• CHAPITRE 1090

    Légèrement rassuré, Derek regarda Meredith avec un air penaud. Excuse-moi. Tu as raison, je ne devrais pas réagir comme ça. C’est juste que… je comprends que tu aies envie de passer du temps avec ta mère mais j’avais pensé que tu la verrais en journée pendant que je travaille et qu’après, tu passerais tes soirées à la péniche avec moi. Elle lui avait tellement manqué durant leur séparation que maintenant, il ne supportait plus l’idée de rester loin d’elle plus de quelques heures.

    Bien sûr que je passerai encore des soirées avec toi, promit-elle. Mais je veux le faire de temps en temps avec elle aussi, tu comprends ? Derek hocha la tête sans enthousiasme. Elle ne restera pas indéfiniment à San Francisco, en plus, argumenta Meredith. Et puis, il faut que je lui parle de toi et de notre histoire pour qu'elle sache que tu es l'homme qu'il me faut.

    Derek parut dubitatif. Je ne suis pas sûr que lui donner des détails sur notre histoire est la chose à faire pour qu'elle change d'avis à mon sujet. Avec toutes les conneries que j'ai faites…

    On n'a pas eu que des mauvais moments tout de même. Et je sais ce qu'il faut lui dire, fais-moi confiance. Et quand je serai à la maison, j’en profiterai pour réviser le S.A.T. Parce qu’avec toi, ça ne va pas être possible. Meredith remit devant son petit ami la barquette qu’il avait repoussée quelques minutes plus tôt.

    Il la regarda d’un air offusqué. Mais si, bien sûr ! Pourquoi ça ne le serait pas ? Il donna un coup de fourchette agressif dans le poulet avant de le mettre en bouche et de le mastiquer avec énergie.

    Heureuse de voir qu’il ne boudait plus, Meredith sourit. Parce que je te connais trop bien. Je sais que tu vas prendre n'importe quel prétexte pour faire autre chose.

    C’est faux ! J’ai dit que je t’aiderais et je le ferai. On peut commencer ce soir d’ailleurs, si tu veux. Derek la toisa comme s’il la défiait.

    Ce soir, je cuisine, lui rappela-t-elle. D’ailleurs, à ce propos, tu as tout ce qu’il faut ? Ne comprenant pas ce qu’elle entendait par-là, Derek fronça les sourcils. Casseroles, poêles, ustensiles de cuisine, énuméra-t-elle d’un ton moqueur. Tu vois de quoi je veux parler ?

    Ben, oui, j’suis pas idiot, grogna Derek. J’ai quelques trucs mais pas des tonnes. Une casserole, une poêle, le basique, quoi.

    On va peut-être devoir compléter.

    Tu veux me sortir le grand jeu ? ironisa-t-il.

    Meredith allait riposter quand son sac, qu’elle avait fait pendre sur le dossier de sa chaise, se mit à sonner. Oh mon téléphone ! Elle se dépêcha de prendre ce dernier. Ah c’est Maman, justement. Elle jeta un regard noir à son compagnon qui grimaçait, avant de décrocher. Allo, Maman ? … Mais oui, je vais bien. Qu’est-ce tu voulais qui m’arrive ? … Bien sûr que je suis avec lui. Elle sourit amoureusement à celui dont elle parlait avant de se rembrunir légèrement. Non, ce n’est pas lui qui l’a eu. … Oui, je sais, c’est honteux. Il le méritait tellement. … Oui, oui, on s’est bien amusé quand même. De toute façon il l’aura un jour ou l’autre, c’est obligé. C'est le meilleur. Derek sourit à son tour. Il ne pouvait nier qu’il adorait le comportement de fan que la jeune fille avait adopté envers lui. Cela lui donnait l’impression, ô combien agréable, d’être une rock star. Pour lui qui, enfant, avait tellement souffert du peu de considération que ses parents avaient pour lui, une telle attitude était rassurante. Oui, ne t’inquiète pas, poursuivait Meredith. Je rentre demain et je te consacre ma journée. J’ai des tas de trucs à te raconter. OK… OK… D’accord… A demain… D’accord, je lui dis… Moi aussi, je t’embrasse. Bisous Maman. Elle raccrocha. Maman te dit bonjour et aussi qu’elle regrette que tu n’aies pas reçu le prix. Elle espère que ce n'est que partie remise.

    Super, grommela Derek. Quoi ? s’écria-t-il en croisant le regard désapprobateur de sa petite amie. Elle me déteste, je le sais.

    C’est faux ! Elle ne te déteste pas. Seulement, elle se méfie. Avec tout ce qu’Izzie et Cristina lui ont dit… Voilà pourquoi aussi il faut que je passe du temps avec elle, pour rétablir la vérité, ajouta Meredith avec conviction, pour le convaincre que son retour auprès de sa mère était justifié.

    Il se montra plus que sceptique. Ça ne servira à rien. Pour elle, je serai toujours le vieux débauché qui a perverti sa fille. Si elle a cru les deux cinglées, c’est parce qu’elles lui ont dit ce qu’elle avait envie d’entendre, conclut-il avec un air défaitiste.

    Alors, dans ce cas, pourquoi les a-t-elle jetées dehors ? demanda-t-elle avec l’air important que prennent ceux qui en savent plus que les autres. Parce que je te rappelle qu'elle les a mises à la porte justement parce qu’elles lui ont dit ce qu’elle n’avait pas envie d’entendre – elle se tut un instant pour savourer l’avantage qu’elle venait de prendre – et surtout parce qu’elle sait qu’il y a des choses que je serais incapable de faire. Elle tendit la main au-dessus de la table et la posa sur celle de son amant. Tu n’es sans doute pas le genre d’homme qu’elle voulait pour moi mais comme je t’aime, elle est prête à te donner ta chance. Alors, ce serait bien que tu fasses la même chose pour elle.

    Il la regarda amoureusement. D’accord. Tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi. Et puis, tu as raison, je lui dois bien ça puisqu'elle nous a débarrassés des deux harpies. Elle rit doucement, heureuse d’avoir encore remporté une victoire, aussi minime soit-elle. Lui, rassuré que l’orage n’ait été finalement qu’une petite averse passagère, recommença à manger. Si tu veux, après, on peut aller au Walmart pour compléter ma super batterie de cuisine, lui proposa-t-il avec un sourire légèrement moqueur. Et ensuite, on pourrait passer chez toi. Comme ça, tu pourrais prendre de quoi réviser ce soir. Et moi, je pourrais dire bonjour à ta mère de vive voix. Elle lui décocha un sourire éblouissant et il sut que pour un autre de ces sourires, il était prêt à affronter le diable en personne.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :