• Mark et Derek revinrent dans la pièce, le deuxième portant un plateau avec les verres. Entendre Meredith le critiquer devant un type qu’elle connaissait à peine et voir à quel point elle était déjà à l'aise avec ce même type lui déplut royalement. Il se souvenait qu’au début de leur relation, elle n'était pas du tout comme ça avec lui. Evidemment, Brian et elle étaient de la même génération, cela facilitait les choses. Décidément, Callie avait le chic pour choisir ses mecs. A celui-ci, évidemment, on ne pouvait pas reprocher grand-chose jusqu'à présent, si ce n’était d’être trop beau. Mais cela suffisait amplement pour que le chirurgien le prenne d’emblée en grippe. Il servit les boissons.

    Heureux d’avoir trouvé une alliée, Brian sourit à Meredith. Tu sais, j’ai l’habitude. Mes copains me charrient souvent parce que je ne bois jamais d’alcool. Ils me traitent de bébé ou de curé, ça dépend de leur humeur. Mais ça m’est égal. Quand on sait les dégâts que l’alcool provoque ! Vieillissement de la peau, troubles cardiovasculaires, problèmes psychiques, sans parler des cancers.

    Derek poussa un long soupir. Un ascète moralisateur ! Il ne manquait plus que ça. Non seulement le discours était assommant mais la façon dont ce gamin regardait Meredith, en souriant de toutes ses dents qu’il avait fort belles au demeurant, commençait à l'énerver prodigieusement. Il vint s’asseoir à côté de la jeune fille et posa ostensiblement la main sur son genou. Elle ne put s'empêcher de sourire. Il lui aurait accroché une pancarte "Propriété privée" autour du cou s'il avait osé ! Cependant, elle ne pouvait nier qu'elle appréciait cette attitude, même si elle était un peu excessive. Cela prouvait au moins qu'il tenait à elle.

    Mark écoutait Brian pérorer sur les méfaits de l’alcool tout en observant ses amis. Callie sirotait son soda en dévorant sa conquête des yeux. Sans doute avait-elle dû se dire que coucher avec le sosie de Derek, ce serait un peu comme coucher avec l’original. Pauvre Callie ! Elle allait encore au-devant d’une bien grande désillusion. Mark sentit monter en lui une énorme bouffée de tendresse pour son amie. Ce n’était pas évident d’aimer sans espoir de retour, il commençait seulement à le comprendre. Il reporta ensuite son attention sur Derek et réprima une forte envie de rire. Tendu comme un arc, la main crispée sur le genou de Meredith, ses yeux lançant des éclairs, il semblait prêt à bondir sur Brian au premier mot ou geste déplacé. Jamais Mark n’aurait cru revivre ce genre de situation, mais oui, Derek Shepherd était bel et bien amoureux et jaloux. Mais, en même temps, comment aurait-il pu en être autrement ? Quel homme pourrait ne pas tomber amoureux de Meredith ? Ah Meredith, si jolie, petit diamant entre tous les joyaux. Mark la devinait partagée entre son irritation devant l’attitude de propriétaire de Derek et sa folle joie de le sentir jaloux. Il réalisa soudain qu’elle aussi devait souffrir d’une certaine manière. Aimer un homme dont elle n’était pas sûre qu’il l’aimait aussi, ce ne devait pas être évident, surtout pour une si jeune fille tellement romantique. Elle devait sans doute se raccrocher au moindre des gestes, au plus banal des mots pour toujours croire en son histoire avec lui. Mark aurait aimé pouvoir lui révéler ce qui avait fait de Derek cet homme si dur, si désespérément seul, uniquement pour qu’elle cesse d’avoir mal et pour qu'elle ait confiance en son pouvoir sur lui. Mais il n’en avait pas le droit et il se maudissait d’avoir, un jour, juré de garder un secret qui, aujourd’hui, risquait de faire le malheur d’une si adorable enfant.

    Qu’est-ce que tu fais dans la vie ? s'enquit Meredith auprès de Brian.

