• Meredith venait à peine de sortir de la clinique qu'elle sentit sa détermination et son courage s'évanouir. Retourner là où l'agression avait eu lieu, et donc la revivre d'une certaine façon, ne lui sembla plus être une si bonne idée. Elle ne voyait plus comment cela allait lui permettre d'aller de l'avant ce qui, pour elle, signifiait simplement être à nouveau capable d'avoir des relations sexuelles normales avec Derek. Et si sa visite à la boutique avait l'effet inverse ? Si revoir les lieux ravivait son traumatisme ? Quant à discuter avec Cristina et Izzie, Mark n'avait pas tort, cela pouvait se faire par mail.

    Le chirurgien, qui l'avait vu ralentir le pas au fur et à mesure qu'elle avançait, devina qu'elle hésitait à poursuivre sa route. Il posa une main sur son bras. Mer, tu n'es pas obligée d'y aller. Si tu ne te sens pas prête, on n'a qu'à faire demi-tour. Tes copines, tu peux leur téléphoner. Ou invite-les à venir te voir à la clinique, si tu préfères.

    Ne voulant pas passer pour une lâche, Meredith refusa de saisir la perche que son ami lui tendait. Non, ça va aller. Néanmoins, elle glissa sa main dans celle de Mark, pour se donner du courage.

    Il regarda leurs deux mains nouées avec un petit sourire. ça va faire jaser, ça !

    Tu as raison, on va éviter.

    Meredith voulut retirer sa main mais il la retint. On ne va rien éviter du tout. J’adore faire parler les gens. Comme je le dis toujours, vaut mieux faire envie que pitié. S’il avait pu être tout à fait honnête avec elle, il lui aurait avoué que cela ne lui déplaisait pas qu’on puisse penser qu’elle était avec lui, même en partage avec Derek. Cependant, il vit à son expression qu'elle n'avait pas envie d'être l'objet de nouveaux ragots. T'en fais pas. Tout le monde sait que tu appartiens exclusivement au Dr Shepherd, assura-t-il pour la rassurer. Elle acquiesça sans conviction. Pour ne pas la tourmenter davantage, il lâcha sa main et lui prit le bras.

    En marchant en direction de la boutique, Meredith sentit la peur l'envahir. Dans quelques instants, elle serait là où sa vie avait basculé dans l'horreur et elle reverrait celles qu'elle tenait un peu pour responsables. Quand elle aperçut la terrasse, son estomac se tordit. Elle eut la vision de George qui dressait les tables pour le service. Elle crut même entendre sa voix lui ordonner de travailler plus vite. La scène lui sembla si réelle qu'elle se mit à trembler. Il est mort, chuchota-t-elle, comme si elle avait besoin d'être ramenée à la réalité.

    Mark se mit devant elle et la prit par les épaules. Oui, il est mort et tu ne risques plus rien. Mais si tu ne te sens pas d'y aller aujourd'hui, fais demi-tour.

    A ce moment-là, Izzie sortit sur la terrasse en portant une pile d’assiettes. En apercevant le couple quelques mètres plus loin, elle se mit à hurler. Cristina, elle est venue. Meredith est venue. Elle est là. Cristina déboula sur le trottoir et elles coururent vers leur amie qui, dans un réflexe, se serra contre Mark. Celui-ci l’entoura d’un bras protecteur.

    Avant l'arrivée de Meredith, Cristina et Izzie ne savaient pas trop à quoi s'attendre. Même si elles y pensaient souvent, elles n’arrivaient pas à imaginer ce que leur amie avait vécu ni comment elle avait fait face à ce qui lui était arrivé. Bien sûr, elles savaient qu’il y avait eu une tentative de viol et elles étaient convaincues que cela avait été horrible mais néanmoins, cela restait abstrait, d'autant plus que quand elles étaient revenues à la boutique, il ne restait plus aucune trace de l'agression, grâce aux bons soins de Mark et Callie. Cela n'avait pas permis aux filles de se rendre compte de la violence des faits. Maintenant, elles étaient devant leur amie qu'elles n'avaient plus vue depuis une semaine et elles étaient surprises, effarées même, pour tout dire. Meredith était très pâle et elle qui était déjà si mince, semblait avoir encore maigri. Son visage était impressionnant avec tous ces pansements et ces points de sutures. Il y avait aussi encore quelques traces d'hématomes sur les bras et dans le cou. Mais ce qui frappa le plus ses camarades, ce furent ses yeux qui n'arrêtaient pas de regarder dans tous les sens, comme si elle s'attendait à ce que quelque chose lui arrive et qu'elle voulait prévenir le danger. On dirait un lapin pris dans les phares d'une voiture, se dit Cristina, le cœur serré. Elle avait été surprise en voyant que Meredith était venue avec Mark Sloan mais maintenant, elle comprenait pourquoi. Il était évident que Meredith était encore fort traumatisée par ce qu'elle avait subi et elle avait probablement besoin d'un soutien permanent. Cristina sut qu'elle ne devait pas compter sur son retour dans un avenir proche. Salut Mer, dit-elle d'une voix inhabituellement douce. ça fait plaisir de te voir. Tu as l'air d'aller bien. Elle pensa prendre son amie dans les bras mais elle n'osa pas.

