• Hmm… c’est un autre genre, dit Laurel avec un sourire énigmatique.

    Oui, Sloan, c’est un clown, expliqua Annabel. Son truc pour avoir les filles, c’est de les faire rire.

    Et au lit, il est comment ? s’enquit Harriett dont les yeux brillaient de curiosité. Sa vie de célibataire endurcie l’obligeait à vivre l’amour par procuration, à travers les histoires des autres.

    Laurel lui fit un clin d’œil. Mmm ! Pas mal du tout. Il est créatif, cochon juste comme il faut. Il vaut le détour, quoi. 

    Et son engin, il est à la hauteur ? se renseigna Rose. Parce que Derek… Elle haussa légèrement les yeux avec une expression admirative qui ne prêtait à aucune équivoque.

    Il est comment, l’engin de Derek ? Réalisant ce qu’elle venait de dire, Harriett devint rouge pivoine.

    Annabel poussa Laurel du coude. Oh mais notre Harriett se lâche, dirait-on ! Elle veut savoir si le beau Derek est bien membré. Gênée, Harriett baissa la tête tandis que Laurel éclatait de rire. Quant à Meredith, elle rougit en comprenant quel allait être l’objet de la conversation.

    Eh bien, moi qui l’ai eu en bouche, commença Rose.

    Laurel lui coupa la parole avec un air supérieur. Ça, tu n’es pas la seule.

    Il est imposant, poursuivit Rose, sans se laisser démonter. Très imposant.

    Annabel se tourna vers Laurel. Toi qui as pratiqué les deux, c’est qui le mieux fourni ?

    Laurel fit une petite moue. Je ne sais pas. Celui de Sloan doit être plus long mais celui de Shepherd est plus large. Mais franchement, ils se valent, tu les sens passer tous les deux. Meredith se mordit l’intérieur des joues pour ne pas crier à cette femme de se taire. C’était intolérable de l’entendre parler de Derek comme s’il ne s’agissait que d’un bout de viande.

    Mais lequel est le mieux ? insista Harriett.

    Laurel sourit avec nostalgie. Sloan, c’est super. Il prend son temps. Il parle, il pense à ton plaisir aussi. L’autre, question baise – elle poussa un soupir – il est phénoménal. C’est un vrai marteau-piqueur. Moi, il m’a fait jouir comme je ne l’avais jamais fait avant. Après non plus, d’ailleurs Elle se rembrunit. Mais je crois que j’ai eu du bol parce qu’en fait, il n’en a rien à foutre de toi et de ton plaisir. Il te regarde mais t’as l’impression qu’il ne te voit pas. Et une fois qu’il a joui, c’est comme si tu n’avais jamais existé.

    C’est tout à fait ça, chuchota Rose en se remémorant la désagréable impression qu’elle avait eue lorsque Derek l’avait regardée, après avoir éjaculé dans sa main.

    Annabel pointa un doigt en l’air. Et puis Sloan, après, il ne se sent pas obligé de te mettre plus bas que terre.

    Il tire son coup et il se casse, mais il te dit merci quand même, ajouta Laurel. Tandis que Shepherd…

    Rose opina de la tête. Il y a quelque chose dans son regard, quelque chose, je ne sais pas. Quelque chose de désespéré, comme s’il avait terriblement souffert, avança-t-elle. C’est peut-être ça qui le rend si cruel.

    Pfft ! Foutaises ! C’est un sale type, un point c’est tout, jugea Laurel. Meredith les entendait raconter leurs histoires mais elle n’avait pas l’impression qu’il s’agissait de Derek. Cet homme qu’elles décrivaient de façon si négative ne ressemblait en rien à l’homme si doux, si attentionné, si tendre même, qui lui avait révélé le plaisir avec tellement d’égards, et qui maintenant lui accordait un soutien sans faille dans l’épreuve qu’elle traversait.

    Annabel acquiesça. Et l’autre ne vaut pas beaucoup mieux ! Essaie donc un peu d’avoir une explication avec eux pour savoir pour quelle raison, ils t’ignorent une fois qu’ils ont tiré leur coup. Tu verras ! 