    Je suis moniteur de ski à Snowmass. C’est une des stations de ski d'Aspen, expliqua-t-il devant l’air interrogateur de la jeune fille. Un joli brin de fille, cette Meredith, très sympa aussi. La seule dans cette pièce, à part Callie, qui ne soit pas agressive avec lui. Cela amusait beaucoup Brian de voir le brun teigneux surveiller tous ses faits et gestes, prêt à lui sauter dessus à la moindre occasion. Derek aurait été beaucoup plus serein s’il avait su que celui qu'il considérait de toute évidence comme un rival potentiel n'était pas attiré par les jeunes femmes, et encore moins quand elles étaient minces et blondes. En fait, Callie était tout à fait le type de femme qui plaisait à Brian et c'était la raison pour laquelle il n'avait pas hésité un instant à la draguer alors qu'elle faisait la file pour acheter son abonnement pour les remontées mécaniques. En plus, il sentait en elle une fragilité qui lui donnait envie de la protéger. Il se tourna vers elle et lui fit signe de venir s’asseoir près de lui.

    Oh moniteur ! Tu dois être super doué en ski alors, estima Meredith. J’en ai fait pour la première fois aujourd’hui et j’ai trouvé ça pas évident du tout ! Alors donner des cours ! J’imagine même pas Elle le regarda avec une admiration non feinte qui exaspéra ses deux amis.

    Tu sais, je n’ai pas beaucoup de mérite, je suis né ici. Autant dire que j’étais sur des skis avant de savoir marcher. Brian prit la main de Callie et entremêla leurs doigts.

    En le voyant se conduire avec elle avec ce qui ressemblait à de la tendresse, Callie se demanda ce qu’elle avait bien pu faire pour avoir la chance de le rencontrer. Il était jeune et beau, et les différentes conversations qu'ils avaient eues durant la journée lui avaient prouvé que ce garçon avait quelque chose dans la tête. Sur bien des points, il était d’un niveau très supérieur à Donnie et elle tenait à ce que ça se sache. Ne sois donc pas si modeste ! Elle se tourna vers Meredith. Il a participé à des compétitions d’état et il en a remporté plusieurs. C’est un excellent skieur. Il pourrait peut-être te donner des leçons.

    Derek toisa Callie avec colère. Je ne remets pas en doute les mérites de ton… de Brian, mais on s’est très bien débrouillé sans lui aujourd’hui et je pense qu’on va continuer comme ça.


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  • Mark se sentit soulagé en entendant Derek décliner l’offre de Callie. Il n’aurait pas supporté de voir le top-model tourner autour de Meredith toute une journée. Mais quel besoin Callie avait-elle maintenant de leur ramener ses amants ? Et si demain elle rencontrait un pilote de ligne, faudrait-il que Meredith apprenne à manier un Boeing ? Il jeta un regard énervé à son amie. Elle était ridicule, assise sur ce canapé, main dans la main avec ce type qui aurait pu être son petit frère.

    Mais oui, vous ne vous rendez pas compte ! J’ai déjà les meilleurs professeurs de ski du monde. Cela serait dommage de ne pas en profiter, persifla Meredith.

    Alors là, le tableau était complet ! La voilà qui s’alliait à l’ennemi pour se moquer d’eux. Parce que c’était bien ce qu’elle était en train de faire, avec son petit sourire en coin et ses yeux rieurs. Elle les tournait en ridicule. Je n’ai jamais prétendu être le meilleur du monde, protesta Mark. Pas en ski en tout cas ! La chirurgie plastique me suffit largement, ajouta-t-il, plein de morgue.

    On n’est certainement pas les meilleurs, renchérit Derek, rageur. Néanmoins, grâce à nous, tu as pu passer ta première journée sur les pistes de ski sans te casser quelque chose.

    Meredith fit un clin d’œil complice à Brian. Je crois que je viens de les vexer. Pour me faire pardonner, je vais les garder encore un peu comme moniteurs.

    De toute façon, je n’aurais pas pu te prendre, répondit Brian en souriant. Mon planning est déjà complet. Il s’amusait beaucoup à voir les deux hommes défendre leur monopole auprès de Meredith. Le brun et le blond semblaient avoir de tendres sentiments pour elle, mais Brian n’était pas certain que tout le monde dans la pièce en était conscient, à commencer par la principale intéressée.

