• Vingt minutes plus tard, ils arrivaient sur la côte. Meredith aperçut une bâtisse blanche, assez imposante, qui était située au bord d’une petite falaise.

     photo Cliff House_zpsozq8df7p.jpg

    C’est là ? demanda la jeune fille.

    Derek acquiesça. Oui, c’est la Cliff House. J’y suis venu il y a quelques années, et j’avais bien mangé. Et la vue est belle. Il arrêta sa voiture sur un emplacement de parking devant l’établissement. En plus, c’est un lieu historique.

    Oh raconte !

    Je vais te raconter en marchant. Après qu’il soit venu lui ouvrir la portière, ils avancèrent lentement vers l’entrée du restaurant. La première Cliff House a été construite à la moitié du dix-neuvième siècle. C’était un restaurant très prisé par la haute société. Une vingtaine d’années plus tard, un bateau chargé de dynamite s'est écrasé sur la falaise. Une grande partie de la bâtisse a été détruite par l’explosion. Elle a été reconstruite mais quelques années après, il y a eu un incendie qui a quasiment tout détruit, expliqua Derek à une Meredith très intéressée. Le propriétaire a reconstruit en s’inspirant d’un château français. C’est alors devenu un hôtel-restaurant à nouveau très fréquenté par la haute société, avec des galeries d’art, des salles d’exposition et sept piscines couvertes. Malheureusement, au début du vingtième siècle, un autre incendie a tout détruit en moins de deux heures.

    Oh non, quelle malchance ! s’écria Meredith.

    Derek sourit. Oui, c’est le moins qu’on puisse dire. Les propriétaires ont encore reconstruit mais cette fois, en plus petit, et surtout en béton et en acier, ce qui a enlevé au bâtiment son caractère architectural d’origine, poursuivit-il. Et le restaurant n’a plus jamais connu le même succès. La première guerre mondiale et la prohibition n’ont rien arrangé. Mais dans les années septante, les administrateurs du Parc National du Golden Gate ont racheté le bâtiment et l’ont restauré en se basant sur le bâtiment du début du siècle. Et depuis, c’est un endroit très couru par les touristes.

    Meredith le regarda avec un air étonné. Mais comment est-ce que tu sais tout ça ?

    J’aime bien savoir où je vais, répondit Derek. Tu as faim ? Elle fit signe que oui. Ils entrèrent dans le bâtiment.

    De l’assurance, un brin de morgue, quelques palabres et un billet discrètement glissé dans la main du chef de salle permirent à Derek, bien qu’il n’ait fait aucune réservation, d’obtenir une table située en front de mer. 

     photo Cliff House inside_zps5kecifvb.jpg

    Meredith y prit place en regardant par la fenêtre avec un air ravi. D’un côté, elle pouvait voir les vagues s’échouer sur Ocean Beach, de l’autre, les promontoires accidentés et les ruines des anciennes piscines, et devant, de l’eau à perte de vue avec à quelques mètres du restaurant, des rochers sur lesquels se prélassait une colonie de phoques.

    Assis l’un en face de l’autre, les amants prirent connaissance du menu en se tenant la main, au-dessus de la table. Ils choisirent des cakes au crabe et du homard qu’ils dégustèrent en admirant le paysage. Deux heures plus tard, ils quittaient le restaurant, rassasiés et légèrement grisés par le vin qu’ils avaient bu. Tu as bien mangé ? se renseigna Derek, en remontant le col du manteau de Meredith pour qu’elle ne prenne pas froid.

    Oui, c’était excellent. Les yeux brillants, elle leva la tête vers lui et lui tendit ses lèvres.

    Il les embrassa tendrement. Qu’est-ce que tu veux faire maintenant ? Tu veux rentrer ? Il pria pour qu’elle accepte, en espérant qu’elle le laisserait encore la toucher, la caresser, comme il le faisait depuis quelques jours, et peut-être qu’avec un peu de chance, cette fois, elle aurait envie qu’il aille jusqu’au bout.

    Elle fit une petite moue en prenant un air désolé. Non, pas tout de suite. J’ai envie qu’on aille boire un verre quelque part.

    Bien que cela contrarie un peu ses projets, Derek fit bonne figure. Oh tu aurais dû le dire plus tôt. Ils ont un très chouette bar à cocktail ici. Il fit mine de rentrer dans le bâtiment.