    Oui, et les menaces aussi, si tu insistes, rajouta Laurel, dépitée.

    Rose se remit debout. Vous croyez qu’ils font des trucs à trois avec elle aussi ? 

    Mais bien sûr que oui ! Quand tu vois comme le père Sloan aussi est aux petits soins pour elle, ce n’est pas pour rien, persifla Annabel.

    C’est sûr, approuva Laurel. Lui et Shepherd aiment les trucs pervers. S’ils la gardent, c’est parce qu’elle leur donne tout ce qu’ils veulent. Elle se fait prendre par les deux en même temps, la garce ! Elle pinça les lèvres avec un air dégouté.

    Harriett la regarda avec un air ahuri. Ben, tu peux parler, toi ! A nouveau, Meredith remercia cette alliée inconnue qui prenait quasiment systématiquement son parti. Quant à cette Laurel, comment osait-elle donner des leçons de moralité à qui que ce soit après s’être épanchée aussi impudiquement sur sa vie sexuelle ?

    En voyant le regard de Laurel se durcir, Annabel s’empressa de relancer la conversation avec une autre option. Et vous ne croyez pas que si Shepherd est comme ça avec elle, c’est parce qu’il n’a pas encore réussi à la mettre dans son lit ?


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  • Rose eut un petit sursaut. Pourquoi tu dis ça ?

    T’es dingue, marmonna Laurel. Jamais de la vie.

    M’enfin, les filles, réfléchissez ! les pria Annabel. Tout le monde ici sait que ce type ne couche jamais deux fois avec la même fille. C’est sa règle de vie, c’est lui-même qui le dit. Alors, s’il est toujours avec elle, c’est parce qu’il n’a pas encore eu ce qu’il voulait.

    Harriett fit une petite moue dubitative. Hmm, je ne sais pas. Il y a des regards qui ne trompent pas. A chaque fois qu’elle avait croisé le couple, elle avait été frappée par la façon dont le beau Derek Shepherd regardait sa petite amie. Elle espérait qu’un jour, un homme la regarderait de la même façon.

    C’est vrai que tu t’y connais en amour, toi, répliqua du tac au tac Annabel, vexée qu’aucune de ses amies n’adhère à sa théorie.

    Je ne sais pas, tu as peut-être raison, concéda Rose. Mais je n’ai plus le temps d’en discuter. Si je ne pars pas maintenant, je vais être en retard au bloc.

    Avec qui tu bosses ? demanda Annabel, en se regardant dans le miroir pour vérifier que ses cheveux étaient toujours bien coiffés.

    Avec Torres.

    Ah celle-là ! Je ne peux pas la saquer, grogna Laurel. Elle me jette toujours de ces regards, quand elle me croise.

    Normal, tu as piétiné ses plates-bandes, lui rappela Annabel en riant. Bon, on ferait bien d’y aller parce que si on se fait prendre, la milice va nous faire passer un mauvais quart d’heure.

    La milice ? fit Rose, intriguée.

    Oui, c’est comme ça qu’on surnomme le trio infernal, lui révéla Laurel. Tu n’étais pas au courant ? Les quatre amies s’en allèrent.

    En entendant une porte se refermer avec un bruit sec, Meredith retira ses jambes ankylosées de la porte des toilettes et les reposa sur le sol. Mais il lui fallut encore au moins cinq minutes pour oser sortir de sa cachette, tant elle craignait qu’une des infirmières ne soit encore là. Elle entrouvrit doucement la porte et après s’être assurée qu’elle était bien seule, elle quitta son refuge. En voyant son visage dans un des miroirs – outre les marques et les strips, elle était livide et avait les traits tirés – elle se dit que l’expression "une tête à faire peur" avait été inventée pour elle. Son image lui devint insupportable, parce qu’elle la renvoyait à toutes les horreurs que les infirmières avaient dites sur elle. Elle n’eut plus qu’une idée, retrouver rapidement la quiétude du bureau de Derek. Après avoir jeté un coup d’œil dans le couloir, elle sortit du local. Elle marcha d’un pas rapide en rasant les murs et en regardant obstinément ses chaussures, pour être sûre de ne croiser le regard de personne.