    Et que faites-vous quand il n’y a plus de neige ? se renseigna Mark. Il s'abstint de dire à voix haute la dernière partie de sa question. A part draguer les femmes d’âge mûr qui ont du pognon.

    C'est une Callie rose de fierté qui répondit à la place du jeune homme. Il fait des études à l’Université du Michigan.

    Meredith se montra immédiatement intéressée. Et tu étudies quoi ?

    L’aide sociale. Je veux devenir éducateur pour des enfants en difficulté. Le visage de Brian s’illumina. M’occuper des mômes, c’est vraiment mon rêve. C’est ce que je fais déjà, en quelque sorte, en leur donnant des leçons de ski, mais je veux aller plus loin. Mark et Derek échangèrent un regard. Ou ce mec était un bon comédien ou bien il était vraiment sincère et à l’écouter parler, c’était plutôt la deuxième option. Les deux hommes se souvenaient des idéaux qui les avaient animés au même âge et qui les avaient conduits à devenir chirurgiens, même si, depuis, ils avaient succombé à l’appel de l’argent et de la gloire. Ce qui était certain c’est qu’avec de tels arguments, Brian faisait un tabac auprès des filles. Callie était en train de se liquéfier sur place. Quant à Meredith, elle ne cachait pas son admiration pour ce jeune homme qui avait les mêmes ambitions qu'elle. Mais assez parlé de moi ! s’écria Brian. Parle-moi de toi, Meredith. Comment occupes-tu ton temps quand tu n'apprends pas à skier ? La familiarité avec laquelle il s’adressait à Meredith, comme s’il l’avait toujours connue, hérissa Derek. Il se leva et alla se servir un second whisky, en espérant que le jeune moniteur allait lui donner une occasion de lui river son clou, en lui faisant encore une remarque sur la consommation d’alcool. Malheureusement, il n’en fut rien.

    Meredith haussa les épaules. Oh je ne fais rien de très intéressant. Je travaille dans un tea-room.

    Mais c’est provisoire ! lança Derek, avec un regard furieux vers son amie. Il remarqua que Mark était aussi énervé que lui.

    Du provisoire qui risque de durer encore un bon moment, souligna Meredith.

    De toute façon, il n’y a pas de sot métier, fit remarquer Brian avec douceur. Il avait l’impression que les deux chirurgiens - Callie lui avait appris leur profession – étaient quelque peu honteux du métier de leur jeune amie et que celle-ci en souffrait. Il faut de tout pour faire un monde. Des chirurgiens, des serveuses…

    Nom de dieu ! Ce petit con était en train de lui faire la leçon. Bien sûr qu’il n’y a pas de sot métier ! explosa Derek en bondissant du canapé. On ne vous a pas attendu pour le savoir. Mais il y en a de plus intéressant que d’autres. Si Meredith s’épanouissait dans son boulot, si c’était ce qu’elle voulait vraiment faire, j’en serais très heureux pour elle, mais ce n’est pas le cas. Enervé, il alla jusqu'à la fenêtre avant de venir se poster près de la cheminée.

    Oui, elle a de grandes ambitions. Elle veut faire des études. Mark se redressa fièrement. Des études de psychologie. Elle veut s'occuper des enfants, elle aussi. L'intéressée fut surprise de l'entendre parler de ses projets. Elle ne se souvenait pas les lui avoir confiés. C'est donc que Derek l'avait fait, ce qui impliquait qu'il parlait d'elle à son ami. Cela lui fit plaisir.

    Callie regarda la jeune fille avec un air ébahi. Ah bon ? La psycho ?


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  • Oui, ça me plairait bien, reconnut Meredith. Mais pour le moment, c'est encore de l'ordre du rêve. Et je ne sais pas du tout si je serai un jour en mesure de le réaliser.

    Cette réserve fit tiquer Brian. Et pourquoi pas, si c’est ce que tu veux ?

