• Comme si tu ne le savais pas ! répliqua Meredith avec un air ironique. Quand vous avez joué au sandwich avec Laurel et les autres, tu as dû le voir.

    Si tu crois que c’est lui que je regardais à ce moment-là ! s’indigna Mark. Et puis, dis donc, je ne suis pas un pervers.

    Meredith sourit. Eh bien, dans ce cas-là, tu vas devoir me croire sur parole quand je te dis que le sexe de Derek est bien large. Les filles avaient raison !

    Mark ouvrit le dernier point. Ouais, je vois, elles ont raison quand ça t’arrange, bougonna-t-il.

    Non, elles ont raison quand elles ont raison, rétorqua Meredith. Et ce n’est pas le cas quand elles décrivent Derek comme une brute égoïste qui ne pense qu’à son plaisir. Il est tout le contraire. Et lui aussi, c’est le roi des préliminaires.

    Mark hocha la tête. Ah non, ça, c’est pas possible ! Il ne peut y avoir qu’un roi et c’est moi. Derek, c’est un prince, éventuellement.

    Je ne suis pas d’accord, s’obstina Meredith. Il m’a fait découvrir des sensations que je ne soupçonnais même pas.

    Mark se mit à rire. Ma pauvre chérie, tu n’étais pas une référence, excuse-moi de te le dire. Meredith le frappa légèrement sur le torse. Tu ne devrais pas faire ça, la mit-il en garde. Surtout pas en ce moment. Je tiens ton sort entre mes mains. Il se pencha et regarda de près la cicatrice. Hmm… pas d’adhérences.

    Inquiète, Meredith s’agrippa au montant du lit. Ça veut dire quoi ?

    Ça veut dire ça. Mark tira sur le fil du premier point. Ensuite, il l’agita sous le nez de Meredith. Et de un !

    L’expression de Meredith indiqua qu’elle était autant surprise que ravie. Mais je n’ai rien senti !

    Je te l’avais dit ! Mark retira le fil du second point. Pour en revenir à ce qu’on disait avant, donc, si je te suis, je devrais partager ma couronne avec Derek ?

    Ou bien carrément la lui donner, suggéra Meredith avec un petit sourire. Après tout, je ne sais pas du tout à quel niveau s’élèvent tes compétences.

    Mark ricana doucement. Mais il ne tient qu’à toi de vérifier, ma belle !

    Meredith fit comme si elle était effrayée par la proposition. Non, ça ira, merci ! Je vais te croire sur parole. Et puis, je m’en fous de ta couronne. Tu peux la garder. Avec ou sans, Derek reste le roi pour moi. Quand il me… Elle réalisa ce qu’elle était sur le point de dire et rougit. Enfin, tu me comprends. Eh bien, à chaque fois, je perds la tête et il n’y a plus rien d’autre qui compte. Et quand je… quand je jouis, poursuivit-elle dans un murmure, c’est comme si je m’élevais dans les airs, ou que je sortais de mon corps, je ne sais pas. Et je voudrais que ça ne s’arrête jamais. Elle avait le regard rêveur et Mark comprit qu’elle n’était plus avec lui, mais avec Derek. Après quelques secondes de silence qu’il mit à profit pour retirer les derniers points, elle recommença à parler. Tu vas sûrement trouver ça bizarre mais hier, écouter Linda parler de sexe toute la soirée, ça m’a excitée, avoua-t-elle.  

    Tu as bien du mérite. Moi, ça a eu l’effet inverse, marmonna Mark en examinant la plaie dont il venait d’enlever les points.

    Meredith pouffa de rire. Oh je pense que tu y serais quand même arrivé si Ricardo n’avait pas fait son apparition surprise.  

    Mark lui fit un clin d’œil malicieux. Sûrement ! Avec beaucoup de bonne volonté. Donc, cette chère Linda a des effets positifs sur ta sexualité ?

    Elle rit encore. Je n’aurais pas dit ça comme ça mais oui, d’une certaine façon. Tu vois, quand on était aux toilettes, elle m’a parlé de son film, et de ce qu’elle devait faire pour devenir une star, et ça ne m’a pas mise mal à l’aise du tout. Au contraire, j’ai été capable d’en rire. Et ça m’a donné l’impression que je commençais à m’en sortir, alors, quand on est rentré… Au souvenir de ce qui s’était passé, le rose lui monta aux joues. Je me suis retrouvée sur ta table de cuisine, nue et en cuissardes, et Derek qui… Elle poussa un petit soupir dans lequel transparaissait un peu de nostalgie. C’était bien, commenta-t-elle sobrement.

    L’image fut tellement violente que Mark eut l’impression d’assister à la scène en direct. Il en eut des frissons. Jamais encore il n’avait ressenti de telles choses. Bien sûr, il avait déjà fantasmé sur une femme, mais à ce point… L’espace d’une seconde, il se demanda s’il n’était pas temps d’entamer une thérapie. Il essaya de reporter son attention sur son travail mais tout ce qu’il vit, c’est l’expression de la jeune fille. L’amour qu’elle éprouvait pour Derek l’illuminait. Je crois que tu as raison. Derek est un roi, lui aussi, admit-il presque à contrecœur.

    C'est le mien en tout cas, conclut-elle en toute simplicité.

    Voilà, c’était dit ! Elle était son amie et ne serait jamais rien de plus, même si affinités. C’était inutile d’espérer. Mark se dit que, oui, vraiment, il devait arrêter de rêver de cette fille, surtout de la façon dont il le faisait. Mais adopter de bonnes résolutions était une chose, les appliquer en était une autre. Et il était conscient de son manque de volonté en la matière. Et donc, si l’occasion se présentait encore… Il se résigna immédiatement à l’idée qu’il serait encore la victime consentante de ses désirs inavouables.


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  • Une fois cette question réglée, Mark put à nouveau se consacrer pleinement à l’examen de son chef-d’œuvre. Car, franchement et en toute modestie, il devait bien avouer qu’il s’était surpassé. Oh bien entendu, en regard des autres cas dont il avait eu à s’occuper, celui de Meredith n’était pas compliqué mais la façon dont il avait suturé ses plaies était un modèle du genre. Je suis un grand ! s’écria-t-il. Ce que Dieu avait fait, je l’ai refait.

    Tu es content du résultat ? s’enquit Meredith, soudain inquiète.

    Content ? Enchanté, tu veux dire ! Mark se leva et alla chercher des lunettes loupes dans un placard. Il revint vers Meredith et l’examina plus en détail, lésion par lésion. Superbe ! Magnifique ! Parfait ! Il le lui avait promis et il avait réussi. Dans quelques temps, elle ne conserverait plus aucune trace physique de son agression. C’est comme s’il ne t’était rien arrivé.

    C’est vrai ? chuchota-t-elle. Mark alla prendre un miroir qu’il revint lui donner. Il l’observa qui plaçait le miroir avec angoisse devant son visage, y jetant d’abord un regard furtif, de peur sans doute d’y voir un aspect d’elle-même qu’elle redoutait, avant de s’y admirer sans retenue. Le sourire qui s’afficha sur son visage, de plus en plus large, fut la plus belle récompense que le chirurgien ait jamais reçue. Folle de joie, la jeune fille sauta en bas de la table d’examen pour sauter au cou de son ami. C’est vrai que tu es le meilleur ! Pardon d’avoir douté et de t’avoir mené la vie dure. Et merci pour ce que tu as fait, et ta patience, et pour tout. Après l’avoir embrassé sur la joue, elle recommença à se regarder dans le miroir. 

    Mark regretta que sa tâche auprès d’elle s’arrête ici. Il avait aimé ces moments où la médecine lui avait servi d’alibi pour justifier sa proximité. De plus, il n’avait jamais eu la chance d’avoir une si jolie patiente qui le remerciait d’un baiser. Quel prétexte pourrait-il encore trouver maintenant pour en recevoir d’autres ? C’est en soupirant qu’il remit son matériel en place. Quand il eut terminé, Meredith était toujours occupée à se regarder, prenant la pose, la tête penchée tantôt sur la droite, tantôt sur la gauche, parfois légèrement en arrière, afin de vérifier que, quel ce soit l’angle de vision, les marques étaient désormais presque invisibles. Rends-moi mon miroir. Si je te le laisse, tu vas me l’user, marmonna-t-il sur un ton bourru, pour cacher qu’il était enchanté de la voir aussi heureuse.