    Izzie encaissa le choc beaucoup moins bien que sa camarade. Voir Meredith dans cet état et se dire que c'était de la faute de son cousin, avec lequel elle avait été élevée comme s'ils étaient des frère et sœur, c'était plus qu'elle ne pouvait supporter. Oh Mer, je suis tellement désolée, couina-t-elle en se mettant à pleurer. Ton visage, mon dieu, je ne pensais pas que c'était aussi grave. ça ne va pas rester comme ça quand même ?

    Meredith hocha la tête tandis que Mark, agacé, levait les yeux au ciel. Evidemment qu'elle ne va pas rester comme ça ! s'exclama-t-il. C'est moi qui l'ai soignée. Dans quelques jours, on ne verra plus rien.

    Cristina se tourna vers Izzie avec un air fortement réprobateur. Et même si elle restait comme ça ! Il y a des choses plus graves que quelques cicatrices, non ? La seule chose qui compte, c'est que ta pourriture de cousin n'ait pas réussi à la violer.

    Cela partait d'une bonne intention mais c'était terriblement maladroit et cela énerva Mark. Il fusilla les deux filles du regard. Si c'est pour dire des conneries pareilles, autant vous taire ! Meredith n'a vraiment pas besoin d’entendre ce genre de choses pour le moment.

    En temps normal, Cristina lui aurait rivé son clou mais là, elle choisit de l'ignorer. Viens, Mer. On ne va pas continuer à discuter sur le trottoir. Elle voulut prendre son amie par la main mais Meredith resta résolument accrochée à Mark pour marcher jusqu'à la boutique.

    On va s'installer sur la terrasse, décréta celui-ci. Il tira une chaise pour que Meredith puisse s'asseoir mais la jeune fille le lâcha pour entrer directement dans la boutique. Attends, je viens avec toi, s'écria-t-il, à la grande surprise d'Izzie et Cristina. Il rejoignit Meredith qui était déjà à l'intérieur. ça va ? demanda-t-il à voix basse.


    1 commentaire
  • Meredith acquiesça d'un signe de tête avant de regarder autour d'elle, avec un sentiment étrange. George n'était plus là et pourtant, elle avait l'impression d'être en territoire ennemi, comme si le fantôme du jeune homme rôdait dans les lieux. Elle sut d'emblée qu'elle aurait beaucoup de mal à s'y sentir bien à nouveau. Cette boutique était à tout jamais marquée du sceau de l'infâmie dont elle avait été la victime. Et pourtant, elle éprouvait le besoin irrépressible de revoir l'endroit, sans vraiment comprendre pourquoi d'ailleurs. Malgré son appréhension, elle avança vers l'arrière-boutique dont la porte était entrouverte. Je peux le faire, murmura-t-elle pour s'encourager.

