• CHAPITRE 1083

    Oh non, non, s’empressa de répondre Meredith. Pas du tout. C’est romantique et j’adore ça. C’est juste que je ne pensais pas que c’était ton genre. Elle essuya du bout du doigt une larme qui avait débordé.

    Le sourire de Derek fut désarmant de candeur. Il faut savoir garder un peu de mystère dans un couple. Je n’allais pas te dévoiler tous mes talents en même temps.

    Petit cachottier, murmura Meredith. Elle se rapprocha de lui pour l’embrasser. Leurs lèvres se tendirent les unes vers les autres et se frôlèrent avant de s’écarter, pour se retrouver encore une fois, puis une deuxième et une troisième, qui se transformèrent en une multitude de bécots.  

    Il n’y a pas que toi qui as le droit de faire des cachotteries, déclara Derek d'une voix douce lorsque leurs bouches se détachèrent

    Surprise, Meredith écarquilla les yeux. Des cachotteries, moi ?

    Ton truc des services sociaux, tu ne m’en avais pas parlé.

    Le regard de la jeune fille ne fut plus que désolation. Tu m’en veux ?

    Derek secoua la tête. Non, bien sûr que non, pas du tout. C’est seulement que je trouve ça un peu…

    Insensé ? demanda Meredith en le regardant droit dans les yeux.

    Etonnant, la corrigea-t-il. J’en étais resté à la petite amie psychologue dans un cabinet et tout à coup, je me retrouve avec une avocate qui bosse pour les services sociaux. Note que je n’ai rien contre, ajouta-t-il en souriant. Je voudrais juste comprendre ce qui t’a fait changer d’avis.

    Mais je n'ai pas changé d'avis, objecta Meredith. Je veux encore étudier la psychologie mais je me dis que si je fais du droit aussi, j’aurai plus de compétences et je pourrai aider plus d'enfants, les plus malheureux, et trouver les meilleures solutions pour qu'ils puissent s'en sortir le mieux possible, et avoir droit à une belle vie eux aussi.

    C’est très ambitieux comme programme, nota Derek.

    Tu ne m’en crois pas capable ?

    Ah je n’ai pas dit ça. Mais psychologie et droit, ce sont deux choses très différentes, fit-il remarquer. Étudier les deux en même temps, ça me semble compliqué. Et séparément, ça va te faire un paquet d’années sur les bancs de la fac.

    Meredith soupira. Oui, je sais. Mais bon, il n’y a encore rien de concret. Ce sont juste des idées, des envies que j’ai mais je ne sais pas encore précisément ce que je vais faire.

    Derek lui adressa un sourire encourageant. Oui, tu as encore le temps avant de prendre une décision. Il lui prit une main pour y poser un baiser. Dis-moi, tout à l’heure, pendant le diner, tu as dit que ton envie de faire du droit datait du lycée. Pourquoi avoir opté pour la psychologie ensuite ? 

    En fait, j’ai réfléchi et j’ai réalisé qu’un avocat n’intervient que dans certains cas, les plus graves, et toujours en fin de course. Tu es enfermé dans un bureau, tu travailles sur des dossiers que d’autres ont montés à leur façon, peut-être en déformant les faits, lui expliqua Meredith. Tu ne vois pas les choses telles qu’elles sont et tu peux être amené à prendre les mauvaises décisions. La grimace qu’elle fit exprima ses réticences. Ce n’est comme ça que j’ai envie de travailler. Moi, je veux être sur le terrain, voir de mes propres yeux ce qui se passe pour ces enfants, les rencontrer, leur parler, les aider pratiquement et leur donner les moyens de s’en sortir. Voilà ce que je veux ! La fièvre avec laquelle elle avait dit les derniers mots retomba aussitôt. Alors, qu’est-ce que tu en penses ? demanda-t-elle timidement, avec même un peu d’appréhension.

    Derek la regarda avec fierté. Je pense que, avocate ou psychologue, tu seras la meilleure de toute façon.

    Elle lui décocha un sourire qui oscillait entre la reconnaissance et le doute. Tu le penses vraiment ?

    Derek opina de la tête. J’en suis sûr. Tu as toutes les qualités nécessaires pour faire une bonne psychologue, surtout avec les enfants. Tu es humble, passionnée, intègre, Tu es ouverte d’esprit, tu ne juges pas. Tu sais être à l’écoute. Tu as de l’empathie. La jeune fille rosit de plaisir en constatant tout le bien qu’il pensait d’elle. Il y a juste une chose qui me fait peur, laissa tomber Derek après un bref instant de silence.

    Quoi ?

    Ta sensibilité. Tu prends tout tellement à cœur. J’ai peur que tu ne t’impliques trop émotionnellement et que cela finisse par te miner. J’ai bien vu dans quel état tu étais, avec Tiffany, argumenta-t-il alors qu’il la voyait prête à intervenir, et sans doute à protester. Et encore, tu ne la connais pas. Alors, qu’est-ce ce sera avec les enfants dont tu t’occuperas ? Ne pouvant nier l’évidence, Meredith baissa la tête. Derek s’en voulut un peu de devoir la mettre face à la réalité, cependant, il poursuivit. Tu vas rencontrer des enfants malades, handicapés, maltraités et abusés. En tant que psy, tu devras écouter leur souffrance. Bien sûr, tu vivras des moments merveilleux, qui te récompenseront au centuple des efforts que tu auras fournis, mais il y en aura d’autres qui seront très durs. Tu vas entendre des horreurs, en voir aussi. Ce n’est pas évident de se retrouver face aux malheurs des gens, mais quand il s’agit d’enfants…


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Dimanche 15 Décembre 2019 à 15:28

    Je trouve que Derek a de très bons conseils pour sa petite amie Elle est très idéaliste, elle n'a peut-être pas conscience de toutes les difficultés de ce qu'elle veut faire, c'est bien qu'il essaie de lui ouvrir les yeux sur ce qui l'attend

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