    Rabat-joie ! lança-t-elle en lui rendant le miroir.

    Ouais et tant que j’y suis, quand on sera à Aspen, il faudra bien te protéger du soleil, lui apprit-il. Tu devras utiliser un écran solaire à très fort indice. Sinon, la peau autour de la cicatrice risque de subir un phénomène d'hyperpigmentation, avec une coloration brun foncé.

    Meredith se renfrogna. Comme casseur d’ambiance, on ne fait pas mieux !

    Et il faudra te tartiner de crème abondamment et régulièrement, toutes les deux heures au moins, ajouta-t-il sans se soucier de sa remarque. Elle fit une petite moue mais acquiesça d’un signe de tête. Bon, et maintenant, on va aller bosser, jeune fille, sinon pas de vacances ! menaça Mark.

    Meredith le regarda avec une expression espiègle dans les yeux. Oui, papa !

    Je ne suis pas assez vieux pour être ton père, dieu merci, fit-il remarquer, en souriant malgré lui. C’était vrai qu’il était quelque peu ridicule à ronchonner ainsi. Allez, viens, je te raccompagne. Il lui ouvrit la porte et une fois sorti de la salle, la prit par les épaules pour la guider vers son bureau.

    Elle se dégagea en riant. Je ne vais pas me perdre, tu sais. Je connais bien le chemin maintenant.

    Ouais je sais, grommela Mark. Mais je veux être sûr que tu vas vraiment te mettre au travail et pas encore aller traîner dans je ne sais quelles toilettes.

    Meredith ouvrit de grands yeux en feignant d’être profondément scandalisée. Eh bien, la confiance règne ! 

    Oh je connais trop bien les femmes que pour leur faire vraiment confiance, répliqua Mark.

    Meredith leva légèrement les yeux au ciel. Toi, connaitre les femmes ? Fais-moi rire ! Comme si tu faisais l’effort d’apprendre à les connaitre !

    Bien sûr que je fais l’effort ! riposta Mark. Quand elles en valent la peine. Malheureusement, il n’y en a pas beaucoup, crois-moi. Il ouvrit la porte de son bureau et fit passer la jeune fille devant lui. Si Mademoiselle veut bien entrer ! Il avança jusqu’à son bureau et jeta un œil aux quelques dossiers qui traînaient dessus. Tu crois que tu auras tout fini aujourd’hui ?

    Si tu ne continues pas à m’empêcher de travailler, je devrais y arriver, oui, répondit Meredith du tac au tac. Alors, cher Dr Sloan – elle le tira d’abord par le bras pour l’éloigner du bureau puis le poussa dans le dos jusqu’à la porte – allez voir ailleurs si je n’y suis pas. Après l’avoir mis dehors, elle sourit en l’entendant râler dans le couloir.

    Non mais j’y crois pas ! Je viens de me faire foutre à la porte de mon bureau. On ne me l’avait encore jamais faite, celle-là. On en reparlera, tu peux me faire confiance. Tu vas voir à Aspen !