    Quand elle reprit sa place dans le fauteuil de Derek, elle vit son dossier médical et une foule d’émotions la submergèrent. Elle ressentait principalement de la colère contre George d’abord, qui en quelques minutes avait réduit à néant le semblant d’assurance qu’elle avait acquis après son arrivée à San Francisco ; contre Mark aussi qui avait réussi à la convaincre que son apparence n’avait pas changé alors que, de toute évidence, tout le monde pensait le contraire ; contre ces dindes d’infirmières qui s’étaient permises de la juger sans la connaitre ; contre Derek enfin qui de par sa vie dissolue et son attitude envers les femmes qu’il avait séduites, l’avait exposée à la rancœur de ces dernières, et aussi parce qu’il n’avait pas été franc avec elle au sujet de ses soupçons sur George. Il y avait en elle beaucoup de déception aussi parce que, même s’il le lui avait dit à plusieurs reprises, elle avait réalisé en écoutant les infirmières parler de lui, qu’il n’était pas le prince charmant dont elle avait rêvé toute sa vie, mais au contraire un homme qui n’avait parfois aucun scrupule quand il s’agissait d’obtenir ce qu’il voulait. Et que dire de ces pratiques qu’elle trouvait perverses mais qu’il semblait tellement apprécier et auxquelles, elle en était certaine, elle ne pourrait jamais s’adonner malgré tout l’amour qu’elle avait pour lui ! Car, elle était un peu gênée de se l’avouer, rien de ce qu’elle avait entendu n’avait changé les sentiments qu’elle éprouvait à son égard. Elle l’aimait toujours, de cet amour fou et inconditionnel qui s’était emparé d’elle sans qu’elle s’en aperçoive vraiment. Et maintenant, elle avait l’impression d’être prisonnière de cet amour parce qu’il l’amenait à accepter des choses qu’elle n’aurait jamais pensé accepter un jour. En outre, ce sentiment incontrôlable était une source de peur, peur de ne pas être capable d’oublier ce qu’elle avait subi, de ne pas retrouver une vie normale, que Derek ne sache pas attendre qu’elle se rétablisse et qu’il l’abandonne pour aller assouvir ses besoins avec d’autres, ou alors qu’il lui demande de faire les choses dégoutantes qu’il avait faites avec Laurel, et avec d’autres sans doute. A tous les coups, elle serait perdante car, quelle que soit la raison pour laquelle Derek la quitterait, le jour où ça arriverait, elle n’aurait plus rien. Elle ne serait plus personne.

    Elle se releva et attrapa sa veste et son sac. Sans penser à rien d’autre qu’à fuir cette clinique qui symbolisait soudain son malheur, elle sortit du bureau en laissant tout en plan. Ignorant les ascenseurs, elle se précipita dans la cage d’escalier et dévala les marches au risque de se rompre le cou. Elle traversa le grand hall en courant sans prêter attention aux regards intrigués du personnel soignant qui rentrait après avoir fait une pause cigarette. Par chance, un taxi venait de déposer ses clients devant la porte. Meredith s’y engouffra comme si sa vie en dépendait. Après avoir donné l’adresse de la maison de Pacific Heights, elle se plongea dans ses sombres pensées dont le chauffeur, qui la regardait à travers son rétroviseur, n’osa la distraire. Il ne le fit que pour lui signaler qu’elle était arrivée à destination. En reconnaissant la maison, Meredith se sentit soulagée. Après avoir réglé la course, elle se rua hors du taxi pour rentrer là où elle avait le sentiment étrange d’être chez elle.


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  • En sortant du bureau de Richard, à qui il venait d’annoncer, par pure correction, l’engagement provisoire de Meredith en tant qu’assistante de secrétariat, Mark croisa Derek qui se hâtait vers les ascenseurs. Où tu cours comme ça ?