    Tout n'est pas toujours qu'une affaire d’envie ou de volonté, répliqua Meredith. Dans mon cas, c'est plutôt un problème financier. Et il n'y a pas que l'argent. Rien ne dit que j’ai les capacités intellectuelles pour réussir ce genre d'études. Derek et Mark soufflèrent bruyamment. Choisissant de les ignorer, elle poursuivit son explication. Ça fait presque quatre ans que j'ai quitté le lycée. Et depuis, j'ai eu des jobs de vendeuse ou de serveuse. J’ai été baby-sitter aussi et une fois monitrice dans un camp de vacances. Rien qui stimule particulièrement le cerveau. Alors, des études de psychologie… C'est ce que j'ai envie de faire mais je ne veux pas me faire trop d'illusions non plus.

    Mais ce ne sont pas des illusions, merde ! s’emporta Derek. Tu es brillante et intelligente. Tu peux faire toutes les études que tu désires. Il s’adressa à Brian, comme s’il lui faisait l’article. Sa bibliothèque déborde d’ouvrages de sociologie et de psychologie. Tout ce que l’Amérique a compté de grands hommes, elle connaît, elle a lu leur biographie. Et il suffit de discuter dix minutes avec elle pour se rendre compte de son potentiel. Elle est vive, spirituelle, elle comprend vite les choses. Il se tourna à nouveau vers Meredith. Tu peux faire tout ce que tu veux, Meredith, tout ! Que ce soit serveuse, psychologue ou je ne sais quoi d’autre, tu le feras parfaitement, j’en suis sûr. Il suffit simplement que tu cesses d’avoir peur.

    Mon dieu, avec quelle fougue il parlait d'elle ! Callie en eut le cœur serré. Non seulement il était follement amoureux de Meredith, mais en plus il l’admirait. Et pourtant, Derek Shepherd n’admirait pas grand-monde sur cette terre, en dehors de quelques grands chirurgiens qu’il avait eu la chance de rencontrer. Callie était consciente que jamais il ne parlerait d’elle comme il parlait de cette fille, alors autant se faire une raison… et se consoler avec Brian. Quand il l’avait accostée quelques heures plus tôt, alors qu'elle s'apprêtait à prendre le télésiège, elle avait eu un choc. Cette nuit, elle ne ferait pas l’amour avec Brian, le moniteur de ski, mais avec Derek, l’étudiant en médecine. Cela faisait presque dix ans qu’elle vivait dans l’illusion, elle pouvait bien continuer encore un peu.

    Et toi, il faut que tu sois réaliste, riposta Meredith. Si je ne réussis pas mes études, j’aurai des dettes jusqu’à la fin de ma vie parce que je ne serai pas en mesure de rembourser les emprunts que j'aurai faits. Alors, ne compte pas sur moi pour me lancer là-dedans à tête baissée. Je veux prendre mon temps pour réfléchir à ce que je veux faire, et comment. Contrarié, Derek poussa un grognement en secouant légèrement la tête en signe de désapprobation.

    Je comprends mais… Brian darda son regard bleu couleur océan sur Meredith. A réfléchir trop longtemps, tu risques de laisser passer ta chance et de ne jamais réaliser ton rêve. Ce serait dommage. Il haussa les épaules. A ta place, je penserais autrement. Je vais réussir mes études parce que ça me permettra de rembourser les dettes que j’aurai faites.

    Mark leva les bras au ciel. Ah ! Enfin une parole sensée ! Il désigna le jeune homme à Meredith. C’est ce qu’on appelle la pensée positive. Prends-en de la graine. 

    Et toi, mêle-toi de ce qui te regarde ! rétorqua la jeune fille.

    Callie vit les yeux de Derek virer au bleu nuit, signe annonciateur de sa colère. Quant à Mark, il ne fallait pas compter sur lui pour jouer les pacificateurs ; il était aussi énervé que les deux autres. Tout cela n'augurait rien de bon. Le moment était sans doute venu de quitter le trio infernal, d'autant plus qu'elle n'avait aucune envie de participer à la planification de l’avenir de Meredith, aussi brillant pût-il être. Elle se pencha vers Brian. On devrait les laisser se démerder et aller dans ma chambre, lui murmura-t-elle à l'oreille.