    Meredith le retint en le prenant par la main. Je préférerais qu’on aille au Martuni’s.

    Derek parut surpris. Au Martuni’s ? Ah oui, bonne idée ! Je ne savais pas que tu appréciais tellement cet endroit.

    Evidemment que je l’apprécie ! s’écria Meredith. C’est sûrement le seul endroit dans cette ville où tu n’as jamais amené une de tes conquêtes. Alors, ça en fait notre endroit à nous, conclut-elle d’une voix douce. Derek fut ému de constater qu’elle avait le même sentiment que lui. Il l’enlaça par les épaules pour la ramener à la voiture.

    Le temps de traverser la ville, ils arrivaient au bar. Après que Derek eut échangé quelques mots avec le gérant pour prendre des nouvelles de sa femme, dont l’état de santé ne s’améliorait guère, ils furent accueillis par le serveur Walter, ravi de revoir le client sympathique et généreux qu’était le Dr Shepherd. Et votre fille, Walter ? Comment ça se passe à UCLA ? se renseigna celui-ci. 

    Ah les études, ça va, répondit Walter. Mais elle vient de rompre avec son copain, alors…

    Derek fit une petite grimace. Aie, aie. Les filles et leurs chagrins d’amour ! Il feignit d’avoir mal quand Meredith lui donna un léger coup de coude

    Walter soupira. Comme vous dites !


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  • Le serveur se tourna vers le couple. Attendez-moi un instant. Il alla jusqu’à l’alcôve favorite de Derek pour inviter le couple qui l’occupait à changer de table, ce qui mit Meredith très mal à l’aise.

    Elle oublia cependant l’incident lorsque Walter leur apporta la bouteille de champagne que Derek lui avait commandée. Est-ce que par hasard tu cherches à me saouler ? demanda-t-elle à son ami après qu’ils eurent légèrement entrechoqué leurs coupes et bu une gorgée de champagne.

    Non, pas du tout, assura Derek. Pourquoi ? Ça va être nécessaire ? Il lui jeta un regard en coin.

    J’espère pas, chuchota-t-elle, les joues roses.

    De toute façon, je ne ferais jamais ça, garantit Derek. Il se pencha vers elle pour lui parler à l’oreille. Je ne veux pas que tu sois ivre. Au contraire, je veux que tu saches ce que tu fais et je veux que tu aies envie de moi. Il posa sa coupe sur la table avant de prendre celle de Meredith pour la déposer aussi. Je veux que ton désir soit plus fort que tout, plus fort que ta peur, comme le jour où tu m’as laissé te caresser à Cloverdale.

    C’était un moment magique, murmura la jeune fille.

    On en aura d’autres, lui promit Derek. Il la poussa doucement contre le dossier de la banquette et se colla à elle, l’embrassant à pleine bouche, en même temps qu’il touchait sa poitrine du bout des doigts. Meredith poussa un gémissement discret dans lequel Derek reconnut l’expression d’une certaine impatience. Tout en continuant de lui caresser délicatement un sein, il lui releva lentement sa robe pour atteindre sa cuisse sur laquelle il promena sa paume. Le contact de la jambe gainée de soie le fit frissonner. Il remonta doucement sa main mais la retira aussitôt qu’elle arriva au contact du tanga. Je suis désolé. Je ne voulais pas. Mais tu me fais perdre la tête, confessa-t-il dans un souffle.

    Meredith tira sur sa robe pour la faire redescendre. Quel changement ! La première fois qu’on est venu ici, tu m’aurais sautée sur la banquette si je t’avais laissé faire, se moqua-t-elle gentiment. Et maintenant, tu me présentes des excuses.  

    Derek émit un petit rire joyeux. Oui, j’essaie de m’améliorer. Il lui rendit son verre et ils trinquèrent une nouvelle fois.

    Meredith but une gorgée de champagne en regardant distraitement les gens qui étaient assis aux tables voisines. Remarquant qu’elle était pensive, Derek lui prit la main. Hé ! Reste avec moi.

    Elle lui sourit. Mais oui. C’est juste que je pense à Aspen. Je me demande si je vais savoir skier.