    Désolé, mon vieux, je n’ai pas le temps. On vient de me biper pour une urgence, précisa Derek, en continuant de marcher.

    Mark le suivit. Et Meredith, où est-elle ?

    Dans mon bureau, tiens, répondit Derek. Elle s’occupe de mes dossiers, comme c’était prévu.

    Mark feignit d’être déçu. Ouais, y en a que pour toi, comme d’habitude. Et quand est-ce qu’elle va pouvoir commencer à travailler pour moi, alors ?

    Derek hocha la tête en souriant. Mais, va lui demander, mon vieux. Va lui demander, je t’en prie. Et profites-en pour l’embrasser de ma part !

    Ah ça, avec plaisir ! s’exclama Mark.

    Amical, le baiser, précisa alors Derek. Sur la joue.

    T’es vraiment pas marrant depuis que tu es maqué, bougonna Mark. Derek entra dans l’ascenseur et se retourna pour faire un clin d’œil à son ami. Une fois les portes refermées, celui-ci repartit aussitôt en direction du service de neurochirurgie. Arrivé devant le bureau de Derek, il frappa un coup sec à la porte qu’il ouvrit sans attendre l’invitation à entrer. Alors, c’est ici que tu te caches pour ne pas… Il se tut en réalisant qu’il n’y avait personne. Voyant qu’il y avait encore des dossiers éparpillés sur le bureau et que l’écran de l’ordinateur était en veille, il présuma que Meredith s’était absentée un moment pour aller aux toilettes ou se chercher une boisson. Il passa derrière le bureau et remarqua directement que le dossier de la jeune fille était à l’écart des autres. Supposant qu’elle l’avait lu, il grimaça. Il y avait dans ce dossier des documents qu’il aurait préféré qu’elle ne voie pas. Mû par un pressentiment, il s’assit dans le fauteuil de son ami et agita la souris de l’ordinateur. L’écran de veille disparut. Après que Mark eut introduit le mot de passe noté sur la feuille que Meredith avait négligemment laissé trainer sur le bureau, la page d’accueil de Google s’ouvrit. Mark alla directement dans l’historique des recherches et découvrit que le dernier site visité parlait du flunitrazépam. Il fit une autre grimace. Le doute n’était plus permis. Meredith avait lu le rapport rédigé par le capitaine de police, et elle avait voulu comprendre les informations qu’il contenait. Merde ! grogna Mark entre ses dents serrées. Comment Derek n’avait-il pas pensé à retirer ce dossier de ceux qu’il avait remis à leur amie ? Vu l’état psychologique actuel de celle-ci, cette lecture l’avait très certainement bouleversée.

    Mark se rendit compte que cela faisait un moment qu’il était là et Meredith n’était toujours pas de retour. Il décida de partir à sa recherche. Il passa d’abord par le bureau de la secrétaire de Derek, laquelle lui confia qu’elle n’avait pas encore vu la jeune fille. Après un détour par la machine à café, il se rendit au bureau des infirmières pour leur demander si elles avaient vu Mademoiselle Grey. Ce n’était pas le cas. Choisissant d’ignorer les sourires moqueurs et les regards entendus – y réagir ne ferait qu’accréditer les rumeurs et surtout, cela lui ferait perdre du temps – il se dirigea vers les toilettes des femmes car il ne voyait pas d’autre endroit où la chercher encore. Il entrouvrit la porte du local. Meredith, tu es là ? Il n’obtint aucune réponse. Voulant s’assurer qu’elle ne se cachait pas, il pénétra dans la pièce et vérifia que toutes les toilettes étaient inoccupées. Putain, mais où est-elle ? murmura-t-il, inquiet. Maintenant, il n’avait plus d’autre choix que d’avertir Derek.

    Il le retrouva devant la chambre d’un patient, en train de noter ses constatations sur une feuille tout en donnant des directives à son assistant. Mark interrompit la conversation. Derek, il faut que je te parle.

