• CHAPITRE 1016

    Derek obligea son amie à lever le visage vers lui. J’étais mort et tu m’as fait renaître. Depuis que je te connais, je me sens à nouveau connecté au monde, aux gens, comme si le masque que j’ai mis il y a douze ans glissait doucement. Des choses, même des personnes qui n’avaient pas pour moi la moindre importance, en ont maintenant. Et ça me fait peur parce que ça me rend vulnérable. Ce que je vis avec toi, c’est tellement – il hésita sur le terme à employer parce qu’il ne voulait plus qu’il y ait aucune équivoque – intense. Je n’avais jamais éprouvé ça pour personne avant toi. J’ai l’impression qu’il n’y a plus rien d’autre que toi qui compte. Alors, oui, j’ai peur, j’ai terriblement peur de te perdre et de me retrouver sans toi. Je ne crois pas que j’y survivrais cette fois.

    Tu ne me perdras pas, chuchota Meredith. Jamais.

    Derek posa la main sur les lèvres de la jeune fille. Non, non, ne fais pas de promesses. Tu es si jeune. Tu ne sais pas ce que la vie te réserve. Et peut-être qu’un jour… Devinant ce qu’il allait dire, Meredith secoua vigoureusement la tête avec des yeux pleins de larmes. Mais je vais courir le risque, enchaina aussitôt Derek. Et ce sera à moi de tout faire pour que tu n’aies jamais envie de me quitter. Je suis prêt à relever le défi. Le regard ardent, il caressa tendrement la joue de Meredith du bout des doigts. Ces semaines sans toi m’ont au moins appris une chose. Je ne veux pas passer à côté de notre histoire. Et je te jure que je ferai tout pour que ça marche, lui promit-il avec fougue. Je t’aime tellement, bébé. Comme un fou. Ses doigts quittèrent la joue pour descendre vers le cou fin et gracieux de son amie. Je ne croyais pas que cela m’arriverait un jour. Et même si ça me fait peur, je suis prêt à le vivre. Touchée au plus profond d’elle-même, Meredith éclata en sanglots. Le récit de Derek, ses tendres aveux, qu’elle sentait totalement sincères, ajoutés à tout ce qu’elle avait vécu depuis un mois, c’était trop pour ses pauvres nerfs. Elle s’agrippa au cou du chirurgien et pleura sans retenue, le visage caché contre sa poitrine. Derek la serra contre lui, en la berçant doucement. C’est fini, mon amour, murmura-t-il de sa voix suave. Je suis là, je ne te quitte plus. Elle opina de la tête. Je vais me faire pardonner, je te le jure.

    Mais je t’ai déjà pardonné, hoqueta-t-elle, en relevant la tête vers lui.

    Il embrassa ses paupières baignées de larmes. Tu ne le regretteras pas. Je vais tout faire pour regagner ta confiance. A nouveau, Meredith hocha la tête. Je vais être le meilleur petit ami du monde, tu verras, certifia-t-il. Elle esquissa un petit sourire et il sentit son cœur se serrer. Elle semblait si fragile, encore blessée par tout ce qu’elle avait vécu. Il la reprit contre lui, la serrant à l’étouffer, n’osant rien faire d’autre que de parsemer ses cheveux blonds et le haut de son visage de petits baisers tendres et délicats. Tu as froid ? lui demanda-t-il soudain. Tu trembles.

    Oui, un peu, reconnut-elle. Elle portait toujours la robe de la veille et, ce matin, elle avait quitté la maison si précipitamment qu’elle n’avait même pas pensé prendre une veste. Les longues heures qu’elle avait passées assise par terre, à attendre Derek, devant sa porte, l’avaient considérablement refroidie. Son énervement, l’appréhension quant à ce qui allait se passer, ensuite la fougue qu’elle avait mise dans la discussion, avaient fait qu’elle ne s’en était pas rendu compte. Mais maintenant que la tension était retombée, elle avait l’impression d’être glacée jusqu’aux os. Il y avait la fatigue aussi. Cela faisait un mois qu’elle dormait très mal, très peu aussi, le plus souvent seulement quelques heures par nuit. Elle n’en avait pas vraiment ressenti les effets, jusqu’à présent. Sa nervosité et sa colère lui avaient permis de tenir le coup. Les explications de Derek les avaient fait disparaître, la laissant en proie à l’épuisement le plus total.