    Mark, qui la suivait de près, la retint en la prenant par la main. Tu es certaine que c’est ce que tu veux ? lui demanda-t-il avec un air soucieux. Elle fit signe que oui. Alors, il l’entraîna vers le fond de la salle. Si ça ne va pas, dis-le-moi, la pria-t-il. Il poussa la porte et, après que Meredith lui eut de nouveau exprimé son assentiment par un signe de tête, il la poussa délicatement à l’intérieur de la pièce. Elle était décidée à se montrer forte et à ne pas se laisser submerger par les émotions qui pourraient l'envahir mais elle fut surprise par la force des souvenirs qui la frappèrent. Ce fut comme si en un clin d'œil, elle avait remonté le temps jusqu'à cette funeste soirée et que George était en train de la frapper. Elle pouvait presque ressentir la douleur qu'avait causée chacun des coups. Ses jambes se dérobèrent sous elle. Mark la rattrapa juste avant qu’elle ne tombe et l'installa sur une chaise. Un verre d’eau, nom de Dieu, cria-t-il aux filles qui les regardaient avec stupeur. Il s'agenouilla devant son amie et appuya ses doigts à l’intérieur de son poignet, pour prendre son pouls. Celui-ci battait plus vite que la normale mais sans que cela soit inquiétant. Un peu rassuré, Mark fit boire à la jeune fille quelques gorgées du verre d'eau que Cristina lui avait servi.

    Ça va mieux, Mer ? se renseigna cette dernière tandis qu'Izzie continuait de pleurer, le nez plongé dans son mouchoir, au grand dam de Mark qui ne supportait plus de la voir pleurnicher, sans raison selon lui.

    Meredith opina de la tête en regardant autour d'elle. Tout dans cette pièce lui rappelait qu'elle avait failli y perdre son intégrité, et peut-être sa vie. Après avoir pris quelques minutes pour récupérer, elle se leva et fit lentement le tour de la pièce en promenant ses doigts sur la surface des meubles, sous le regard attentif de Mark. Vous le saviez, vous, qu'il se droguait ? demanda-t-elle soudain à ses amies.

    Izzie secoua la tête en étouffant un sanglot, ce qui eut le don d'agacer un peu plus Mark, lequel lui lança un regard furibond. Tu penses bien que non, répondit Cristina. Sinon, je l'aurais viré directement. Tu aurais vu nos têtes quand le flic nous a annoncé qu'on l'avait retrouvé avec une seringue dans le bras ! A mon avis, ça devait être la première fois. ça ne lui a pas porté chance, à ce sale con, conclut-elle méchamment.

    Meredith secoua la tête. Ce n'était pas la première fois. Pour la seringue, je ne sais pas, mais il prenait déjà des trucs. Il en avait pris ce soir-là. Son regard était bizarre et lui, il n'était pas dans son état normal. J'ai cru qu'il avait bu mais maintenant, j'ai compris qu'il était drogué. Elle arriva devant l'armoire contre laquelle George l'avait projetée avec violence et en caressa la poignée qui lui était entrée dans le dos. Vous êtes au courant qu'il a essayé de me donner du GHB ?

    Les filles firent signe que non. C'est horrible, geignit Izzie en sanglotant, ce qui eut pour effet de faire souffler Mark. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer. Il n'était pas du tout comme ça. Il a dû faire des mauvaises rencontres, ce n'est pas possible autrement.

    C'est pas ses mauvaises rencontres qui lui ont dit de violer Meredith, répliqua Cristina. Il est devenu cinglé quand elle est sortie avec un autre que lui, voilà ce qui s'est passé.

    Qu'est-ce que vous avez raconté à Crestwood ? s'enquit Meredith.

    Ce que la police nous a dit, déclara Cristina. C'est-à-dire pas grand-chose. Pour eux, c'est qu'un camé qui a fait une overdose. Il n'y aura pas vraiment d'enquête, alors je doute qu'on en apprenne plus un jour. Et pour le reste… Elle désigna Izzie d'un geste de la main. Iz ne se sentait pas trop d'annoncer à sa famille que George était un prédateur sexuel. Et on a pensé que toi, tu n'aurais pas envie que tout le monde sache ce qui t'était arrivé. Alors, on n'a pas parlé de ça. Même pas à Gloria ou à ta tante. Mais si tu veux…

    Meredith lui coupa la parole. Non, je ne veux pas. Ses parents sont de braves gens, ils viennent de perdre leur fils unique. Ils n'ont pas besoin de savoir que c'était un salaud. Mark la regarda avec admiration. Même avec ce qu'elle avait enduré, elle arrivait encore à se préoccuper du bien-être des autres. Et il est hors de question que ma mère soit au courant, poursuivit la jeune fille. Elle rejoignit Mark et s'appuya contre lui. Il lui fit signe de se rasseoir sur la chaise, ce qu'elle refusa d'un hochement de tête.

    Qu'est-ce que tu lui as raconté, toi ? se renseigna Izzie en reniflant.