    Brian lui fit un sourire penaud. Comme il était celui qui avait, à son corps défendant, semé la discorde, il estimait qu'il devait au moins essayer d'arranger les choses. Devinez qui j’ai vu en ville hier après-midi ? Quatre paires d’yeux se tournèrent vers lui avec plus ou moins d’intérêt, selon leurs propriétaires. Mariah Carey, leur révéla-t-il avec un enthousiasme quelque peu exagéré.

    Oh Mariah Carey, s'écria Callie qui avait compris l'intention du jeune homme. Quelle chance ! 

    Un peu trop diva à mon goût mais elle a du coffre, concéda Mark qui souhaitait, lui aussi, calmer le jeu. S'il y avait bien quelque chose qui lui déplaisait, c'était de voir Meredith tourmentée comme elle l'était maintenant, sans doute parce qu'elle n'arrivait pas à capter le regard de Derek depuis qu'elle l'avait défié.

    Et toi, Meredith, tu aimes Mariah Carey ? l'interrogea Brian qui, lui aussi, avait remarqué que la jeune fille ne participait plus à la conversation, parce qu'elle était à l'affût d'un signe de son petit ami. Comment celui-ci ne réalisait-il pas que son attitude ne faisait que renforcer son amie dans le sentiment qu'elle n'était pas à la hauteur de ses attentes ? Il était évident que Meredith était paralysée par sa peur de l'échec et que la pression que Derek lui mettait ne faisait que renforcer celle-ci.


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  • Meredith fit une petite moue. Je ne suis pas trop fan. Elle chante bien, c'est vrai, et il y a quelques-unes de ses chansons que j’apprécie mais je ne supporte vraiment pas le personnage.

    Moi non plus. C'est une caricature, cette nana. Quant à ses chansons, c'est trop sirupeux pour moi, asséna Derek en venant se rasseoir à côté de sa petite amie. Il lui prit la main et la porta à ses lèvres.

    Rassurée, elle se pelotonna contre lui avec un grand sourire. Et toi, tu aimes bien ce qu'elle fait ? demanda-t-elle à Brian.

    Pas trop. Comme dit ton copain, trop sirupeux. Moi, mon style, c’est plutôt Alicia Keys. J’adore sa voix et en plus, elle est vraiment magnifique, ce qui ne gâche rien. Il sourit à Callie qui venait de lui donner un coup de coude pour rappeler son existence. Ne me dis pas que tu es jalouse d'Alicia ? Tu n’as aucune raison de l’être. Je te trouve aussi belle qu’elle.

    Tandis que Derek pinçait fortement ses lèvres pour ne pas éclater de rire, Mark leva les yeux au ciel. Jeune mais déjà passé maître en l’art de la drague, ce cher Brian ! Comparer Callie Torres à Alicia Keys, il fallait oser. Mais le pire était que Callie tombait dans le panneau. Et Meredith aussi, à en juger par le sourire attendri qu’elle avait en regardant le couple.

    Et à part ça, qu'est-ce que tu aimes en musique ? se renseigna-t-elle.

    Oh des tas de choses. Coldplay, Fall Out Boy, My Chemical Romance, Yellowcard, One Republic mais aussi Beyonce, Chris Brown, T-Pain, Ne-Yo, Lil Wayne, Kanye West, Akon… La liste est longue.

    En effet, tu as des goûts très éclectiques, nota Meredith. Coldplay et Beyonce, évidemment, qui n'aime pas ! Et Akon, j'adore. En revanche, T-Pain et Lil Wayne, je ne trouve pas ça génial.

    Mark la regarda avec un air surpris. Quoi ? Elle connaissait tous ces gars dont le nom venait d’être cité ? Parce que lui, il n'avait jamais entendu parler de la plupart d'entre eux. Peut-être avait-il déjà entendu leur musique mais en tout cas, il était certain de ne pas avoir entendu leurs noms ou du moins, ça ne l’avait pas marqué. Il eut la désagréable impression d’être dépassé et se promit de se mettre à jour le plus rapidement possible. Il surprit le regard agacé de Derek et en déduisit que son ami était dans la même situation que lui.

