• CHAPITRE 825

    Derek éluda la question. Ou pas de cœur du tout. Il fit signe au barman de renouveler leurs consommations.

    Hum ! Ça, je n'y crois pas. Sinon, vous ne seriez pas médecin, affirma Madelina. Elle attendit une réaction qui ne vint pas. Vous n’aimez pas parlez de vous, n’est-ce pas ?

    Derek sourit encore. Effectivement. Vous êtes perspicace comme fille.

    Et vous, vous êtes assez facile à cerner, riposta Madelina.

    Derek la dévisagea avec étonnement. Vraiment ? Vous êtes bien la première qui me dit ça.

    Vous voulez que je vous le prouve ? lui demanda Madelina avec un air malicieux. Comme il lui donnait son accord par un hochement de tête, elle se lança. Comme je vous l’ai dit, je pense que vous détestez parler de vous. Vous êtes quelqu’un de plutôt secret et ombrageux aussi. Elle le scruta. Vous n’avez pas très bon caractère et on vous craint. Vous faites peur à beaucoup de monde.

    Pas à vous en tout cas ! s’exclama-t-il.

    Je vous avais prévenu ! Madelina fut heureuse de lui arracher le premier vrai sourire qu’il ait eu depuis qu’il l’avait rejointe.

    Et après ? Qu’avez-vous encore deviné à mon sujet ? C’était étrange. Derek n'avait pas espéré trouver un quelconque attrait à cette conversation qu’il avait entamée uniquement par intérêt, et pourtant c’était ce qui était en train de se produire.

    Vous êtes malheureux. Vous êtes amoureux et…  - Madelina hésita un instant avant de continuer, craignant d’aller trop loin – et ça ne marche pas très fort. Alors, vous êtes venu dans ce bar pour trouver quelqu’un qui vous aidera à oublier. Elle le vit qui se renfrognait en s’absorbant dans la contemplation de son verre vide. Je suis forte, hein ?

    Il la regarda et lui adressa un sourire triste. Pas mal ! Décidément, cette femme était pleine de surprises.

    Elle comprit qu’il ne lui en dirait pas plus et tenta une autre approche. Et vous croyez que ça va marcher ? Que coucher avec une inconnue vous permettra d’oublier cette personne ?

    Derek haussa les épaules avec un brin de désabusement. Disons que c’est un pari que je fais. Même si cette femme semblait à même de les comprendre, il n’avait aucune envie de s’étendre sur ses motivations. Il baissa à nouveau la tête vers son verre.

    Et vous pensez que je pourrais être celle-là ? Madelina sourit de voir l’étonnement dans les yeux de son compagnon. C’est bien pour ça que vous m’avez payé ce verre, non ?

    Ou tu as perdu la main ou elle est vraiment très maligne, pensa Derek. Dans tous les cas, elle t’a démasqué et inutile de jouer au plus fin. Et puis, elle mérite que tu sois honnête avec elle. Il décida de jouer franc jeu, pressentant que de toute façon, elle ne s’en offusquerait pas. Oui, c’est pour ça. Vous avez raison, vous êtes très forte.

    Merci. Madelina repensa à ce qu’il venait de lui dire et eut un petit rire mutin. En tout cas, on ne peut pas vous reprocher de ne pas être franc.

    Il fit une petite grimace. Non. On me reproche plutôt de l’être trop. Désolé si je vous ai choquée.

    Oh ne vous en faites pas pour moi ! le rassura Madelina avec un geste de la main. J’en ai entendu d’autres. Vous êtes plutôt soft dans le genre.

    Maintenant qu’il était découvert, Derek n’avait plus envie de perdre de temps et voulait en finir. Alors, c’est oui ?

    Madelina ne répondit pas tout de suite, réfléchissant à cette proposition que certaines auraient trouvée sordide mais qui ne la choquait aucunement. Pour commencer, l’homme était beau, très beau, comme on n’en voyait pas souvent. Si ses prouesses étaient proportionnelles à son physique, la nuit s’annonçait prometteuse. Mais plus que la beauté de Derek, ce qui remuait la jeune femme, c’était ce désespoir qui transparaissait dans son attitude et dans chacun de ses mots. Il éveillait chez elle quelque chose qui ressemblait étrangement à de la tendresse. Et puis, elle avait apprécié sa sincérité. Il ne lui avait pas sorti le grand jeu, pas promis monts et merveilles, pas menti. Il n’attendait rien d’autre d’elle qu’un moment sans lendemain à n'en pas douter. De toute façon, à trente-deux ans, il y avait bien longtemps qu’elle avait cessé de croire aux contes de fées. Elle espérait simplement passer un bon moment. Elle se tourna vers Derek et, après l’avoir à nouveau regardé droit dans les yeux, lui sourit, pleine d’assurance. Je suis prête à relever le défi.

    Derek fut soulagé de ne pas devoir insister plus que ça. L’affaire avait même été conclue beaucoup plus facilement que ce à quoi il s’attendait. Je vous offre encore une coupe ? proposa-t-il plus par correction que par réelle envie.

    Non, merci. Je préfère garder les idées claires, déclara Madelina sur un ton moqueur, en se levant de son tabouret. Tandis qu'elle s’éloignait, il régla la note de leurs consommations avant de la rejoindre à la sortie du bar, essayant de ne pas prêter attention au goût amer qui lui montait dans la gorge.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Lundi 3 Décembre 2018 à 20:18

    Bon ben je crois que c'est foutu, il va la faire, la connerie oops

    Le goût amer dans la gorge, il pourrait le faire disparaitre en rentrant chez lui ! Là je ne le comprends plus du tout 

      • Nolcéline 97234
        Lundi 31 Décembre 2018 à 21:49

        Bonsoir à tous moi non plus tu n'es pas la seule . C'est désolant tout ça arf. Bonne soirée de lundi à tous.

    2
    MdBailey
    Lundi 3 Décembre 2018 à 21:02

    elle est voyante l'autre ou quoi. Bon c'est mort de chez mort, ou alors il va avoir une révélation avant. Bon j'aimerais vraiment savoir ce qu'il l'empeche tant d'etre heureux. Il se fait du mal tout seul.

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