    Comme vous, le truc de la seringue, et qu'on ne comprenait pas comment c'était arrivé, qu'on n'avait rien vu venir, expliqua Meredith. Elle n'a pas besoin d'en savoir plus. Déjà qu'elle a peur pour moi, si elle apprenait ce qui s'est passé, elle ne vivrait plus. Et elle voudrait que je rentre, et moi, je ne veux pas rentrer. Ma vie est ici maintenant.  

    Avec Derek, pensa Mark avec un petit pincement au cœur.

    Et comment tu as justifié que tu n'assisterais pas à l'enterrement ? demanda encore Crisitina. Moi, j'ai dit que c'était difficile point de vue finance à la boutique et que je n'avais pas les moyens de me payer le voyage. J'ai eu la chance que mes parents viennent de refaire leur salle de bain, sinon ils m'auraient payé le billet.

    J'ai dit la même chose que toi, que je n'avais pas de quoi me payer l'avion, dit Meredith. Et heureusement, ma mère n'a pas les moyens non plus.

    Pour sauver les apparences, je vais faire livrer une belle couronne de fleurs de notre part, l'informa Cristina. ça va me faire mal au ventre mais si on ne fait rien, ça va paraitre suspect.

    Meredith acquiesça d'un signe de tête. Tu me diras combien je te dois.


    1 commentaire
  • Laisse tomber, dit Cristina en faisant un geste de la main. Je ferai passer ça en frais généraux. Il est hors de question que je sorte un dollar de ma poche pour ce mec, et toi encore moins.

    En effet, ce serait un comble, commenta Mark avec une certaine sécheresse. Il passa le bras autour de la taille de son amie.

    Bien sûr que c'est dégueulasse ce qu'il a fait, mais ça ne doit pas effacer le fait qu'il a été quelqu'un de bien pendant vingt ans, intervint Izzie qui trouvait que le procès fait à son défunt cousin était trop sévère. Le problème, c'est qu'il était fou amoureux de Meredith et quand elle est sortie avec Derek, il a eu l'impression qu'on lui volait la femme de sa vie. Il a complètement pété les plombs. Mais avant, c'était un brave garçon.

    Un brave garçon n'aurait jamais fait ce qu'il a fait, rétorqua Mark. Une chance que Meredith ait pu se défendre, sinon elle ne serait plus là. Ce sale con l'aurait tuée !

    Izzie se remit à pleurer. Il n'était plus lui-même. Sinon, il ne lui aurait jamais fait du mal. Il était tellement gentil avant. Tu te souviens, Mer ? L'intéressée ne répondit pas. Oui, bien sûr, elle se souvenait de l'époque où George était un gentil garçon, un agréable compagnon, un ami fidèle. Elle lui aurait confié sa vie. C'était pour cette raison que c'était si difficile d'accepter ce qu'il lui avait fait.

    Bon dieu, quand j'y pense ! Je n'en reviens pas. On n'a rien vu venir, reconnut Cristina.

    Ça, c'est ce qui se passe quand on ferme les yeux, persifla Mark.

    Cristina fronça légèrement les sourcils. Qu'est-ce que vous voulez dire ?

    Ce que je veux dire ? Eh bien, que vous avez choisi d'ignorer ce qui se passait, asséna Mark sans ambages. Il poursuivit son attaque sans se soucier du regard scandalisé que lui jetaient les deux filles. Vous saviez qu'il la harcelait et même qu'il la molestait parfois. Elle avait des hématomes. Vous viviez ensemble, vous ne pouviez pas ne pas le voir. Vous avez dit ou fait quelque chose ? Non, rien. En restant passives, vous vous êtes fait ses complices.

    Je ne vous permets pas ! s'exclama Cristina.

    Mais moi, je me permets, riposta Mark. Il l'a harcelée, insultée, molestée, il l'a droguée pendant des semaines, il a lacéré sa peluche, j’en passe et des meilleurs. Vous étiez aux premières loges et pourtant, vous n'auriez été au courant de rien ? Il ricana. Mais oui, j'y crois. Il voulut sortir de la pièce en soutenant son amie.

    Cristina se mit devant lui pour lui barrer le chemin. Dites donc, vous, c’est un peu facile, ça ! Vous aussi, vous étiez au courant. Et votre copain, il sort avec elle. Pourquoi il n'a rien fait pour empêcher ce qui est arrivé ?