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  • Meredith était en train d’ouvrir les différents tableaux Excel dont elle avait besoin quand elle remarqua une pile de fins dossiers en plastique posés sur la gauche du bureau, qu’elle n’avait pas encore vus avant. Mark Sloan ! Je passe mon temps à mettre de l’ordre et toi, tu déranges tout, ronchonna-t-elle. Elle prit le dossier qui était au sommet de la pile. D’après le titre qui figurait sur la couverture, le contenu concernait les greffes en filets autologues. Curieuse – elle n’avait aucune idée de ce que c’était – Meredith ouvrit le dossier. De la lecture des premières feuilles, qui étaient toutes manuscrites, elle comprit rapidement que Mark avait l’intention de publier ses recherches sur ce type de greffes. Elle se plongea dans ses notes et se passionna très vite pour le sujet, découvrant avec étonnement que les tissus utilisés pour la greffe provenaient du patient lui-même. Il s’agissait de morceaux de peau restés intacts qui étaient utilisés afin de soigner les zones endommagées. Cela permettait de multiplier par trois la surface couverte par l’échantillon de peau, le principal avantage étant de pouvoir réaliser une greffe permanente sans risque de rejet puisque c’était la propre peau du patient qui était greffée. La jeune fille lut avec un grand intérêt qu’une technique de culture cellulaire permettait d’obtenir, à partir de quelques centimètres carrés de peau prélevée sur le patient, une surface de plusieurs mètres carrés. Cependant, l’inconvénient, c’était qu’il fallait compter trois à cinq semaines pour obtenir la surface désirée. Pendant ce temps-là, le patient restait sans protection, avec tous les risques d’infection que cela comportait. Voilà ce à quoi Mark voulait remédier. Tout au long de sa lecture, Meredith avait remarqué dans la marge les annotations qu’avait faites le chirurgien. Il en ressortait qu’il devait encore trouver beaucoup d’articles sur le sujet, pour compléter ses recherches. Il avait noté le titre de ces publications, ainsi que leurs auteurs et leurs dates de parution. Il avait également prévu de contacter d’autres chirurgiens qui avaient étudié le sujet, et à qui il voulait demander leur avis. Meredith décida d’essayer de l’aider. Non seulement, cela l’intéressait de faire ces recherches qui restaient à sa portée, mais aussi elle voulait remercier Mark à sa façon, pour tout ce qu’il avait fait pour elle.

    A la fin de la matinée, elle avait trouvé toutes les publications dont Mark pensait avoir besoin. Elle avait créé un fichier dans lequel elle avait consignés tous les liens menant aux articles et quand ceux-ci n’étaient pas trop volumineux, elle les avait imprimés et classés par genre et par ordre chronologique. Ses recherches l’avaient amenée à trouver d’autres articles sur le sujet, qu’elle avait également recensés. Enfin, elle avait noté les coordonnées des chirurgiens que Mark voulait contacter. Elle était en train de classer le fruit de ses recherches dans des chemises de couleur quand la porte s’ouvrit sur les deux chirurgiens.

    Mark m'a dit qu'il t'avait enlevé les points de suture, déclara Derek en se précipitant sur elle. Alors, je viens voir s’il a bien travaillé.  

    Ça peut aller, dit-elle en souriant.  

    Vaut mieux entendre ça que d’être sourd, bougonna Mark en feignant d'être vexé.

    Derek fit lever son amie de son fauteuil pour l’amener à la fenêtre afin d'avoir plus de luminosité. Peinant à dissimuler son anxiété, malgré toute la confiance qu’il avait en Mark, il lui fit tourner son visage dans tous les sens. Petit à petit, il se détendit jusqu'à ce que ses lèvres s'étirent en un large sourire. Le résultat dépassait toutes ses espérances. C’est miraculeux. Il passa délicatement le bout de son index sur une des anciennes lésions. Elle a presque déjà disparu. Et là… – il se rapprocha pour mieux examiner la trace des points que son ami avait enlevés – la cicatrice s’atténue déjà. Bientôt, on ne verra plus rien.

    Tu crois ? demanda Meredith.

    Quoi ? Tu doutes encore ? s’exclama Mark, scandalisé.

    Mais non, mais… Meredith le regarda avec un air embarrassé. Comment lui dire sans le vexer que le seul dont l'avis comptait vraiment pour elle, c'était Derek.

    Tu ne dois plus douter ni avoir peur, assura ce dernier. Tu n’auras aucune séquelle. Mark ne t’a pas menti.

    Ah tout de même ! Ça fait plaisir à entendre ! Mark attendit en vain une réaction. Derek avait pris Meredith dans ses bras et caressait son visage, les yeux plantés dans les siens. Mark leva les yeux au ciel lorsque son ami prit les lèvres de sa belle pour un baiser passionné. Ne la distrais pas, elle a encore du boulot, ne put-il s’empêcher de dire après quelques secondes.