    Derek se leva immédiatement. Mais tu aurais dû me le dire, la gronda-t-il gentiment. Attends, je vais t’apporter de quoi te réchauffer. Il la laissa sur le canapé pour dévaler les escaliers. Dans sa chambre, il fouilla son armoire, en quête de son plus gros pull et d’une couverture chaude sous laquelle ils pourraient se pelotonner tous les deux. Quand il remonta au salon, il trouva la jeune fille recroquevillée sur le canapé, les deux mains jointes en-dessous de son visage et les genoux repliés sur son ventre. Elle dormait d’un sommeil déjà profond. Derek se dépêcha de l’envelopper délicatement dans la couverture, avant de la soulever dans ses bras. Il prit tout son temps pour aller jusqu’à sa chambre, uniquement pour le plaisir de la sentir contre lui. Elle était si légère qu’il avait l’impression de porter une petite fille. Il la déposa sur le lit, tout doucement, avant de lui retirer la couverture, ses chaussures ensuite. Cependant, il ne toucha pas à sa robe, de peur de la réveiller. Lorsqu’il la recouvrit de la couette, Meredith se détendit aussitôt, sans doute l’effet bénéfique de la chaleur. Derek s’assit au bord du lit et la regarda dormir. Finalement, il était heureux de lui avoir parlé. Il regrettait même de ne pas l’avoir déjà fait. S’il avait eu ce courage plus tôt, il leur aurait épargné bien des tourments. La maturité de Meredith, la façon dont elle l’avait écouté, avec attention et compréhension, la grandeur d’âme dont elle avait fait preuve en lui pardonnant, tout lui confirmait une fois de plus qu’elle était une personne merveilleuse. La vie s’était-elle enfin décidée à être clémente avec lui ? Sans doute que oui. En tout cas, il était décidé à le croire et à ne plus laisser passer sa chance. Il se leva et marcha jusqu’à la double porte qui donnait sur le ponton arrière. Il ouvrit un battant et sortit un instant pour respirer à fond l’air du large. La nuit était belle, quoique fraîche, et le ciel était auréolé de milliers d’étoiles scintillantes. Derek leva la tête vers elles. Je suis désolé, Maman, lâcha-t-il soudain d’une voix sourde. Vous n’avez pas réussi. Ma vie n’est pas gâchée. Je suis amoureux, elle m’aime et je suis heureux. J’espère que là où vous êtes, vous l’êtes aussi. Il rentra et referma la fenêtre. Après avoir jeté un coup d’œil vers le lit où Meredith dormait toujours sereinement, il passa à la salle de bains. Il se déshabilla à son aise et, une fois nu, se regarda dans le miroir. Ce qu’il y vit le satisfit. Pas une once de graisse. Un corps sec et musclé, sans être trop athlétique, qu’il allait devoir continuer à entretenir, s’il ne voulait pas que Meredith le remplace un jour par un homme plus jeune. Il se plaça sous le jet de la douche et apprécia de sentir l’eau chaude couler sur sa peau. Il se sentait bien et totalement détendu, comme libéré. Il avait retrouvé la femme qu’il aimait et l’avenir s'annonçait radieux. Après un assez long moment, il ferma le robinet et s’enveloppa dans sa serviette de bains, maintenant pressé de retrouver sa petite amie. Après s’être lavé les dents, il enfila un boxer et revint dans la chambre. Meredith n’avait pas bougé d’un pouce. Il s’allongea à ses côtés et se colla dans son dos, en passant son bras autour d’elle et sa jambe au-dessus des siennes. Dans son sommeil, elle émit un petit gémissement de satisfaction et poussa ses fesses contre le bassin du chirurgien. En quelques secondes, leurs corps venaient de retrouver leur position de prédilection. Derek sourit, apaisé. Une nouvelle vie s’ouvrait à lui et il n’était plus question de la laisser s’échapper. Au contraire, il allait en savourer chaque seconde, en profiter au maximum, travailler à son bonheur et à celui de Meredith. Il ferma les yeux et, pour la première fois depuis un mois, s’endormit immédiatement, le cœur léger et la tête pleine de rêves.


  • Commentaires

    1
    Butterfly
    Mardi 10 Septembre 2019 à 21:12

    Très belle déclaration de Derek. je crois que cette fois le couple peut repartir sur de bonnes bases.

    Je crois aussi qu'à sa manière, il a fait la paix avec sa mère et c'est ce qu'il devait faire pour aller de l'avant. 

     

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