    Il n'a rien fait ? Sérieusement ? rugit Mark. Il faut que je vous rappelle le nombre de fois où il s'est bagarré avec votre ami ? Si ça n'avait tenu qu'à lui, il l'aurait réduit en poussières. Mais à chaque fois, c'était Meredith qui payait les pots cassés. C'était à elle que vous faisiez des reproches. Vous avez pris systématiquement le parti de votre copain, accusa-t-il. Alors, Derek a décidé de moins intervenir pour que Meredith n'ait plus d'ennuis avec vous.

    Mettez-vous un peu à notre place, geignit Izzie. George était mon cousin. On l'a toujours connu et on n'avait jamais eu de problèmes avec lui avant d'arriver ici. Derek, on ne le connait pas vraiment et il n'a pas toujours été correct avec Meredith. Tandis que George, il l'aimait vraiment et il l'avait toujours respectée. Quand il a changé, je me suis dit que c'était parce qu'il ne comprenait pas pourquoi Mer préférait rester avec un homme qui avait joué avec ses sentiments, et pour être honnête, on ne le comprenait pas non plus. Cristina approuva son amie d'un hochement de tête. C'est normal qu'on ait pris son parti, estima Izzie.

    Quand je vous entends, j'ai l'impression que vous avez voulu faire payer à Meredith sa décision de rester avec Derek malgré ce qu'il lui avait fait, dit Mark. En fait, vous n'avez pas pris sa défense parce que vous lui en vouliez de laisser tomber votre cousin pour un type dont vous pensiez qu'il n'était pas assez bien pour elle.

    Vous dites n'importe quoi, accusa Cristina, ulcérée par ces reproches qu'elle trouvait injustifiés. On n'a jamais voulu que Meredith sorte avec George. Si ça avait été le cas, on n'aurait pas attendu d'être ici pour faire en sorte que ça arrive. On l'aurait fait à Crestwood. Et je ne nie pas que je ne suis pas une grande fan de votre ami, et qu'en effet je pense que Meredith mérite mieux, mais c'est avec lui qu'elle veut être et je le respecte, quoi que vous en pensiez. Alors, maintenant, venir insinuer que ça nous arrangeait que George fasse du mal à Mer, c'est dégueulasse. Quand il s'en est pris à elle, on lui a fait des remarques, on lui a dit de se calmer. Mais nous, on croyait qu'il l'avait juste secouée une ou deux fois. Bien sûr, ce n'est pas normal, mais ça n'est pas dramatique non plus. En plus, on savait qu'il avait peur de Derek, on se disait que ça l'empêcherait d'aller trop loin. Et pour ce qui est de la drogue et du truc de la peluche, on n'était pas du tout au courant. Elle se tourna vers Izzie. Tu le savais, toi ? La jeune fille fit signe que non. Voilà ! Si on avait su tout ça, on serait intervenue. Et je vous le répète, on n'a jamais imaginé qu'il essayerait de la violer.

    ça, c'est vrai, vous ne pouviez pas deviner, concéda Mark. Nous non plus, on n'a pas imaginé un truc pareil. Mais à part ça, il y avait tout le reste. Vous n'auriez jamais dû la laisser seule avec lui mais au lieu de ça, vous êtes parties et vous le lui avez fourré dans les pattes. L'idée que le drame aurait pu être évité avec un peu plus de vigilance l'énerva. Vous auriez dû être là, nom de dieu, cria-t-il. Il ne se serait rien passé si vous aviez été là.

    Cristina s'emporta à son tour. Mais putain, puisqu'on vous dit qu'on ne savait rien ! On n'avait aucune raison de penser que c'était dangereux de les laisser tous les deux pour s'occuper de la boutique. Elle s'adressa ensuite à Meredith. Toi aussi, tu penses qu'on est responsable de ce que George t'a fait ? demanda-t-elle, ébranlée par les accusations de Mark.