    Derek se détacha à regret, tout en gardant son amie contre lui. Elle peut bien s’accorder une pause tout de même.

    Et quoi encore ? protesta Mark. Elle est payée pour bosser, pas pour glander, et encore moins pour flirter. Il défia la jeune fille du regard, s’apprêtant à riposter à la vanne qu’elle ne manquerait pas de lui envoyer et se réjouissant déjà de l’échange qu’ils allaient avoir.

    Moi, je glande ? répondit-elle du tac au tac. C’est l’hôpital qui se fout de la charité ! T'avais plus classé tes dossiers depuis genre, trois ans, et c'est moi qui glande ? Plutôt que de chasser la minette dans les couloirs, tu ferais mieux de t'y mettre parce que je ne serai pas toujours là.

    Derek hocha lentement la tête de gauche à droite avec un air découragé. Est-ce que vous pourriez, pour une fois, éviter de vous chamailler ? Vous êtes pires que des gosses. Mais, quoiqu’il en dise, lui aussi était amusé par leurs fausses disputes.


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  • Je suis désolé, mais c’est elle qui me cherche, là ! fit remarquer Mark.

    Ça, c'est la meilleure, répliqua aussitôt Meredith. Tu me traites de feignasse mais c'est moi qui te cherche ! J'ai tellement glandé que j'ai quasiment fini tous tes tableaux et que j'ai même travaillé sur tes recherches.

    Mes recherches ? Quelles recherches ? l’interrogea Mark, soudain inquiet.

    Ben, les greffes en filets autologues.

    Oh bon sang ! Qu’est-ce que tu as fait, malheureuse ? Mark se précipita sur son bureau pour constater les dégâts. Qu’est-ce qui t’a pris de toucher à ça ?

    Inutile de paniquer. Elle n’a pas pu faire grand-chose de mal, tempéra Derek.

    Mais non. Je n'ai touché à rien, bafouilla légèrement Meredith, mortifiée à l'idée d'avoir peut-être compromis le travail de Mark. J'ai juste lu tes notes et j'ai fait des recherches sur base de tes annotations. Je voulais juste t'aider un peu, c'est tout. 

    Les deux chirurgiens échangèrent un regard interloqué. Montre-nous ce que tu as fait, la pria Derek en la ramenant au bureau. Il prit un siège pour s’installer à côté d’elle tandis que Mark se plaçait derrière lui en se penchant au-dessus de son épaule.

    Meredith mania la souris de l'ordinateur pour ouvrir les documents Word qu'elle avait créés. En fait, je n'ai pas fait grand-chose. J'ai juste cherché tous les articles dont tu avais besoin et j'en ai rajouté d'autres que j'ai trouvés, indiqua-t-elle en montrant son premier fichier avec la liste des liens. Je t'en ai aussi imprimé quelques-uns, quand ils n'étaient pas trop longs, et je les ai classés par genre et par date. J'étais en train de les classer dans ces chemises quand vous êtes arrivés. Elle posa furtivement la main sur les chemises de couleur avant de cliquer sur le deuxième document Word. Et là, c'est la liste des chirurgiens que tu voulais contacter, avec leurs coordonnées. Elle leva la tête vers Mark. En faisant mes recherches, j'en ai trouvé d'autres, alors, je te les ai mis aussi. Elle attendit le jugement de ses amis avec appréhension.

    Ils étaient stupéfaits. Non seulement elle avait eu la curiosité de découvrir un sujet qui a priori était tout à fait à l'opposé de ses centres d'intérêts – combien de fois ne leur avait-elle pas dit qu'elle détestait tout ce qui se rapportait de près ou de loin à la science, et que de toute façon elle n'y comprenait rien – mais en plus, elle semblait avoir parfaitement assimilé la matière, assez du moins que pour faire des recherches sur Internet, repérer ce qui était vraiment utile et le mettre en rapport avec ce que Mark avait déjà fait. Le genre de travail que certains étudiants avaient du mal de mener à bien. Que de talent gâché ! pensèrent-ils tous deux sans se concerter.

