• CHAPITRE 1065

    Meredith sut que la question n’avait rien d’innocent et qu’Addison, sans doute mise au courant de sa situation par Callie, avait la nette intention de l’humilier. Elle ne comprenait pas la raison de cet acharnement, ni comment quelques heures en compagnie de Derek avait pu faire de cette femme d'apparence si distinguée, et sans nul doute intelligente, une véritable harpie. Cependant, puisqu’il fallait engager la bataille, elle était décidée à vendre chèrement sa peau. Désolée de vous décevoir, Dr Montgomery…

    Addison, corrigea l’intéressée.

    Je ne suis pas à l’université, reprit Meredith comme si elle n’avait rien entendu. Et pour tout vous dire, Dr Montgomery – elle mit l'accent sur le titre et le nom à dessein, juste pour montrer qu’elle ne désirait aucune forme d’intimité entre elles – jusqu’à il y a quelques semaines, j’étais serveuse dans une boutique de douceurs mais j’ai eu des problèmes avec la direction, alors maintenant je suis sans emploi. Ce qui est très bien, poursuivit-elle sur un ton enjoué. Parce que ça va me laisser du temps de réviser pour passer le SAT.

    Voilà une bonne nouvelle ! s’exclama Richard. Enfin, je veux parler du SAT, bien sûr. Je vous trouve très courageuse, Meredith.

    Courageuse ou inconsciente, persifla Addison. Le SAT ? A son âge ? Vous y croyez ?

    A son âge ? s'insurgea Derek qui n’en pouvait plus de ce silence auquel Meredith l’obligeait en lui jetant régulièrement des regards implorants. Elle a vingt-et-un ans. Je crois que tous les espoirs lui sont encore permis, Montgomery. Trêve de politesses ! Cette fois, la guerre était bien déclarée.

    Peut-être, mais réussir le SAT est une chose, être admise à l’université en est une autre, rétorqua Addison. Elle s'adressa à nouveau à la jeune fille. Vous devrez établir un dossier de candidature, vous savez. Et il faudra aussi que vous fournissiez des lettres de recommandation.

    Je sais, dit simplement Meredith.

    Pour les lettres de recommandation, tu peux compter sur nous, garantit Mark en se désignant avant de pointer son doigt vers Derek. Il interrogea ensuite Callie du regard.

    Oui, bien sûr, tu peux compter sur moi aussi, s’empressa-t-elle de répondre.

    Et sur Richard aussi, renchérit Adèle. Il a des relations à Berkeley. Il parlera en votre faveur.

    Évidemment ! approuva son époux. Je joue au golf avec le président Birgeneau. Je pourrais vous le présenter. Du moins si Berkeley fait partie des universités que vous convoitez.

    Oh ! Berkeley serait parfait, balbutia Meredith, ravie de voir la tournure que prenaient les évènements. C’est une des meilleures universités du pays. Ce serait très prétentieux de ma part de faire la fine bouche. En plus – elle sourit à son compagnon – je ne serais pas loin de Derek. Ce serait l’idéal.

    Adjugé alors ! se réjouit Adèle.

    Le Professeur Bogousslavsky se pencha vers Meredith. Si je peux me permettre, Mademoiselle… pourquoi ne pas avoir passé le SAT quand vous étiez au lycée ?

    Oh mais je l’ai passé, lui apprit Meredith.

    Et elle l’a réussi, ajouta fièrement Derek. Et avec brio qui plus est. Ses résultats étaient excellents.

    Mais alors, pourquoi n’êtes-vous pas allée à l’université à la fin du lycée ? s’obstina Bogousslavsky.

    Pour des raisons financières, confessa Meredith. J’avais obtenu une bourse partielle mais il fallait suppléer pour le reste et je… je n’ai pas voulu faire de prêt.

    Mais pourquoi donc ? s’étonna Adèle. Pratiquement tous les étudiants font des prêts pour financer leurs études.

    Je sais mais j’ai eu peur, avoua Meredith. Si j’avais échoué, je me serais retrouvée endettée jusqu’au cou, et ça jusqu’à la fin de mes jours. Je n’ai pas osé courir ce risque. Mais maintenant, les choses ont changé – elle adressa un sourire plein de reconnaissance à Mark à qui elle avait annoncé trois jours plus tôt qu’elle acceptait l’héritage de Momsy – alors, maintenant, je peux aller à l’université.

    Il ne vous reste plus qu’à décrocher le SAT, laissa tomber Addison.

    Ça, ce ne sera qu’une formalité, assura Derek en lui lançant un regard furibond. Si Meredith ne l’avait pas fréquemment appelé au calme, par un regard ou une étreinte, il y a bien longtemps qu’il aurait réduit cette prétentieuse au silence.

    Oh ne vends pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué, le pria Meredith avec un grand sourire. Malheureusement, je ne suis pas douée en sciences, expliqua-t-elle aux autres convives.

    Mais comme tu as les meilleurs professeurs du monde, ça va très bien se passer, promit Mark. Son assurance, un brin vaniteuse, fit sourire la plupart de ses compagnons de table.


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