    2 commentaires
  • Jusqu'à ce moment-là, Meredith ne savait pas comment elle allait réagir si elle était amenée à intervenir dans la discussion. C'était en grande partie la raison pour laquelle elle était restée silencieuse. Mais au moment où Cristina lui demanda son avis, elle sut qu'elle allait vider son sac. C'était nécessaire pour pouvoir repartir d'un bon pied. Le coupable, c'est lui. C'est lui qui a essayé de me violer, répondit-elle. Mais c'est toi qui lui as donné l'occasion de le faire. Cristina voulut protester mais Meredith ne la laissa pas s'exprimer. Je sais, vous ne pouviez pas deviner. Je ne dis pas le contraire. Personne n'a pensé qu'il était capable de faire ce genre de choses. Pas plus moi que vous. Mais le fait est que si tu ne l'avais pas envoyé à la boutique pour me surveiller, ça ne serait pas arrivé. ça faisait deux jours qu'il n'avait pas mis les pieds ici, je me suis occupée de tout toute seule et tout le temps où vous êtes parties, vous ne vous êtes pas inquiétées une seule fois de ce qui se passait, si on s'en sortait ou pas, fit-elle remarquer.

    Mais pourquoi tu ne m'as pas dit que George t'avait laissée en plan ? s'enquit Cristina, surprise par ce qu'elle venait d'apprendre.

    Parce que tu l'aurais appelé pour l'obliger à venir travailler, et moi, je préférais travailler toute seule, expliqua Meredith. C'était dur mais c'était moins stressant. Et je m'en sortais bien, alors j'étais fière de moi. ça me prouvait que je n'étais pas aussi nulle que tu le dis.

    J'ai jamais dit ça, murmura Cristina, gênée, sans être sûre de ce qu'elle affirmait.

    Mais si, tu l'as dit, insista Meredith. Comme tu as dit que George était un imbécile, un débile, et pourtant, c'est lui que tu as appelé pour être sûre que je serais là pour le livreur, parce que tu n'avais pas confiance en moi. Elle ne chercha pas à retenir ses larmes. J'avais prévu de rentrer à la maison et de passer une soirée tranquille. Mais tu m'as demandé de rester et puis, tu me l'as envoyé. On n'avait pas besoin d'être deux pour attendre ce livreur. Tu aurais pu dire à George de s'en occuper et me laisser rentrer, mais tu as voulu jouer à la patronne. Tu nous voulais tous les deux alors, il est venu et il m'a frappée, il m'a touchée, il m'a fait du mal. Si tu avais eu confiance en moi, rien ne serait arrivé. Et après, vous seriez revenues et il y aurait eu Derek, il n'aurait plus eu l'occasion d'être seul avec moi. Mais là, tu m'as jetée dans la gueule du loup, conclut-elle en sanglotant.

    Je suis désolée, bredouilla Cristina. J'ai juste eu peur que tu laisses le livreur en plan. Tu sais comment tu es, quand Derek te demande quelque chose. Tu fais tout ce qu'il veut.

    Le fait qu'elle essaie une fois encore de nier sa part de responsabilité dans l'affaire et de la reporter sur Meredith et Derek énerva Mark. Il leva la main, comme s'il voulait la frapper, mais la rabaissa aussitôt. Taisez-vous ! Taisez-vous, ça vaut mieux pour vous. Comment osez-vous dire que vous ne pouviez pas compter sur elle ? Elle s'est occupée de tout toute seule pendant deux jours. Elle en a bavé et pourtant, elle est restée agréable et souriante. Les clients l'apprécient tellement qu'ils lui ont donné un coup de main. Et vous, pendant ce temps-là, vous prenez du bon temps à la campagne à faire on ne sait quoi et en prime, vous lui envoyez un pervers pour la surveiller ! Vous avez de la chance d’être une femme parce que sinon…

    Pensez de moi ce que vous voulez, ça m'est égal, riposta Cristina avant de revenir à Meredith. Mer, je te jure que si j'avais été au courant de tout ce que tu m'as dit, j'aurais agi autrement. Si j'avais su pour la drogue, et aussi que George t'avait laissé tomber pour la boutique pendant notre absence, jamais au grand jamais je ne lui aurais demandé de te rejoindre ce soir-là. Et maintenant que je sais tout, je m'en veux terriblement de l'avoir fait.

    Meredith se contenta d'opiner de la tête tandis que Mark regardait Cristina avec dédain. Rien de ce que vous pourrez dire n’effacera ce qui s’est passé. Il entraina délicatement Meredith vers la sortie. Viens, Mer, on rentre maintenant.

    Quand est-ce que tu vas revenir à la maison ? demanda Izzie.

    Je ne sais pas, répondit Meredith d’une voix lasse. Pour le moment, j’habite chez Mark et je m’y sens bien. Ni elle ni Mark ne firent attention au regard interloqué qu'échangèrent les deux jeunes femmes.