    Alors qu'un petit sourire plein de fierté naissait sur les lèvres de Derek, ce qui rassura un peu la jeune fille, Mark consulta les articles qu'elle avait imprimés et remarqua qu'elle avait surligné en rose fluo certains passages, en notant dans la marge si cela confirmait ou contredisait ce qu'il avait relaté dans ses notes, avec le numéro de la page où cela se trouvait, en prime. Il en déduisit logiquement qu'elle avait lu ces articles aussi et surtout, qu'elle les avait compris. Meredith, tu me fais chier ! Franchement, tu me fais chier ! cria-t-il, hors de lui.

    La jeune fille, qui ne s'attendait pas du tout à cette réaction, fut directement au bord des larmes. Je suis désolée. Je ne voulais pas… Je voulais simplement te donner un coup de main.

    Derek l'enlaça par les épaules pour la ramener contre lui tout en jetant un regard assassin à son meilleur ami. Du calme, lui ordonna-t-il d’un ton ferme. Je ne vois pas ce que tu lui reproches. Moi, je trouve que son travail est excellent.

    Mais oui, moi aussi, rétorqua Mark. C’est bien là le problème. Il vit dans l'expression de ses camarades qu'ils ne comprenaient pas son attitude. Bordel, pourquoi perd-t-elle encore son temps dans cette boutique de merde ? lança-t-il en s’adressant plus particulièrement à Derek. Bon sang, tu le sais, toi, combien ce sujet est difficile ! Et elle a compris ! Elle a tout compris, Derek !

    Ce dernier libéra Meredith qui était en train de sécher ses larmes. Je sais, Mark. Je ne suis pas idiot.

    Alors pourquoi reste-t-elle dans cette boutique de malheur ? s'écria Mark. Tu le sais, toi ? Il écarta les deux bras en signe d’ignorance. Parce qu’alors, il faudrait que tu m’expliques.

    Derek leva en l'air ses deux mains grandes ouvertes. Ah ça ! C’est un sujet que j’ai déjà abordé maintes fois et je me suis à chaque fois cassé les dents. Alors si tu veux t’y attaquer, libre à toi !

    Avec ta méthode, c’est clair que tu ne vas arriver à rien, estima Mark en levant les yeux au ciel. Tu es beaucoup trop conciliant avec elle. Je t’ai connu plus incisif, mon vieux !

    Meredith rangea son mouchoir dans sa poche en le foudroyant du regard. Tu voudrais quoi ? Qu'il me flanque une raclée ?

    Eh bien, pourquoi pas si ça marche ! asséna Mark avec force. Derek hocha la tête en souriant. Nom de Dieu, Mer, quand est-ce que tu vas te décider à te bouger ? poursuivit Mark, de plus en plus irrité. Tu comptes encore perdre beaucoup de temps à vendre des donuts ?


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  • Tu crois que si j’avais le choix je ne serais pas déjà inscrite dans une université, pour faire ce que j'aime vraiment ? objecta Meredith avec de la colère dans la voix. Elle en avait assez qu'on lui reproche un manque d'ambition qu'elle n'avait pas.

    On a toujours le choix ! affirma Mark. Si tu veux vraiment quelque chose, tu n’as qu’à te donner les moyens de l’avoir.

    Il n’a pas tort, intervint prudemment Derek en posant la main sur l'épaule de son amie.

    Elle ricana. Oui, ça, c'est facile à dire quand on est blindé !

    Le visage de Mark se ferma instantanément. Ah parce que nos familles étaient riches, tu crois que tout nous est tombé tout cuit dans la bouche ? Qu'on a fait tout ce qu'on voulait sans problèmes ? Tu ne connais rien de notre vie, Meredith. Alors, abstiens-toi de nous juger. Il fit un geste du bras en direction de Derek. Tiens, demande-lui. De l'argent, il en avait, et beaucoup, crois-moi. Demande-lui donc si ça a été si facile pour lui.

