• CHAPITRE 1196

    Qu’elle était très belle et vraiment brillante, qu’elle était malade, je veux dire, qu’elle avait des troubles mentaux, qu’elle vous aimait passionnément et qu’elle a beaucoup souffert de vos infidélités, mais qu’elle vous trouvait quand même toutes les excuses, qu’elle n’a pas supporté que vous la quittiez pour Abigail et qu’elle s’est suicidée, énuméra Meredith sans presque reprendre son souffle.

    Christopher ne releva que le premier point. Oh elle était bien plus que belle ! Attendez, je vais vous montrer.

    A la grande surprise de Meredith, il bondit de son fauteuil pour aller prendre un cadre sur un meuble. Quand il le lui tendit, elle constata qu’il s’agissait d’une photo de mariage. La mariée, ravissante et le visage irradiant de bonheur, couvait d’un regard amoureux son mari, tout aussi rayonnant qu’elle. S’agissait-il de l’expression d’un amoureux comblé ou d’un arriviste parvenu à ses fins ? Impossible à dire. C’est vrai, elle était vraiment très belle, commenta Meredith en constatant que Derek ressemblait aussi beaucoup à son père, le même nez, le même sourire et les mêmes yeux bleus perçants. Elle comprenait mieux désormais comment cet homme avait été un tel séducteur.

    Et encore ! Les photos ne lui rendent pas pleinement justice. Christopher se rassit. Elle était tellement belle que c’en était presque irréel. Je suis tombé amoureux d’elle au premier regard.

    Meredith ne savait que penser. Cela ne correspondait pas du tout à ce que Derek lui avait raconté. Est-ce que cet homme travestissait la vérité pour se donner le beau rôle, était-ce la tumeur qui embellissait ses souvenirs ou bien Derek ne connaissait-il pas toute l’histoire de ses parents ? Derek est persuadé que vous avez épousé sa mère seulement par intérêt, lâcha-t-elle.

    Christopher hocha la tête. Oui. C’est que la famille de sa mère lui a mis en tête mais c’est faux. Je n’ai pas épousé Carolyn pour son argent ou pour profiter de l’influence de son père dans ma carrière. Ce vieux salopard ne m’aimait pas et il ne s’en est jamais caché. Il a fait tout ce qu’il a pu pour me mettre des bâtons dans les roues, autant auprès de sa fille que dans ma carrière. Et il m’avait prévenu dès le début que je ne verrais jamais la couleur de son argent et il a tenu sa promesse. Il est même allé jusqu’à déshériter sa fille au profit de son petit-fils, c’est vous dire. Il aurait mieux valu que je prenne à mes jambes à mon cou et que je parte le plus loin possible de cette famille. Mais que voulez-vous, j’étais amoureux. Follement amoureux. Et cela va sans doute vous surprendre mais je n’ai jamais cessé de l’aimer.

    Meredith ne put s’empêcher de faire une moue dubitative. Pourquoi l’avoir autant trompée alors ?

    Le père de Derek haussa les épaules. Pourquoi se conduit-on comme un imbécile ? Sans doute parce qu’on en est un. Si je pouvais revenir en arrière, je ferais les choses différemment, bien sûr. Mais à l’époque, je n’ai pas pu – il se corrigea aussitôt – je n’ai pas voulu résister aux tentations que la vie mettait sur mon chemin. Et il y avait la maladie de ma femme. Ça a énormément compliqué notre relation. Disons que j’ai cherché des dérivatifs dans d’autres bras.

    Il y a une chose que je ne comprends pas. Son père était médecin, vous aussi. Pourquoi ni vous, ni lui n’avez rien fait pour la soigner ? demanda Meredith, les sourcils légèrement froncés.