    Je vais te faire un aveu, continua Brian avec un clin d’œil complice. Quand je déprime, je mets à fond "Sexy Back" de Justin Timberlake et je saute dans toute la pièce. Mais ne le dis à personne surtout !

    Meredith pouffa de rire. Ah Justin ! Moi aussi, j'adore ce qu'il fait. Et qu’est-ce qu’il est sexy ! Quand j’étais ado, j'étais un peu amoureuse de lui, je l'avoue. J’avais tous les disques des ’N Sync.

    Brian afficha un air ébahi. Sérieux ? Mais il était horrible à l’époque. Il ressemblait à un mouton avec ses bouclettes.

    Meredith feignit d’être choquée. Mais qu’est-ce que tu racontes ! Il était super beau, tu veux dire. Et quand il est sorti avec Britney Spears, j’étais aux anges. Mes deux chanteurs préférés ensemble, c’était trop beau pour être vrai. Derek ne put s’empêcher d’esquisser un sourire.

    Mark fit une moue désappointée. T’aimes bien Britney Spears, toi ? Moi, je la trouve pathétique, cette fille. D’abord, elle se rase les cheveux et puis, elle se balade partout sans culotte, commenta-t-il, dans un effort désespéré de se montrer à la page.

    Meredith prit aussitôt la défense de la chanteuse. Elle était en dépression, répliqua-t-elle. Imagine-toi, si tu traversais une mauvaise passe et que tu étais suivi tout le temps par une meute de photographes, à l’affût du moindre de tes faux pas, et allant même jusqu’à les provoquer pour avoir des images croustillantes, tu ne pèterais pas un plomb, toi ?  

    De là à me faire la boule à zéro et à me balader à moitié à poil, grogna Mark. Et puis, honnêtement, comme chanteuse, elle ne casse pas la baraque.

    Comme si tu y connaissais quelque chose, mon pauvre Mark ! se moqua Callie. Justin, Britney, c’est de leur âge mais plus du nôtre. Nous, on est dépassé.

    Parle pour toi ! riposta Mark qui détestait avoir l’impression qu’il n’était plus dans le vent, et encore plus qu’on le lui dise.

    Et donc, tu shippais le couple Britney-Justin, reprit Brian avec un petit sourire narquois qui exaspéra Derek. Même s’il trouvait aussi qu’il y avait matière à se moquer, il n’admettait pas qu’un autre que lui, et éventuellement Mark, le fasse. Et surtout pas ce blanc-bec de Brian ! 

    Meredith rit légèrement. Oh oui ! Et j’ai été dévastée quand ils ont rompu. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps quand j’ai appris la nouvelle et après, j’ai écouté "Cry me a river" en boucle pendant des jours et des jours. Ma mère a cru devenir dingue. Ce qu’on est bête quand on est ado tout de même.


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  • Brian sourit. Bah on a tous fait ce genre de choses. Quand ma première petite copine m’a plaqué, j’ai cassé les oreilles de ma famille pendant quinze jours avec "Hallelujah" de Jeff Buckley.

    Oh c’est plombant, ça, s’écria Meredith. Déprime garantie pour tout le monde !

    Oui, j’ai arrêté le jour où mon père a menacé de me mettre à la porte si j’écoutais encore une seule fois cette chanson, lui confia Brian. Je n’ai pas osé prendre le risque.

    Meredith éclata de rire en renversant la tête en arrière. Bel instinct de survie !

    Voir la complicité qu'elle avait avec cet inconnu, l’écouter parler avec ce type de choses qu’elle n’avait jamais évoquées avec lui énerva Derek. C’était comme si elle l’excluait de son monde au profit de ce petit con. Et la remarque qu’avait faite Callie sur leur âge l’avait renvoyé à une réalité qu’il avait réussi à oublier ces derniers temps, mais qui venait de lui rappeler cruellement que quinze ans le séparaient de Meredith et que cet écart demeurerait toujours entre eux, même pour les choses les plus insignifiantes comme les goûts musicaux. Enervé, il se résolut à enfin se mêler à la conversation. Nous voilà bien loin d’Alicia Keys ! Timberlake, Chris Brown, Ne-Yo, vous êtes plutôt amateur de R’n’B que de soul, il me semble.