    Mais oui, bien sûr ! Pourquoi tu ne saurais pas ? Derek posa la main sur le genou de la jeune fille. Je t’apprendrai. Tu verras, ce n’est pas si difficile.

    Tu fais du ski depuis longtemps ? se renseigna-t-elle.

    Depuis que je suis gamin, répondit-il sur la défensive, comme à chaque fois qu’il abordait de près ou de loin le sujet de son enfance. Il se dépêcha d’ailleurs de changer rapidement de sujet. Je suis sûr que tu vas adorer Aspen. Tu verras, c’est un endroit merveilleux pour les amateurs de ski. Il commença à s’enthousiasmer. La neige est exceptionnelle, tu peux y faire des rebonds incroyables. Le tout, c’est de se lever tôt, parce qu’alors, il y a très peu de monde sur les pistes. Les stars se lèvent tard pour aller skier, précisa-t-il devant le regard interrogateur de son amie.

    Bon à savoir ! Parce que je n’ai pas envie de me ridiculiser devant les paparazzis, plaisanta-t-elle. Elle portait sa coupe à ses lèvres quand elle aperçut une silhouette familière. Mark est là, prévint-elle. Derek suivit son regard et sourit largement en reconnaissant son meilleur ami.

    Meredith se leva pour faire signe à ce dernier mais Derek la fit rasseoir. Attends. Je ne sais pas s’il a envie qu’on le dérange. Meredith le regarda avec un air interdit. Il n’est pas venu seul, lui apprit-il.

    Ah bon ? Il est avec qui ? Elle fronça les sourcils. Je ne vois pas. Soudain, elle vit, à un mètre environ derrière Mark, une femme aux cheveux roux, presque oranges même, qui était vêtue d’une combinaison en tissu léopard très moulante, avec un décolleté plongeant qui dévoilait généreusement une opulente poitrine. Stupéfaite, Meredith resta la bouche ouverte. Non, tu crois ?

    Derek s’esclaffa. Oh oui, j’en suis même certain.

    Meredith se mit à rire aussi. Mon Dieu ! Mais où est-ce qu’il l’a trouvée, celle-là ?

    A mon avis, vu la taille de la poitrine, ça doit être une de ses patientes, présuma Derek, hilare.

    Et c’est permis, ça, de sortir avec une patiente ? l’interrogea Meredith, le sourcil froncé.

    Non, pas vraiment, mais… Derek haussa les épaules. C’est Mark.


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  • Ils observèrent, en faisant des commentaires parfois moqueurs, Mark qui discutait avec son étrange compagne, jusqu’à ce que Derek prenne Meredith par la main. On ne va quand même pas passer toute la soirée à jouer les voyeurs. Viens, on va danser.

    Mark allait faire signe à un serveur pour commander de nouvelles consommations lorsqu’il aperçut ses amis qui arrivaient sur la piste de danse. Merde ! grogna-t-il entre ses dents, en se tassant sur la banquette, comme si cela allait le faire disparaître à la vue de tous.

    Qu’est-ce qu’il y a, chouchou ? s’écria la jeune femme à côté de lui. Y a un problème ? Sa voix haut perchée fit se tourner vers eux les occupants des tables voisines, mettant Mark encore plus mal à l’aise.

    Derek, qui venait de croiser le regard embarrassé de son ami, avertit Meredith. Il nous a vus.

    Tu crois ? La jeune fille tourna aussitôt la tête vers la table de Mark, lequel sembla encore plus abattu. En souriant, elle lui fit un petit signe de la main

    Ah toi, pour la discrétion, tu es championne, ironisa Derek.

    Meredith fit une petite moue. On n’allait quand même pas continuer à l’ignorer. Viens, on va les saluer.

    Je ne suis pas sûr que ce soit… Derek n’eut pas le temps d’en dire plus que déjà elle le tirait par la main. Il la suivit en souriant. Il était évident qu’elle mourait d’envie de faire la connaissance de la femme qui était avec Mark et aussi, sans doute, de s’amuser un peu aux dépens de ce dernier.

    En les voyant arriver, Mark se leva, leur lançant un regard qui ressemblait à une mise en garde. Sans un mot, il serra la main de Derek avant de prendre Meredith dans ses bras pour lui donner une accolade qui se termina par un baiser sur la joue. Derrière lui, la femme en léopard s’était levée, attendant qu’il la présente. Comme il n’en faisait rien, elle resta debout, un sourire figé sur les lèvres.