    Meredith se souvint de ce que Derek lui avait raconté au sujet de son choix d'université et supposa que c'était à cela que Mark faisait allusion. Je suis au courant. Il voulait aller à Harvard ou John Hopkins, mais son père l'a forcé à aller à Berkeley. Et tu l'as suivi, par amitié. C'est moche de la part de son père mais excusez-moi, il y a pire que Berkeley. C'est un peu se plaindre d'aise.  

    Mark ne cacha pas qu'il n'appréciait pas la remarque. Encore une fois, tu parles sans savoir.

    Pourtant, c'est pas faute d'avoir essayé, rappela la jeune fille avec amertume. Mais à chaque fois que je pose des questions, on me dit que ça ne vaut pas la peine d'en parler. Alors après, faut pas me reprocher ce que je ne sais pas.  

    Derek ne put s'empêcher de sourire. Le reproche était clair même s'il était formulé à mots couverts. Ce n'est pas de moi dont il est question, bébé. Elle répondit par un léger rire sardonique.  

    Il a raison ! approuva Mark. Je ne vois pas en quoi ce qu’il a vécu, il y a plus de quinze ans, peut influer sur ton désir de faire des études. Tu veux ou tu veux pas ?

    Bien sûr que je veux ! Meredith sortit de derrière le bureau pour faire les cent pas dans la pièce. C'est pour ça que je suis venue ici. Mais ça fait deux ans que je retourne le problème dans la tête et je ne vois pas d'autre solution que celle que j'ai choisie. Même en visant une université peu cotée, ça me coûterait environ quarante-cinq mille dollars par an. Bien sûr, je pourrais faire un prêt mais que se passera-t-il si j'échoue ? Il faudra que je rembourse le prêt quand même, souligna-t-elle. Avec quoi ? En mettant ma mère à la rue ? Jamais de la vie !

    Mark leva à nouveau les yeux au ciel. Mais tu réussirais sans problèmes !

    Peut-être mais je ne suis pas prête à courir le risque, s’entêta Meredith.

    Donc, tu renonces ? Mark fit une moue désabusée. Tu me déçois, Meredith. Je ne te voyais pas comme ça.

    Mais non, je ne renonce pas, cria-t-elle, énervée autant par l'incompréhension qu'il manifestait que par l'idée de le décevoir. Je ne fais que reporter d'une année ou deux. Le temps de mettre de l'argent de côté.

    Vu ce que la mégère te paie, tu commenceras tes études à l’âge où d’autres partent à la retraite, ironisa Mark.

    Au lieu de critiquer tout ce que j'ai dit, donne-moi une solution, riposta Meredith.

    Mark pointa un doigt accusateur sur elle. Plutôt que d’investir ton argent dans cette boutique, tu aurais dû l’utiliser pour tes études. Ça aurait été un placement intelligent au moins !

    Mais n'importe quoi ! couina-t-elle. J'avais de l'argent pour payer les travaux et acheter du matériel, mais pas pour payer l'unif pendant quatre ans. Elle se tourna vers Derek en quête de son soutien.

    Il le lui apporta. Elle a raison. Ou alors, je sors avec une riche héritière sans le savoir, plaisanta-t-il pour détendre l'atmosphère qui devenait électrique.

    Mark souffla bruyamment. Moi, je ne dis plus rien ! De toute façon, quoique je dise, j’ai toujours tort.

    Derek fut agacé par la mauvaise foi de son ami et son obstination à faire des reproches à Meredith aussi, ce qui risquait de la culpabiliser On n'a jamais dit ça, Mark. Mais il faut reconnaître que les arguments de Meredith se tiennent et je comprends ses scrupules par rapport à sa mère. Il s’adressa ensuite à la jeune fille. Il y a peut-être un moyen de réaliser ton rêve. J’ai l’impression que les affaires sont plutôt florissantes à la boutique. Quelle que soit l’heure à laquelle on passe, c’est toujours plein. Et vu ce qu’on te paie, je pense que les bénéfices ne sont pas négligeables. Il regarda Mark avant de revenir sur Meredith. Pourquoi ne pas demander à récupérer ton investissement, réclamer ta part des bénéfices, et utiliser cet argent pour payer le début de tes études ?


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