    Dans une semaine, on aura viré toutes les affaires de George, si c'est ça qui te dérange, précisa Cristina.

    Il y a un peu de ça, admit Meredith. Mais c'est surtout que j'ai besoin de changer d'air pour le moment. ça me fait du bien d'être dans des endroits où je n'ai pas de souvenirs.

    Je comprends mais t'isoler n'est pas une solution. Tu ne crois pas que tu aurais intérêt à retrouver une vie normale le plus vite possible ? dit Cristina avec un air détaché. Voir du monde, sortir, travailler. Ça te changerait les idées, non ?

    Ce n'était pas subtil et Mark comprit immédiatement ce qu'elle envisageait. A nouveau, elle faisait passer son intérêt avant le bien-être de son amie. Putain, j'y crois pas, pensa-t-il, plein de hargne. Il répondit à la place de Meredith. Mais je vous rassure, c'est ce qu'elle fait. Elle sort, elle voit du monde, elle travaille. A la clinique, pour moi, et ça se passe très bien. Alors, revenir travailler ici, c'est pas demain la veille, vous pouvez me croire. Il agita son doigt sous le nez de la jeune femme. J’y veillerai personnellement. Elle ne reviendra pas, même si je dois la ligoter à mon bureau, je vous le jure. Il fit quelques pas avec Meredith accrochée à son bras avant de se tourner à nouveau vers les deux filles. Et si vous continuez à l’emmerder avec votre gargote, je viendrai y foutre le feu. Comme ça, le problème sera résolu.

    C'est ça, faites ça et je vous envoie les flics, menaça Cristina. Cette gargote comme vous dites, c'est ce qui nous permet de manger et d'avoir une vie.

    Mark fit un sourire mauvais. Justement, à ce propos, vous serez aimable de verser à Meredith ce qui lui est dû.

    Cristina eut l'air effrayé. Comment ça, ce qui lui est dû ? Je ne comprends pas.


    1 commentaire
  • Ça me semble évident, pourtant. Ce n’est pas parce qu’elle ne travaille plus pour le moment qu’elle n'a plus de frais, souligna Mark. Elle doit manger et avoir une vie, elle aussi. Et puis, je trouverais normal que vous lui versiez un dédommagement pour ce qu'elle a subi. Après tout, ce malheureux incident a eu lieu sur son lieu de travail, alors qu'elle faisait des heures supplémentaires. Il y a le dommage moral bien sûr, mais il ne faut pas oublier l'aspect financier. ça lui a occasionné des frais auxquels elle ne s'attendait pas. L'hôpital, ce n'est pas donné, je suis bien placé pour le dire, ironisa-t-il. Son sourire devint mielleux. Mais ça va ne pas poser de problème, n’est-ce pas ? Vous êtes une femme généreuse, je le sais.

    Cristina ne fut pas dupe. Après l'agression, Meredith avait été soignée à la clinique et il était plus que probable que Derek avait pris les frais à sa charge. Et maintenant, le fait que Mark ait accueilli la jeune fille chez lui et lui donne du travail signifiait sans doute que c'était lui qui subvenait à ses besoins. D'un point de vue financier, elle n'avait vraisemblablement jamais été dans une meilleure situation. Mais comment refuser les demandes de Mark ? Vu les circonstances, c'était difficile, voire impossible à moins de passer pour quelqu'un d'insensible. Et indépendamment de l'aspect humain, Cristina n'avait pas envie que le chirurgien mette son nez dans ses affaires. Si jamais il incitait Meredith à exiger des comptes ou, pire encore, à intenter une action en justice pour obtenir gain de cause, elle devrait justifier toutes les décisions qu'elle avait prises à l'insu de ses camarades et qu'elle jugeait nécessaires pour réaliser tous les projets qu'elle avait en tête pour l'avenir de leur commerce. Elle adressa un grand sourire hypocrite à Mark avant de se diriger vers la caisse-enregistreuse. Vous avez raison. Meredith a payé très cher son dévouement à notre boutique, alors ça mérite une compensation. Elle prit des billets de cinquante dollars qu'elle mit dans une enveloppe. Vous avez de la chance, ça fait deux jours que je n'ai pas été à la banque. Elle revint vers Meredith à qui elle tendit l'enveloppe. Tiens, Mer. Avec toute notre gratitude et nos excuses aussi.

