• CHAPITRE 1024

    Oh certainement pas ! s’exclama Derek. Je ne lui ai plus jamais adressé la parole. De toute façon, je n’avais pas besoin d’explications. La voir avec mon père m’avait suffi. Comme il me l’a dit la dernière fois où je l’ai vu, pourquoi se serait-elle contentée de l’apprenti alors qu’elle pouvait avoir le maitre ?

    Quel cynisme ! s'écria Meredith, choquée à l’idée qu’un père puisse parler avec autant de mépris à son fils, envers lequel il était plus que coupable. Et elle, comment a-t-elle pu te faire ça ? Moi, à sa place, je ne pourrais plus me regarder en face ! 

    Oui, mais elle n’était pas toi, lui dit Derek avec douceur, en lui prenant la main. Tu sais, au début, quand je pensais à elle, je rêvais de vengeance, reconnut-il. Je lui souhaitais tous les malheurs possibles. Mais j’ai appris récemment qu’elle avait perdu son mari et son gosse dans un accident de voiture. Qu’est-ce que je pourrais lui souhaiter de pire ? Ils échangèrent un regard plein de gravité. J'ai réalisé que la savoir malheureuse ne m’apportait rien. Rien ne pourra jamais me consoler de la mort de ma mère. Mais j'ai compris aussi qu'il fallait que j'accepte ce qui s'était passé et aujourd’hui, j’ai seulement envie d’aller de l’avant. Par chance, le feu de signalisation passa au rouge, lui donnant l’occasion de se pencher vers Meredith pour effleurer sa joue dans un doux baiser tout en tendresse. Ma plus belle vengeance, ce sera d’être heureux, avec toi, murmura-t-il avant de reprendre sa place. Emue, Meredith se laissa aller contre lui, la tête appuyée légèrement sur son épaule et la main posée sur sa cuisse. Elle adorait le nouveau Derek, délicat et amoureux, qui ne craignait plus de dévoiler ses sentiments.

    Ils restèrent ainsi jusqu’à ce que la Porsche s’arrête devant la maison de Tante Ellis. Derek se pencha en avant pour la regarder méchamment à travers le pare-brise, comme s’il s’agissait d’un de ses ennemis personnels. Ça va aller ? demanda-t-il à Meredith.

    Elle esquissa un petit sourire. Oui. Pourquoi ça n’irait pas ?

    Ta mère, se borna à répondre Derek avant de fusiller à nouveau du regard la haute bâtisse bleue qui était soudain devenue le symbole de ses problèmes. Je devrais peut-être entrer avec toi. Si elle s’en prend à toi, ce serait bien que je sois là pour te défendre.

    Cette fois, Meredith sourit franchement. Elle ne va pas me tuer, tu sais. Au pire, elle va crier, encore que ce ne soit pas son genre.

    Derek souffla. Ça m’ennuie de te laisser. Tu ne devrais pas avoir à l’affronter toute seule. C’est de nous qu’il s’agit.

    Fais-moi confiance, ça va très bien se passer, lui assura Meredith, bien qu’elle n’en soit pas totalement convaincue. Elle connaissait sa mère et son entêtement. La plupart du temps, Anne Grey restait sur ses premières impressions et, à cause de ce qu’avait dit Izzie, celles concernant Derek n’étaient pas bonnes. Meredith allait devoir déployer des trésors de persuasion pour faire admettre à sa mère que l’infidélité dont Derek s’était rendu coupable n’était qu’un incident de parcours et qu’il était digne de sa fille.

    S’il se passe quoi que ce soit, tu m’appelles, lui recommanda-t-il, en la couvant du regard. Il n’avait pas envie de la quitter et s'il n'y avait pas eu cette intervention programmée, il l’aurait ramenée illico à la péniche.

    Il ne se passera rien, certifia Meredith, un sourire tranquille sur les lèvres. Elle lui arrangea une petite mèche de cheveux qui lui tombait sur le front.

    Dès que je sors du bloc, je t’appelle et tu me racontes.

    D’accord. Elle avança vers lui pour l’embrasser et s’étonna de le voir se reculer.

    Ta mère, se justifia-t-il. Il pointa un regard méfiant sur la fenêtre du rez-de-chaussée. Je parie qu’elle est en train de nous observer derrière le rideau. Il n’avait guère envie de donner à Anne Grey un motif supplémentaire de colère.

    Et alors ? On ne fait rien de mal ! objecta Meredith, amusée par la toute nouvelle réserve de son petit ami. On est ensemble, on a bien le droit de s’embrasser.

    Elle lui sourit et il se sentit fondre. Il passa la main derrière la nuque de la jeune fille pour l’attirer à lui et il lui prit les lèvres dans un langoureux baiser. On se voit ce soir ? l’implora-t-il ensuite. 

    Elle grimaça un peu. J’aimerais bien mais… je voudrais passer un peu de temps avec Maman. Depuis que je suis revenue, on s’est à peine croisée et c’était à chaque fois pour se chamailler. Aujourd’hui, je voudrais rester avec elle, pour lui parler, lui expliquer. En plus, qui sait ce qu’Izzie et Cristina ont pu lui raconter, après mon départ ? L’air catastrophé que Derek afficha ramena le sourire sur les lèvres de Meredith. Ne t’en fais pas. Je vais lui dire qui tu es vraiment.

    Il soupira. Si tu crois que tu me rassures, là ! Il sentit son bipeur vibrer dans sa poche. Il faut que j’y aille, annonça-t-il à contrecœur. Tu es sûre que ça va aller ? 

    Mais oui ! Allez, file maintenant. Meredith n’avait pas envie de le quitter mais en même temps, elle était pressée de retrouver sa mère pour rétablir la vérité. Certes, Derek avait fait des erreurs mais il restait malgré tout l’homme de ses rêves, son prince charmant. Rien ne la ferait renoncer à lui. Elle l’embrassa encore une fois avant d’ouvrir la portière. Tu m’appelles quand tu as fini, promis ? quémanda-t-elle sur un ton un peu enfantin.

    Promis ! Derek la regarda courir vers la maison de sa démarche aérienne. Elle était déjà sur le perron lorsqu’il prit appui sur son volant pour sortir à moitié son corps de la voiture, sa tête émergeant juste au-dessus du toit. Mademoiselle Grey ! Intriguée par cette appellation, elle se retourna rapidement. Je vous aime, lui cria-t-il avec un sourire éblouissant. Je vous aime comme un fou. Je vous aime plus que tout !

    Elle sentit ses joues s’empourprer. Moi aussi, Docteur, je vous aime, lui lança-t-elle. Elle agita sa main en guise d’au revoir et suivit la voiture du regard jusqu’à ce qu’elle quitte la rue. Alors seulement, elle ouvrit la porte, prête à affronter sa mère qui, elle le savait, pouvait être impitoyable lorsqu’elle pensait que les siens étaient en danger.


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