• CHAPITRE 1034

    C’est Derek, dit simplement Mark. Il ne savait pas, du talent ou de la chance, ce qui avait jusqu'à présent permis à son ami de pouvoir réaliser l’impossible. Les deux très certainement.

    Oui, il est exceptionnel, c’est vrai, se rengorgea Meredith, les yeux brillants de fierté. En la voyant ainsi, Mark eut mal au cœur. Rencontrerait-il un jour une femme qui éprouverait pour lui l’amour inconditionnel qui, en ce moment, transfigurait Meredith ? Ah il est là ! s’écria-t-elle en pointant son doigt vers le bas. Derek, qui portait maintenant une tenue bleu foncé, venait d’entrer dans la salle, les deux mains en l’air. Cela intrigua Meredith. Pourquoi il fait ça ? 

    Pour des raisons d’asepsie, lui apprit Mark. Il vient de se laver les mains. Elles doivent rester stériles. Regarde l’infirmière, là. Elle va l’aider à mettre ses gants. Mais Meredith ne l’écoutait déjà plus. Derek avait levé la tête vers elle et, bien qu’elle ne puisse voir sa bouche, camouflée derrière un masque, elle devina à l’éclat de ses yeux qu’il lui souriait. Transportée, elle sautilla sur son siège et agita vivement la main pour le saluer. Mark ne put s’empêcher de sourire. Il avait l’impression d’être en compagnie d’une adolescente qui allait assister pour la première fois au concert de son chanteur préféré. Il alla allumer le haut-parleur afin qu’elle puisse entendre ce qui se disait en bas.  

    Derek passa les mains dans les gants que l’infirmière lui présentait avant de s’approcher de sa jeune patiente. Oh, je vois que nous avons un nouveau chirurgien aujourd’hui. La petite fille porta la main à son calot avec un immense sourire. Ça vous va très bien, Dr Tiffany, la complimenta Derek. Mais il va falloir l’enlever maintenant.

    En retirant son calot, l’enfant fit apparaître un crâne complètement chauve. Meredith en eut le cœur brisé. Comment la vie pouvait-elle être aussi abominable envers des êtres aussi jeunes ? Elle posa des yeux pleins de larmes sur Mark et il sut que ses craintes étaient fondées. La charge émotionnelle d’une telle intervention risquait d’être lourde à gérer pour elle. Il lui sourit en guise de réconfort, tout en pestant mentalement contre Derek qui, une fois de plus, n’avait pensé qu’à lui. Je pourrai le récupérer après ? demanda Tiffany en remettant son calot à une infirmière.

    Bien sûr, promit Derek. Je t’offrirai même une tenue complète de chirurgien. La fillette regarda les membres de l’équipe avec un sourire ravi, comme pour leur faire ressentir l’honneur dont elle venait d’être gratifiée. Alors, tu es prête ? s’enquit Derek. Tiffany fit signe que oui. Le Dr Milton t’a bien expliqué ce qu’il allait faire ? se renseigna le chirurgien.

    Oui. Il va me donner des médicaments qui vont m’endormir et, quand je me réveillerai, la tumeur sera partie, répondit Tiffany avec une sérénité qui stupéfia Meredith.

    Je l’espère, dit sobrement Derek. Je vais vraiment faire tout mon possible, mais je ne peux rien te promettre, tu le sais. On en a déjà parlé. Tiffany acquiesça d'un signe de tête.

    En voyant les sourcils de Meredith se froncer, Mark comprit que l’attitude de Derek lui posait un problème. Il a raison, Mer. Il ne peut rien lui promettre. On ne sait jamais ce qui peut se passer.

    Mais ce n’est qu’une petite fille, s’indigna-t-elle. Comment parvenait-on à dire aussi franchement à une enfant qu’elle n’allait peut-être jamais se réveiller ou bien que, si cela arrivait, elle serait immanquablement condamnée ? Pourquoi ne pas lui donner une version édulcorée qui de toute façon, si elle s’avérait fausse, ne serait jamais qu’un pieux mensonge ?

    Il ne peut pas lui mentir, rétorqua Mark qui avait deviné le point de vue de son amie. Imagine ce qu’elle ressentirait s’il lui promettait de la sauver et, qu’au réveil, elle apprenne qu’il ne l’a pas fait. Une promesse est une promesse, Mer, surtout pour un enfant. Ce serait cruel de lui donner de faux espoirs. 

    Mais la vérité est cruelle aussi ! s’exclama-t-elle, révoltée.

    Oui mais c’est la vérité, objecta Mark avec calme. Tu ne crois pas que ça fait moins de mal que le mensonge ou les non-dits ? 

    En se basant sur sa propre et récente expérience, Meredith ne pouvait que lui donner raison. Oui, c'est vrai mais c’est dur. Elle soupira.

    Oui, ce n’est pas évident, reconnut Mark. Surtout lorsqu’il s’agit d’enfants.

    Dans la salle, Derek terminait d’expliquer à sa patiente, dans des mots simples, la façon dont il comptait procéder. Mais mes cheveux vont repousser après ? s’inquiéta Tiffany. Meredith esquissa un sourire. Quel que soit l’âge ou la situation, l’apparence physique restait primordiale pour une fille.

    Le chirurgien se montra rassurant. Bien sûr ! Ne t’en fais pas pour ça. Et je vais te faire une très jolie cicatrice. Ton petit copain sera vraiment impressionné. Byron, c’est bien ça ?

    Tiffany pouffa de rire en se cachant la bouche derrière sa main. Damon ! Et c’est pas mon petit copain, c’est mon fiancé. Quand on sera grand, on va se marier. A nouveau, Meredith sentit son cœur se serrer devant ce petit bout de chou qui parlait d’avenir alors que la mort rôdait autour d’elle. Elle se mit à prier silencieusement pour que Derek réussisse ce qu’il allait entreprendre. S’il n'y avait qu'un patient à sauver ce jour-là, c’était cette adorable petite fille. 


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :