N’osant plus protester, Meredith s’installa dans le fauteuil. Comme il le lui avait promis, Derek poussa ce dernier pour entrer dans la clinique. Toutes les personnes qu’ils croisèrent le saluèrent avec circonspection. Meredith en déduisit qu’ils le craignaient tout comme elle nota qu’il ne prenait pas la peine de leur répondre. Arrivé devant l’ascenseur, il l’appela en appuyant à plusieurs reprises sur le bouton. A nouveau, il ignora totalement les gens qui en sortaient. Ils s’arrêtèrent au premier étage. Derek suivit les couloirs sans prêter attention aux regards abasourdis que se posaient sur lui. Meredith comprit que les gens étaient étonnés de le voir pousser son fauteuil. Elle se demanda quelle était son statut dans cette clinique. Compte tenu de la déférence avec laquelle on le saluait, elle conclut qu’il occupait une fonction importante. Sans doute était-il le grand patron.

Derek allait faire entrer Meredith dans une salle d’examen lorsqu’une jeune femme surgit. Bonjour Dr Shepherd. Je vais m’occuper de votre patiente. Ce n’est pas à vous de faire des examens de routine. L’espace d’une seconde, Il fut tenté d’accepter. Mais la perspective d’obtenir des informations sur la pin-up de la boutique valait bien qu’il effectue quelques basses besognes. Il regarda froidement l’interne. De quoi vous mêlez-vous ? Mademoiselle est une patiente privilégiée. Si j’avais besoin de votre aide, je vous l’aurais demandée. Il poussa le fauteuil dans la pièce et claqua la porte au nez de l’infirmière. Meredith se demanda en quoi elle pouvait être une patiente privilégiée. Il était vraisemblable qu’il se moquait d’elle. Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle s’était totalement ridiculisée en dégringolant de son échelle. Même dans ses rêves les plus fous, elle n’aurait jamais osé espérer rencontrer son bel inconnu. Pourquoi avait-il fallu que cela se fasse dans de telles circonstances ? Pourquoi la chance ne pouvait-elle être de son côté pour une fois ? Sans s’en rendre compte, elle émit un gémissement plaintif. Derek se méprit sur la signification de ce dernier. Ça ne va pas, Mademoiselle ? Vous souffrez ?

Non, non, ça va. Sous la pression du regard pénétrant du médecin, elle se sentit obligée de s’expliquer. C’est juste que… c’est tellement idiot d’être tombée comme ça. En plus, vous devez avoir des choses beaucoup plus importantes à faire que de vous occuper de moi. Vous savez, je peux voir quelqu’un d’autre. Elle aurait donné n’importe quoi pour qu’il s’en aille et qu’elle ne ressente plus ce sentiment de honte qui la tenaillait.

Il n’en est pas question, répliqua Derek. Vous êtes ma patiente. Je vais m’occuper de vous et après, vous pourrez vous vanter d’avoir été soignée par le meilleur médecin de la ville. Meredith ne remarqua pas ce que ce discours avait de prétentieux.

Derek l’aida à s’installer sur la table d’examen. Pendant qu’il se lavait soigneusement les mains, la jeune fille regarda autour d’elle avec appréhension. L’odeur qui flottait dans l’air ainsi que la vision de certains instruments raviva de vieux souvenirs, celle d’une chute de vélo, dix ans plus tôt, qui avait nécessité des points de suture et surtout une injection de produit anesthésiant. Légèrement tremblante, elle regarda Derek préparer son matériel. Vous êtes sûr d’avoir besoin de tout ça ? lui demanda-t-elle.

Bien sûr. Je sais ce que je fais, vous savez, ajouta Derek en souriant. Je ne suis pas trop mauvais dans mon domaine. Ne me dites pas que vous avez peur d’aller chez le docteur ? Vous êtes une grande fille, voyons. Il revint vers elle et constata qu’elle n’avait pas bougé d’un pouce. Je ne sais pas comment ça se passe dans le Kentucky, mais ici, quand on consulte un médecin, il faut se déshabiller un minimum. Enlevez votre tee-shirt au moins. Elle enleva son haut en rougissant. Décidément, la demoiselle est pleine de surprises, pensa Derek, en voyant apparaître sa poitrine gainée de dentelle blanche. Elle avait de très beaux seins et Dieu sait qu’il s’y connaissait. Il se demanda pourquoi elle éprouvait le besoin de camoufler un physique somme toute avantageux sous des vêtements informes. Si elle mettait un peu plus son corps en valeur, cela détournerait l’attention de son visage qui, lui, était plus que banal. Mais les yeux étaient fort beaux, Derek devait le reconnaître. Il fut tiré de ses pensées par la voix de sa patiente.

Comment savez-vous que je viens du Kentucky ?

Derek réalisa qu’il venait de commettre une gaffe en faisant état de ce détail qui lui avait été révélé par Alex. Ce sont vos amis qui nous l’ont dit, tout à l’heure, pendant que vous étiez évanouie, mentit-il pour rattraper le coup. Bon, je vais procéder à un rapide examen. En fonction de ce que je décèlerai, vous devrez peut-être passer un scanner.

Meredith écarquilla les yeux. Un scanner parce que j’ai le vertige ? C’est ridicule !

Laissez-moi en juger par moi-même. Derek vit un éclair de panique traverser le regard de la jeune fille. N’ayez crainte, vous êtes vraiment entre de bonnes mains. Et puis, ce n’est qu’un examen, pas une intervention chirurgicale. Il commença par une palpation des membres, bras et jambes, pour vérifier qu’il n’y avait ni fracture ni autre dommage. Meredith fut troublée par la douceur des mains qui se promenaient sur son corps. C’était comme des caresses. Cet examen médical était vraiment particulier. Rien qui ressemble en tout cas à ceux que lui faisait subir le vieux docteur Adams à Crestwood. Elle sentit le rouge lui monter au front lorsque Derek effleura sa poitrine. Elle ne put s’empêcher de se demander quel rapport avait l’examen de ses seins avec sa chute. Elle ne pouvait pas deviner que Derek le faisait exprès, juste pour le plaisir d’apprécier la tenue de sa poitrine.