• CHAPITRE 1038

    Oui, mais pour le moment, il n’est pas prêt, insista Mark. Tu vois, il est tellement aveuglé par la haine qu’il éprouve pour son père qu'il le tient pour responsable de tout ce qui s'est passé.

    D’une certaine façon, il n’a pas tort, argumenta la jeune fille. Sa mère avait très certainement un trouble mental à la base mais vivre avec ce type n’a sûrement rien arrangé.

    Mark hocha la tête. Et à l’inverse, même si le père Shepherd était une vraie pourriture, ça ne devait pas être facile tous les jours de vivre avec sa femme.

    Mais ils n'ont jamais pensé à la faire soigner ? s'étonna Meredith. Ils étaient tous médecins dans cette famille. Tu ne vas pas me dire que personne ne s’est rendu compte qu’elle avait besoin d’aide !

    Ouais mais comme je viens de te le dire, Derek a toujours été dans le déni en ce qui concerne sa mère. Et pour ce qui est de son père, ça l'arrangeait peut-être d'une certaine manière. Elle était plus facile à manipuler. En plus, ce type avait un ego monstre. Pas du genre à admettre publiquement que sa femme était dérangée. Et de toute façon, dans notre milieu, c’est le genre de choses qu’on préfère dissimuler. Toujours sauver les apparences, quelles que soient les circonstances, énonça Mark avec emphase, l’index levé vers le ciel.

    Meredith le regarda avec une expression moqueuse. Ah ça, elles ont été sacrément sauvées, tes apparences ! A côté de tout ce qui s’est passé, le borderline, c’est que dalle ! ironisa-t-elle. Mark émit un petit rire espiègle. Le cœur de Meredith s’emballa subitement lorsqu’elle vit que Derek levait enfin la tête vers elle. Comme quelques-uns de ses assistants l’imitaient, elle résista à l’envie de lui faire un signe, comme elle l’avait fait au début, et se contenta de lui décocher un sourire des plus éclatants. A nouveau, elle devina à son regard qu’il souriait lui aussi. La seconde suivante, il se penchait légèrement devant une infirmière afin qu’elle lui pose sur la tête des lunettes dont chaque verre était muni d’une sorte de petite loupe. Il reprit ensuite sa place près de sa jeune patiente avant de tendre sa main vers une infirmière qui lui remit immédiatement une espèce de stylet relié à un fil. Le voir ainsi, à la tête d’une équipe qui lui obéissait au doigt et à l’œil, impressionnait fortement Meredith. Jusqu’à ce jour, Derek n’avait été pour elle que son petit ami, un très bel homme, un peu léger et superficiel, qui sautait au-dessus de la portière de sa belle voiture de sport pour impressionner les filles. Certes, elle savait qu’il était neurochirurgien, qu’il était même assez renommé. Cependant, ce n’était que des mots qui n’évoquaient rien de très précis pour elle. Mais, aujourd’hui, le personnage venait de prendre une tout autre dimension. Celui qui n’était jusqu’alors qu’un prince charmant venait de se métamorphoser en un véritable dieu. Ce qui n’était pas sans poser un problème à Meredith. Était-elle digne d’un dieu ? Abigail… elle était comment ? Mark fronça les sourcils. Je veux dire, elle était jolie ?

    Il fit la moue. Ouais. Ouais, elle était pas mal, mais ce n’était pas mon genre. Du tout !

    Pourquoi ?

    C’est comme ça. Elle ne me plaisait pas, c’est tout. Un petit machin tout sec, sans formes. Mark fit une grimace qui amena un sourire sur les lèvres de Meredith. Je n’ai jamais compris ce que Derek lui avait trouvé, grommela-t-il. Elle n’était pas son genre non plus.

    Mais il en était amoureux, objecta Meredith avec un petit pincement au cœur.

    Ouais, confirma Mark. Foutue connerie tout de même !

    Est-ce que tu crois… Meredith s’arrêta soudain, hésitant à formuler la question qui la taraudait depuis des semaines maintenant. Est-ce que tu crois qu’il l’a aimée plus qu’il ne m’aime ? Oh bien sûr, Derek l’avait assurée du contraire, affirmant même qu’elle était l’amour de sa vie, mais elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver encore un doute. Comment elle, petite vendeuse de pâtisseries actuellement sans emploi et sans talent particulier, au physique plutôt banal, pouvait-elle rivaliser avec la brillante et très certainement ravissante étudiante en médecine ? Rien ne plaidait en sa faveur. Son seul atout par rapport à Abigail était une poitrine un peu plus opulente. Ce n’était pas avec cela qu’elle tiendrait la distance !

    Mark souffla. Mer…

    Elle joignit ses mains en un geste de prière. Réponds-moi, je t’en prie. J’ai besoin de savoir.

    Tu as tort de te poser ce genre de questions. Ce qu’il a vécu avec elle il y a douze ans ne peut pas être comparé avec ce qu’il vit avec toi maintenant. Mark soupira. Si tu espères que je vais te dire qu’il ne l’aimait pas, alors tu vas être déçue. Parce qu’il était amoureux, comme on peut l'être à vingt ans et que c’est la première fois que ça compte vraiment. Je n’ai jamais compris pourquoi, répéta-t-il, mais il en était amoureux. C’était sérieux. Il pensait qu’il ferait sa vie avec elle. Meredith baissa la tête et il comprit qu’elle essayait de lui cacher les larmes qui commençaient à envahir ses yeux. Il s’en voulut de lui asséner la vérité aussi maladroitement. Il lui prit une main qu’il serra entre les siennes. C’était il y a très longtemps, Mer. Il l’obligea à relever la tête. Aujourd'hui, c’est toi qu’il aime. Aussi sincèrement qu’il a aimé Abigail mais pas du tout de la même façon. C’est plus profond, parce qu’il a vécu des choses et qu’il a plus de maturité. Il t’aime vraiment, à la folie, et rien d’autre ne devrait plus compter pour toi.  

    Je sais mais… j’ai l’impression de ne pas faire le poids face à elle, tu comprends ? Envahie par le découragement, Meredith lutta pour ne pas laisser couler ses larmes. Qu’est-ce qu’il peut bien me trouver, Mark ? geignit-elle.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Jeudi 10 Octobre 2019 à 21:13

    Comment peut-elle encore autant douter d'elle ? Et sérieusement, comparée à cette peste d'Abigail, elle est un million de fois mieux et il n'y a pas moyen que Derek ait des regrets

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