    Bonsoir, dit Meredith en lui tendant la main. Je me présente, Meredith, et voici mon petit ami, Derek. Nous sommes des amis de Mark.

    La jeune femme leur serra la main. Moi, c’est Mia mais on me connait mieux sous le nom de Linda.

    Enchantée. Meredith regarda Mark avec un grand sourire. C’est marrant qu’on se retrouve ici. En plus, nous, on n’était pas censé venir.

    Oui, le hasard fait bien les choses, intervint Derek sur un ton quelque peu sarcastique.

    Mais vous n’allez pas rester ici, tout seuls, reprit Meredith. Il faut venir à notre table, ce sera plus sympa.

    C’est gentil mais on ne veut pas vous déranger, répondit Mark.

    A son grand désespoir, Derek apporta un soutien inattendu à Meredith, ce qui lui valut d’être immédiatement classé dans la catégorie des traîtres. Tu plaisantes ! Tu ne nous déranges pas et puis, ça nous donnera l’occasion de faire la connaissance de ton amie. Ignorant le regard furibond de Mark, il sourit à cette dernière en se demandant ce que son camarade trouvait attirant dans cette femme vulgaire, à la bouche débordant de gloss rouge carmin, et dont les paupières bordées d’immenses faux cils étaient outrageusement maquillées.

    Mark se tourna vers Linda en espérant qu’elle allait refuser. Mais bien entendu, elle accepta. Oh oui, ça peut être chouette. A la pensée du supplice qui l’attendait plus que probablement, Mark rentra la tête dans les épaules.

    Eh bien voilà ! C’est super, se réjouit Meredith. Vous nous suivez ?

    Ne sois pas trop vache avec lui, lui souffla Derek à l’oreille tandis qu’ils regagnaient leur table.

    Mais non, pas du tout, lui promit-elle.

    Linda se glissa sur la banquette. Oh, vous avez du champagne, constata-t-elle avec un regard plein de convoitise vers la bouteille qui refroidissait dans le seau. J’adore le champagne.

    Alors, laissez-moi vous en offrir une coupe, dit Derek avec un petit sourire. Il se tourna vers Mark, désabusé, qui hocha la tête en montrant son verre de whisky. Sur un signe de Derek, Walter apporta une coupe supplémentaire qu’il remplit de champagne.

    Ah il est pas mauvais ! jugea Linda après avoir bu une longue gorgée.

    Manquerait plus que ça ! Du Moët & Chandon à quatre-vingt dollars la bouteille ! pensa Derek.

    Meredith sourit à la jeune femme. Je ne voudrais pas avoir l’air d’être curieuse – Derek la regarda avec un air amusé – mais tu as dit qu’on te connaissait mieux sous le nom de Linda ? Comment ça se fait ?

    L’intéressée opina de la tête. C’est mon nom d’artiste. Linda Love.


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  • Derek haussa un sourcil. Un nom d’artiste ! Voyez-vous ça ! Il se tourna avec un grand sourire moqueur vers Mark.

    Linda crut bon de s’expliquer. Oui, comme Marilyn.

    Derek parut perplexe. Marilyn ?

    Oui, Marilyn Monroe. Linda se redressa fièrement comme si la notoriété de la célèbre actrice rejaillissait sur elle. En vrai, elle s’appelait Norma Jean Baker mais elle a pris Marilyn Monroe comme nom d’artiste.

    Oui, je sais. Derek se tourna vers son ami et celui-ci lut dans ses yeux qu’il ne voyait pas le rapport entre le pseudonyme de Linda et la star des années cinquante. Mark lui fit comprendre d’un petit signe de la main de ne pas insister.

    Donc, tu es actrice, présuma logiquement Meredith.

    En quelque sorte. Linda avança ses lèvres en cul-de-poule. Pour le moment, je fais surtout les anniversaires et les enterrements de vie de garçon. Meredith fronça les sourcils avant de lancer un regard plein d’incompréhension à Derek dont le sourire venait de s’élargir. Les temps sont durs, poursuivit Linda. Je passe plein d’auditions mais ce n’est pas facile. Il y a beaucoup de concurrence. Le mois dernier, j’ai passé une audition pour Docteur House mais je n’ai pas été retenue.

