• CHAPITRE 44

    Contrairement à beaucoup de ses semblables, Derek ne détestait pas les embouteillages. Chaque matin, seul dans sa voiture, roulant au pas, il laissait ses pensées dériver. Il réfléchissait au travail qui l’attendait et il se préparait aux interventions qu’il allait devoir pratiquer. Il répétait mentalement les gestes qui allaient lui permettre de sauver des vies. La neurochirurgie, il adorait ça. C’était son seul amour, sa seule passion. Il profitait également de ce moment d’inactivité forcée pour faire le bilan de la veille. Et aujourd’hui, ce dernier était excellent. Derek ne put s’empêcher de sourire au souvenir des évènements.

    La journée avait mal commencé. Il avait dû supporter l’ironie de Mark qui, après lui avoir annoncé, avec un sourire triomphant, qu’il avait réussi à décrocher un rendez-vous pour le soir même avec Izzie, l’avait nargué toute la journée, détaillant sans vergogne tous les projets qu’il formait pour amener la jolie blonde dans son lit. Le meilleur restaurant de la ville, des fleurs, un piano-bar, une promenade nocturne aux abords du Golden Gate Bridge, autant de clichés destinés à éblouir la petite provinciale. Mais l’heure de la vengeance avait sonné pour Derek en fin de journée lorsqu’Izzie avait appelé Mark pour annuler le dîner. Un empêchement de dernière minute, une obligation en rapport avec la boutique, avait-elle dit sans donner trop d’explications. La morgue du plasticien avait fondu comme neige au soleil et il n’avait que peu apprécié les commentaires moqueurs de son ami. Il s’était juré d’arriver à ses fins, quelle que soit l’énergie qu’il devrait y mettre. La blonde de Crestwood ouvrirait ses cuisses pour lui, foi de Mark Sloan.

    Après avoir passé presque deux heures dans le trafic, Derek entra enfin dans Marina Boulevard. Machinalement, il tourna la tête vers la boutique et aperçut, devant l’échoppe d’Alex, Meredith face à un inconnu qui semblait très énervé, voire même menaçant. Il arrêta sa voiture en double file, avec la ferme intention de calmer l’énergumène.

    Quand on se mêle de vendre des magazines, s’époumonait l’homme, le moins qu’on puisse faire, c’est de renseigner le client.

    Mais puisque je vous dis que je n’y connais rien, répondit Meredith, au bord des larmes. Je ne fais que remplacer temporairement le vendeur.

    L’homme jeta les yeux au ciel. Ce n’est pas compliqué, tout de même, ce que je demande. Je cherche un magazine de porno hard, avec du SM si possible

    Je ne sais même pas ce que c’est, se lamenta intérieurement la jeune fille. Elle aperçut Derek qui s’approchait et elle faillit se mettre à pleurer de dépit. Pourquoi fallait-il qu’il débarque toujours quand elle était complètement ridicule ? Rouge de honte, elle se tourna vers les présentoirs et chercha du regard ce qui pourrait satisfaire le pervers. C’est avec soulagement qu’elle repéra un nom qu’elle connaissait. Elle prit le magazine et le tendit avec un sourire crispé au client. Voilà ! C’est le seul que je connais… enfin de nom, précisa-t-elle aussitôt, gênée que les deux hommes, Derek surtout, puissent penser qu’elle était une lectrice de ce genre de publication.

    L’homme regarda la couverture avec un air moqueur. Oh Penthouse ! Mais c’est qu’elle est gentille, la fifille ! Il changea de tonet devint nettement plus agressif. Mais tu te fous de ma gueule ! T’as rien de plus hard ? Le Disney Magazine par exemple. Il lui jeta le magazine à la figure. Hustler, Penthouse, je lis ça depuis que je suis gamin. Ce que je veux, c’est autre chose de plus hard, pas juste du cul et des nichons. Pfft ! Mais qu’est-ce qui m’a foutu une connasse pareille ? dit l’homme en prenant à témoin Derek qu’il venait de remarquer. Il prit Meredith par le bras sans ménagement. Tire-toi, je vais regarder moi-même. Il allait pousser la jeune fille sur le côté quand il se sentit violemment projeté en arrière.

    Derek saisit l’homme au collet et le poussa contre le meuble sur lequel était placée la caisse enregistreuse. Si jamais vous la touchez encore, espère de connard, je me ferai un plaisir de vous mettre mon poing sur la gueule.

    Ho là ! Du calme ! couina le client. On peut parler sans s’énerver, non ?  

    Moi, je n’ai rien à vous dire, répliqua le chirurgien. Tout en surveillant le bonhomme du coin de l’œil, il prit tous les magazines pornographiques qu’il trouva. Voilà, dit-il en les jetant sur le comptoir. C’est cadeau. Et maintenant, dégagez ! Je vous ai assez vu, abruti. Le client partit sans demander son reste, trop content du présent qui venait de lui être fait. Derek se tourna vers Meredith, encore rouge d’émotion. Ça va, vous ?

    Les jambes flageolantes, Meredith s’adossa au mur. Ça va. Elle évita de croiser le regard de Derek qui était très certainement railleur et reprit sa place sur son tabouret, la tête haute. Comment peut-on se mettre dans un état pareil pour un magazine porno ? Je ne comprends pas comment les hommes peuvent apprécier autant ce genre de torchons.

    Derek vint se mettre devant elle. Tous les hommes ne sont pas comme celui-là, vous savez. La plupart sont même beaucoup plus civilisés. Il plia légèrement des genoux pour que leurs visages soient à la même hauteur. Regardez, moi par exemple ! dit-il pour la faire sourire. Mais elle resta sérieuse, manifestement encore bouleversée. Il en eut pitié. Meredith… si vous voulez vivre ici, il va falloir vous endurcir. Vous êtes trop sensible à tout ce que les gens peuvent dire ou faire. Vous allez vous faire bouffer toute crue… et je ne serai pas toujours là pour venir à votre secours.


  • Commentaires

    1
    Camille-flow
    Mercredi 16 Avril 2014 à 21:37

    Ou alors il peut être toujours là ! Je trouve cette solution plutôt pas mal yes

    2
    etoile26
    Mercredi 16 Avril 2014 à 21:58

    Il est déjà la cette fois si c'est déjà pas mal happy

    3
    van
    Mercredi 16 Avril 2014 à 22:14

    Je suis morte de rire en imaginant la scène! Le gros lourdot qui veut absolument son magazine hard et s' enerve en 2 seconde quand il a pas ce qu' il veut!

    Meredith me fait penser à un petit oiseau qui s' est égaré, Derek a raison elle va se faire bouffer!

     

    4
    Béné
    Mercredi 16 Avril 2014 à 23:06

    Oh, mais dis donc, une suite où Derek est charmant, attentionné et gentil! Trop bien! On est sur la bonne voie! yes

    5
    Nolcéline 97234
    Mercredi 16 Avril 2014 à 23:34

    Bonsoir à tous, oui espérons- le  Bénésmile merci pour cette suite et bonne nuit à tous.

    6
    sammy
    Jeudi 17 Avril 2014 à 00:07

    En tout cas quand Meredith a des problèmes, Derek est toujours là et c'est très bien. S'il se foutait de la gueule de Meredith, il ne se serait jamais arrêté et c'est là toute la différence. Apparemment, Il apprécie Meredith et ce serait bien qu'il l'aide pour qu'elle ne se fasse pas bouffer toute crue !!!

    7
    Valerie
    Jeudi 17 Avril 2014 à 12:58

    C'est vrai qu'en ne lisant que cette suite, on pourrait penser que Derek est un type bien...peut-être l'est-il finalement ? oops

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