    Mais je l’ai fait ! protesta Christopher. J’ai essayé du moins. Au grand dam de mon beau-père qui n’a jamais voulu admettre que sa fille avait une maladie mentale. Pour lui, elle était simplement fantasque, excentrique. Elle a une âme d’artiste, me disait-il. Elle ne peut pas être comme nous. Mais cela allait bien au-delà de l’excentricité artistique. Alors, je l’ai emmenée chez un spécialiste qui lui a prescrit un traitement médicamenteux. Mais elle a très vite arrêté de le prendre. Elle ne supportait pas l’état dans lequel cela la mettait. C’était trop lisse. Elle avait besoin de ressentir les choses intensément. Vous savez, quand vous êtes le seul à vous battre, il y a un moment où vous laissez tomber les bras. J’aurais dû insister mais je ne l’ai pas fait. Encore une chose que j’ai mal géré, jugea-t-il.

    Il semblait tout à fait disposé à évoquer ses souvenirs et à faire certaines confessions et donc, Meredith en profita pour en apprendre plus. Pourquoi avez-vous exigé que votre femme ne s’occupe plus de Derek ? Il pense que c’est parce que vous étiez jaloux de l’attention qu’elle lui portait.

    J’imagine sans peine le portrait qu’il vous a fait de moi, dit Christopher avec un demi sourire. Et je suppose qu’il n’a pas tort sur tous les points. Toutefois, concernant sa mère, les choses sont loin d’être aussi simples. Il s’interrompit un instant pour regarder Meredith avec une expression qui lui sembla bienveillante. Vous ne voulez toujours rien boire ? Elle répondit par un signe de dénégation. Si vous le permettez, moi, je vais me faire un thé. Il sortit de la pièce. Restée seule, Meredith prit son temps pour regarder autour d’elle. La pièce était vraiment immense et richement meublée, avec des miroirs, des tableaux et une profusion de fauteuils et de chaises dans tous les coins de la pièce, ce qui donnait l’impression qu’on se trouvait dans un musée plutôt que dans une maison de famille. L’effet était renforcé par le fait qu’il n’y avait pas la moindre trace de désordre, comme dans tous les endroits où on ne vit pas vraiment. Par une des portes-fenêtres, Meredith aperçut une terrasse et elle se demanda si c’était là que la mère de Derek était morte. L’idée la fit frissonner. Pour écarter cette pensée négative, elle se concentra sur Christopher Shepherd. L’homme était très poli et beaucoup plus aimable que ce que à quoi elle s’attendait en sonnant à sa porte. Mais justement, il était tellement différent de l’homme dont Derek lui avait parlé qu’elle continuait de se méfier de lui. Il était hors de question qu’elle prenne pour argent comptant tout ce qu’il lui racontait. Le mieux qu’elle pouvait faire, c’était de lui laisser le bénéfice du doute.


  • Commentaires

    1
    Valerie
    Mardi 29 Septembre 2020 à 09:48

    Mouais, et bien je ne sais plus trop quoi penser de Christopher Shepherd ouch

    Il est presque charmant, il reconnait ses erreurs passées, il semble sincère lorsqu'il évoque l'amour qu'il éprouvait pour sa femme, mais tout comme Meredith, je reste méfiante.....

    2
    olympique lyonnais
    Mardi 29 Septembre 2020 à 17:52

    moi j ai des doutes sur sa sincérité, je pense qu il a aime sa femme mais sur Derek non il est dit presque que c est Derek le fautif de tout.bad

    3
    Butterfly
    Jeudi 1er Octobre 2020 à 14:26

    C'est difficile de se prononcer, peut-être que Derek n'avait pas connaissance de tous les éléments du mariage de ses parents, Il a vu les choses de son point de vue d'enfant, et il adorait sa mère, peut-être qu'il n'a pas été tout à fait partial, C'est évident que son père était un sale type mais il n'avait peut-être pas tous les torts dans tous les domaines. Mais au lieu de se conduire comme il l'a fait, il aurait dû divorcer s'il n'était plus heureux dans son mariage

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