce qu'elle ne savait que dire d'autre pour réconforter son ami.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Mardi 11 Décembre 2018 à 20:24

    La loi des séries ! Tatie Ellis qui pique sa crise, la grand-mère de Mark qui est au plus mal et Meredith qui est cocue. Ca annonce des lendemains bien sombres ! 

      • Nolcéline 97234
        Lundi 31 Décembre 2018 à 23:47

        Bonsoir à tous, oui c'est triste tout ça. Bonne nuit du 31 décembre à tous.

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