    Et tu as déjà joué dans quelque chose de connu ? demanda Meredith.

    Oui, j’ai déjà fait une apparition dans un épisode de la saison un de Californication, répondit Linda.

    Je ne connais pas cette série, avoua Meredith. C’est bien ?

    Derek sourit. Hmm c’est pas ton genre. Je ne crois pas que tu aimerais.

    Et c’était quoi comme rôle ? se renseigna Meredith.

    Celui d’une prostituée qui racolait dans la rue, révéla Linda. Derek mit discrètement sa main devant sa bouche pour camoufler son sourire moqueur. Malheureusement, la scène a été coupée au montage, regretta Linda. Mais bon, je ne perds pas espoir. Comme on dit, les jours se suivent mais ne se ressemblent pas. Et depuis quelques jours, j’ai de la chance, je dois le dire. On m’a engagée pour faire des extras au Little Darlings. Vous savez, le peep show sur Columbia Avenue.

    Derek faillit recracher la gorgée de champagne qu’il venait de boire. Excusez-moi, dit-il en toussotant, essayant de maitriser le fou rire qui menaçait d’éclater. J’ai avalé de travers. Le regard qu’il lança à Mark était éloquent.

    Evidemment, c’est pas le Lusty Lady, mais c’est assez classe quand même, déclara Linda en prenant la bouteille dans le seau à champagne pour remplir sa coupe déjà vide. Derek la regarda faire avec un air contrarié.

    Meredith se pencha vers lui. C’est quoi, un peep show ? chuchota-t-elle.

    Derek désigna son ami d’un léger signe du menton. Demande donc à Mark. Il va se faire un plaisir de te l’expliquer. Il se tourna vers Linda qui venait de poser la main sur son bras, pour attirer son attention.

    Tu connais le Little Darlings ?

    Non, pas du tout.

    Pendant qu’il parlait à Linda, Meredith questionnait Mark. C’est quoi, un peep show ?

    Ne compte pas sur moi pour te le dire, marmonna celui-ci en lui jetant un regard hostile.

    Mais pourquoi ? Elle lui donna une légère tape sur la main. Allez, Mark ! S’il te plait. Derek s’esclaffa en voyant la mine déconfite de son ami. Meredith se tourna vers lui. Pourquoi il ne veut pas me répondre ?

    Je me le demande. Sachant qu’elle n’abandonnerait pas avant d’avoir eu satisfaction, il décida de la renseigner. Un peep show, c’est un établissement où les clients peuvent assister à des strip-teases derrière une vitre. Dans des cabines privées, en fait.

    Ah ok ! Je vois. Meredith regarda Mark avec un air malicieux.

    Linda fit une moue. Oui, enfin, strip-tease. C’est plutôt de la danse. Je suis une vraie artiste, vous savez.

    Ça, j’en suis sûr, rétorqua Derek qui doutait de plus en plus de pouvoir garder son sérieux très longtemps. Finalement, Meredith avait eu une excellente idée d’inviter le couple à se joindre à eux. Ils étaient en train de passer un très bon moment qui, de plus, allait lui permettre de se moquer de Mark pendant quelques mois au moins.

    Mais je ne compte pas en rester là ! annonça Linda. J’ai d’autres ambitions, bien plus grandes.

    Meredith vida sa coupe et fit signe à Derek de la resservir. Ah oui ? Lesquelles ?


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  • Linda prit un air mystérieux. Normalement, je ne devrais pas vous le dire, parce que rien n’est encore signé. Mais je vous fais confiance, alors… Elle se tut, regardant ses interlocuteurs l’un après l’autre, pour mieux ménager son effet, avant de lâcher son information. J’ai passé une audition et je crois bien que cette fois-ci, je vais être prise.

    Meredith ressentit une joie sincère pour la jeune femme. Celle-ci n’était pas très fûtée mais elle semblait gentille. Et quand bien même, n’importe quelle femme était en droit d’attendre autre chose de la vie que de se déshabiller devant des pervers. Oh c’est génial ! s’écria-t-elle. C’est une série ?

    Non, non, c’est un film cette fois.

    Oh super ! Quel genre ?