    Merci, murmura Meredith en prenant l'enveloppe pour la mettre directement dans la poche de sa veste.

    L'attitude de Cristina avait fait naitre un fort sentiment de suspicion chez Mark. Tant d’amabilité chez une personne d’habitude si acariâtre, cela devait forcément cacher quelque chose. Et le fait qu'elle avait accepté sans discuter de donner de l'argent à Meredith renforçait cette impression. Il ne savait pas ce qui se passait mais il se promit de le découvrir. Il était hors de question que Meredith soit le dindon de la farce. Evidemment, on compte sur vous pour la suite, dit-il sur un ton un peu moqueur.

    On ne va pas pouvoir lui donner ça à chaque fois, mentionna sèchement Cristina.

    Mark prit un air doucereux. Bien sûr, bien sûr, on comprend. Mais je suis sûr que vous pourrez lui verser un petit quelque chose qui soit honnête, compte tenu de tout ce qu'elle a investi ici. L'allusion aux fonds apportés par Meredith lors de la création de leur affaire contraria fortement Cristina qui se contenta de faire un bref signe de tête. Viens, Mer, on rentre, dit Mark à son amie.

    Izzie sauta sur cette dernière pour la prendre dans ses bras. Au revoir, Mer. ça m'a fait plaisir de te revoir. Soigne-toi bien pour nous revenir en pleine forme. Et ne t'en fais pas, avec moi, ton secret sera bien gardé. Ta mère ne saura rien du tout.

    L'évocation de sa mère émut Meredith qui sentit sa gorge se serrer. Embrasse-la pour moi, chuchota-t-elle en tentant de contrôler les larmes qui menaçaient de couler à nouveau.

    Compte sur moi.

    Izzie lâcha Meredith, permettant ainsi à Cristina de prendre sa place. Je n'ai jamais voulu tout ça, dit-elle à voix basse. Si j'avais su ce qu'il avait en tête, je l'aurais tué de mes propres mains.

    Malgré tout, Meredith fut touchée par les paroles de son amie qu'elle sentait sincère. Elle la serra contre elle. Je sais. Je t'en veux surtout parce que tu n'as pas eu confiance en moi.

    Oui, j'ai vraiment déconné sur ce coup-là, reconnut Cristina. J'espère que tu pourras me pardonner un jour.

    Laisse-moi un peu de temps, dit Meredith. Pour le moment, je n'arrive pas encore à faire la part des choses.

    Ces messes basses agacèrent Mark. Il se sentait exclu mais surtout il ne voulait pas laisser à la mégère l'occasion de reprendre son ascendant sur Meredith. Il mit la main sur l'épaule de cette dernière pour lui rappeler son existence. On y va ? Elle fit signe que oui. Ils sortirent de la boutique et prirent le chemin de la clinique, en se tenant par la main, la tête de Meredith étant légèrement appuyée contre le haut du bras du chirurgien.

    Izzie et Cristina les regardèrent s'éloigner avec une curiosité non dissimulée. Je ne sais pas toi mais moi, j'ai eu une impression bizarre pendant qu'ils étaient là, avoua Cristina. Je me suis demandé si ce bon Dr Shepherd était toujours de la partie.

    Izzie se tourna vers elle avec un air intéressé. Quoi, tu crois qu'elle n'est plus avec lui ?  

    J’en sais rien, dit son amie sans quitter du regard le couple qui discutait en remontant vers la clinique. En tous cas, elle n'a pas parlé une seule fois de lui. Et elle vit chez l'autre. Et on ne peut pas nier qu'ils ont l’air très proches.

    Izzie fit une moue dubitative. Mais elle était folle de Derek et ce n'est pas son genre de passer d'un homme à l'autre. Surtout quand c’est deux meilleurs amis.

    Cristina rentra dans la boutique. Qui sait comment on réagit après un truc comme ce qui lui est arrivé ? Et peut-être que c'est Derek qui ne s'est pas montré à la hauteur. On ne sait pas au fond.

    Izzie se laissa tomber sur une chaise. Tu te rends compte ? On est amies depuis si longtemps et maintenant, on ne sait même plus ce qui se passe dans sa vie. Et le pire, c'est qu'on n'ose même pas le lui demander, conclut-elle tristement.


    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires