• CHAPITRE 1158

    Même si elle essayait de se concentrer sur son émission culinaire préférée, Anne était sans cesse distraite par sa fille qui n’arrêtait pas de regarder son téléphone pour vérifier qu'elle n'avait pas reçu de message. Quand Meredith reprit l’appareil pour la centième fois au moins depuis le début de la soirée, sa mère n’y tint plus. Arrête de regarder ce téléphone sans arrêt, lui dit-elle sèchement, agacée par son obsession. De toute façon, si tu reçois un message, tu l'entendras.

    Excuse-moi d'être inquiète pour mon copain ! répliqua Meredith. Ne pas savoir avec certitude qui était l’inconnu de la cafétéria et ignorer ce qui s'était passé après qu'elle ait quitté Derek la minait et plus le temps passait, moins elle arrivait à gérer son angoisse. Si tu l'avais vu comme je l'ai vu, tu serais stressée aussi, ajouta-t-elle sur un ton un peu agressif.

    Ce n'est pas en regardant ton téléphone toutes les deux secondes que ça va changer quoi que ce soit, ni pour lui, ni pour toi, riposta Anne.

    Meredith souffla bruyamment. Ça, je sais ! Je voudrais juste avoir des nouvelles. Il avait dit qu'il m'en donnerait, et Mark aussi. Ça fait presque huit heures que j'ai quitté la clinique et toujours rien, se lamenta-t-elle. Huit heures pendant lesquelles elle avait attendu un appel, un message, en vain. Elle avait aussi essayé à maintes reprises de joindre les deux chirurgiens, sans plus de succès, puisqu’elle était tombée à chaque fois sur leur messagerie. Les messages vocaux qu’elle y avait laissés étaient restés sans réponse. De quoi devenir folle ! Il avait fallu toute l’insistance de sa mère pour qu’elle renonce à téléphoner à la clinique afin de s’informer. Si j'avais su, je serais restée sur place, poursuivit-elle. Là-bas au moins, j'aurais pu essayer d'avoir des infos.

    Ce n’est pas parce qu’ils ne t’ont pas appelée qu’il faut imaginer le pire, estima Anne. A mon avis, c’est même le contraire. Et Derek t'avait prévenue qu'il serait fort occupé. Il est sûrement en train d’opérer. Et son ami aussi. Ils ne vont pas perdre de temps à t’appeler s’il n’y a rien à dire. Parce que si ça se trouve, cet homme est juste un patient tout à fait banal qui n’a aucun lien personnel avec Derek. 

    Meredith secoua la tête. Si ça avait été le cas, Derek ne se serait pas comporté comme il l'a fait. Non, je suis certaine que c'est son père. Plus j'y pense, plus j'en suis sûre. Il y avait comme un air de ressemblance. Dans le regard, précisa-t-elle. Ce regard dur et froid, je l'ai déjà vu chez Derek. Et son attitude n'était pas du tout normale. J'ai senti que c'était vraiment urgent pour lui que je m'en aille. C'était comme s'il paniquait de me voir dans la même pièce que ce type.

    Anne décida de répéter les arguments qu'elle avait déjà utilisés dans le courant de l’après-midi pour essayer de rassurer sa fille. Si cet homme est son père, sa visite peut être quelque chose de positif. Peut-être qu'il veut faire amende honorable et renouer le contact avec son fils. Et si ce n'est pas le cas, que veux-tu qu'il se passe ? Au pire, ils se seront disputés et Derek l'aura fait jeter hors de la clinique. Il ne se sont pas entretués tout de même.

    Evidemment que non ! Meredith fronça légèrement les sourcils. Du moins, je l’espère. Derek déteste son père, tu n’imagines même pas à quel point. Il le rend responsable de tout ce qu’il y a eu de moche dans sa vie.

    Anne fit une légère moue dubitative. D’après ce que tu m’as raconté, sa mère avait sa part de responsabilité aussi. Elle n’était pas obligée de faire tout ce que son mari lui ordonnait. Dieu sait si j’ai aimé ton père mais jamais je ne t’aurais abandonnée pour lui. Au contraire, s’il m’avait demandé de faire une telle chose, je l’aurais immédiatement quitté.

    Meredith soupira. Tu as raison. Mais c’est quelque chose que Derek n’est pas encore prêt à entendre. Pour lui, sa mère n’est qu’une victime et d’une certaine façon, c’est vrai puisqu’elle avait des problèmes mentaux. Et il faut reconnaitre que son père est vraiment un sale type. Quel genre d’homme pique la petite amie de son fils ? Et voilà qu'il resurgit au moment même où Derek commence à se remettre de toute cette histoire ! déplora-t-elle.

    Ce n'est plus un petit garçon, Meredith. Je suis certaine qu'il saura faire la part des choses maintenant. Et puis, il t'a, toi. Ça devrait lui permettre de relativiser toutes ces vieilles histoires. Si ce n'est pas le cas, alors… Anne termina par un silence plein de sous-entendus.

    Alors quoi ? Il faudrait que je le quitte, c'est ça ? aboya Meredith.

    Ce n'est pas ce que j'ai dit.

    Tu ne l’as pas dit mais c’est ce que tu penses !

    Ce que je pense, c'est que tu ne vas pas avoir une vie très heureuse si l’homme avec qui tu vis reste bloqué sur son passé, asséna Anne.

    Mais il n’est pas bloqué sur son passé ! rétorqua Meredith en levant les yeux au ciel. Il ne l’est plus depuis qu’il m’en a parlé. Et tout se passe très bien entre nous depuis qu’on s’est remis ensemble. Bien qu’elle sache que cela ne servait à rien, elle vérifia à nouveau son téléphone. Si seulement je savais pourquoi son père est venu le voir ! Ce n'était pas une simple visite de politesse. Il est venu pour lui donner quelque chose, un dossier ou quelque chose comme ça. Peut-être que ça concerne ses sœurs.

    Arrête de faire des suppositions, lui conseilla sa mère. Ça ne sert à rien sauf à t’angoisser un peu plus. Il vaut mieux attendre que Derek t’explique.


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