    Un film pour adultes, révéla Linda.

    Catastrophé, Mark ferma les yeux en soupirant tandis qu’un sourire sardonique naissait sur les lèvres de Derek. Comme c’est intéressant ! 

    Un film pour adultes ? répéta Meredith, indécise. C’est-à-dire ?

    Derek vint à son aide. Un film porno, chérie, lui glissa-t-il au creux de l’oreille.

    Oh un film porno ! ânonna-t-elle, surprise.

    Oui mais artistique, hein ! se dépêcha d’ajouter Linda.

    Ah oui, le porno quand c’est artistique, c’est pas la même chose, c’est sûr, persifla Derek. 

    Meredith regarda Linda avec un air embêté. Artistique, oui, bien sûr mais tu n’as pas peur que ce genre de rôle te ferme des portes ?

    Oh non, au contraire ! Ça va me permettre de nouer des contacts dans le milieu. Pour réussir dans le cinéma, ce qu’il faut, c’est des relations. Si ce film se fait… - Linda joignit les mains en un geste de prière – oh il va se faire, j’en suis sûre ! Le producteur avait l’air tellement content quand j’ai passé l’audition. Je vais enfin avoir ma chance.

    Meredith but un peu de champagne avant de reposer son verre. Et comment ça se passe, une audition pour ce genre de film ? Qu’est-ce qu’on vous demande de faire ? Derek la regarda avec tendresse. Sa naïveté avait quelque chose de rafraichissant dans un monde trop souvent désillusionné.

    Eh bien, pour commencer, j’ai discuté avec le producteur. Il m’a expliqué sa vision du personnage et il m’a demandé ce que je pensais pouvoir lui apporter, raconta Linda. Ensuite, il m’a fait faire un essai pour voir comment je me débrouillais. Ça s’est super bien passé, vraiment. Il m’a dit que j’étais géniale, qu’il avait rarement vu quelqu’un d’aussi doué. Pourtant, il en a vu passer, vous n’imaginez même pas.

    Oh si, j’imagine très bien, pensa Derek.

    Meredith n’était pas assez naïve pour ne pas deviner en quoi avait constitué l’essai. Elle fut tentée de demander à Linda comment elle avait été capable de faire ce genre de choses avec un total inconnu mais elle s’abstint, pour ne pas passer pour une horrible prude. Eh bien, ça a l’air super, tout ça, se contenta-t-elle de dire. Je te souhaite beaucoup de succès.

    Linda se montra sincèrement touchée. Merci, c’est très gentil. Bientôt, avec un peu de chance, mon nom brillera en haut de l’affiche. Elle leva la main devant elle. Linda Love, la nouvelle star montante du X, déclama-t-elle avec emphase en bougeant sa main, comme si elle soulignait les mots sur l’affiche.

    Magnifique ! s’exclama Derek. Ça a de la gueule, y a pas à dire !

    Et ça ira très bien avec le roi des préliminaires, laissa tomber Meredith, l’air de rien. Ravi par son trait d’esprit, Derek éclata d’un rire sonore.

    Ne pousse pas le bouchon trop loin, grogna Mark. Se maudissant d’avoir eu la stupide idée de venir passer la soirée en mauvaise compagnie dans le refuge de son meilleur ami, il vida son verre de whisky d’un trait.

    Linda fronça les sourcils. Le roi des préliminaires ? C’est un acteur ? Je ne le connais pas.

    C’est normal, il est relativement nouveau dans la profession, se moqua Derek. Il fit signe au serveur de ramener une autre bouteille de champagne.

    Meredith se tourna vers Mark pour voir sa réaction. Il lui jeta un regard désespéré. Oui, il avait fait une erreur, il le savait, mais fallait-il le lui faire payer aussi cher ? la jeune fille lui fit un large sourire avant de s’adresser à nouveau à Linda. Et ton film, c’est quel genre d’histoire ? Derek la regarda avec un air goguenard. A quoi s’attendait-elle comme réponse ?

    Eh bien, c’est l’histoire d’une nymphomane qui décide de suivre une thérapie pour se soigner mais elle fait pas mal de rechutes, et on suit son parcours et les difficultés qu’elle rencontre pour s’en sortir, décrivit Linda avec un air important.

    Très original comme histoire ! ironisa Derek.


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