    Parce que selon vous, apprécier les deux genres, c’est impossible ? demanda Brian en souriant.

    Ce mec au sourire Ultra Brite commençait à lui taper sérieusement sur les nerfs. Jamais un mot plus haut que l’autre. Toujours souriant. Trop gentil, trop lisse, trop parfait. Disons que cela me semble contradictoire, répondit sèchement Derek en ignorant le regard mécontent de sa petite amie. Il était ridicule et il le savait mais il aurait tout donné pour voir l’autre se départir de son calme et alors, là, oui, il aurait un bon motif pour lui mettre son poing dans sa figure d’angelot.

    Alors c’est que je suis quelqu’un de contradictoire, concéda Brian. Il sentait que son interlocuteur n’attendait qu’un faux pas de sa part pour lui régler son compte. Outre qu’il n’était pas absolument pas violent, il n’avait aucune envie de lui faire ce plaisir. Cependant, comme il n’était pas d’une patience à toute épreuve, il décida qu’il valait mieux ne pas s’attarder. Il se tourna vers Callie. On y va ? La jeune femme n’attendait que ça, elle fut debout avant même qu’il ne termine sa phrase.

    Meredith les imita. Qu'est-ce que vous avez prévu de faire ? demanda-t-elle de façon totalement ingénue.

    Ils se tournèrent tous vers elle en souriant, et Derek se sentit fondre en voyant ses grands yeux innocents s’écarquiller d’étonnement. Meredith, murmura-t-il en levant légèrement les yeux.

    Comprenant alors ce que sa question avait d’indélicat, la jeune fille devint rouge écarlate. Oh pardon, dit-elle. C’est pas ça que je voulais dire. Je ne dois pas savoir. Vous pouvez aller où vous voulez pour faire… ce que vous avez à faire, bafouilla-t-elle en ayant l’impression de s’enfoncer un peu plus à chaque mot.

    Mark mit sa main devant la bouche pour cacher qu’il riait. Ah il adorait cette fille ! Tellement naïve ! Et là, elle s’enferrait, ne sachant plus comment se sortir du guêpier où elle s’était fourrée.

    Ne dis plus rien, bébé, conseilla tendrement Derek à son amie.

    Brian s’avança vers celle-ci pour lui donner l’accolade. J’ai été ravi de faire ta connaissance, Meredith. 

    Moi aussi, assura-t-elle. Il y avait longtemps que je n’avais plus parlé de Justin et Britney. C’était sympa.

    Brian lui fit un clin d’œil. C’est quand tu veux pour recommencer.

    Derek sentit son estomac se tordre sous l’effet de la jalousie. Recommencer ? Ce ne serait pas demain la veille ! Si Callie voulait se faire sauter par un minet, libre à elle mais plus ici ! Elle n’allait pas lui gâcher toutes ses soirées. Donnie avait été une catastrophe mais avec lui, au moins, il n’y avait aucun risque que Meredith se laisse séduire, tandis qu’avec Brian… A partir de demain, Callie irait baiser ailleurs, il allait se charger de le lui faire comprendre.

    Brian s’écarta de Meredith pour tendre la main à Derek qui était toujours assis. Bonne soirée.

    Il resta la main en suspens jusqu’à ce que sous la pression des yeux de Meredith, Derek daignât se lever pour le saluer. Bonne soirée. Enfin, bonne nuit est sans doute plus approprié, ne put-il s’empêcher d’ajouter. Meredith le foudroya du regard.

    Si vous préférez… Brian serra la main de Mark avant de reprendre celle de Callie. Ils allaient sortir de la pièce quand le jeune homme se retourna vers Meredith. Tu sais, c’est normal que tu aies peur. Pour tes études. Mais n’oublie pas, la peur est mauvaise conseillère. Ne la laisse pas te freiner. Fonce, Meredith, fais ce que tu as envie de faire. Et si tu te plantes, ce n’est pas grave. Tu n’auras pas de regrets à avoir. Au moins, tu auras essayé. Impatiente, Callie le tira pour l’emmener au rez-de-chaussée.


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