    Son ami continua d’écrire. Pas maintenant, Mark, j’ai…

    Non, tout de suite. C’est urgent.  

    Le ton nerveux de Mark alerta Derek qui releva la tête vers son camarade. En voyant son expression, il comprit qu’il y avait un problème. C’est bon, dit-il à son assistant en lui remettant ses notes. Vous pouvez déjà vous débrouiller avec ça. Je vais arriver. Une fois que l'homme fut parti, il accorda son attention à Mark. Qu’est-ce qui se passe ?

    On est dans la merde, chuchota Mark. Meredith, en rangeant tes dossiers, elle est tombée sur le sien.

    Oui ? Et alors ? dit Derek avec un air perplexe.

    Mark le regarda comme s’il était débile. Comment ça, et alors ? Mais réfléchis un peu, bordel. Qu’est-ce qu’il y a dans son dossier qu’on ne voulait absolument pas qu’elle apprenne ?

    Derek fit une petite moue. Il y a les résultats de sa prise de sang, quand l’autre con lui a donné les benzos mais ça, elle est déjà plus ou moins au courant.

    Oui et surtout, elle n’est pas à même d’analyser les résultats, lui fit remarquer Mark. Moi, je te parle de quelque chose de beaucoup plus récent. Le rapport de John à propos du GHB, révéla-t-il parce que Derek tardait trop à donner la réponse.

    Ce dernier blêmit. Merde ! Je n’y pensais plus, à ça. Il posa son stylo Bic sur la tablette du bureau. Si tu es là, c'est qu'elle a mal réagi, je suppose.

    Si je suis là, c'est parce que je n'arrive pas à mettre la main dessus, expliqua Mark. Je ne sais pas où elle est. Elle a disparu.


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  • Une lueur de panique passa dans les yeux de Derek. Comment ça, disparu ? Mais où est-ce qu'elle est ?

    Mark leva les yeux au ciel. Si je le savais, je ne te dirais pas qu'elle a disparu.

    Tu crois que ça a un rapport avec ce qu'elle a trouvé dans son dossier ? s'enquit Derek.

    Mark fit une petite moue. Elle est fragile pour le moment. Qui sait comment elle a interprété ce qu'elle a lu, et surtout le fait qu'on ne lui ai pas tout dit ?

    L'assistant de Derek surgit devant eux. Dr Shepherd. Il faudrait que vous veniez tout de suite. On a un problème avec l'épouse du patient. Elle refuse qu’on emmène son mari au bloc tant qu’elle ne vous aura pas parlé.

    L'espace d'un instant, Derek fut tenté de dire à son confrère de se débrouiller avec le patient, son épouse et l'intervention, parce qu'il n'avait qu'une envie, partir à la recherche de Meredith, la trouver et s'assurer qu'elle allait bien. Bien sûr, ce n'était pas possible. J'arrive, Fuentes, dit-il d'un ton sec avant de se tourner vers son meilleur ami. Il faut que tu la trouves, Mark. Moi, je ne peux pas. J'ai cette foutue intervention. Trouve-la, insista-t-il. Et ramène-là, de force s'il le faut. Tu l’enfermes dans ton bureau, tu fais ce que tu veux mais il faut que je puisse lui parler dès que je sors du bloc. Je ne sais pas ce qu’elle a compris, ce qu’elle croit mais… mais… Il jeta un regard éploré à son ami. Trouve-la, Mark, je t’en supplie.

    Compte sur moi. Je vais la trouver et te la ramener, promit Mark. Ne t’en fais pas. Les deux hommes échangèrent encore un regard lourd de sens avant que Mark ne reparte. Par acquit de conscience, il repassa par le bureau de Derek, qu’il trouva toujours inoccupé. Il refermait la porte quand il vit une jeune femme qui s'apprêtait à entrer dans le bureau de la secrétaire de Derek, avec un imposant paquet de dossiers dans les bras. Hé, vous là-bas ! l’apostropha-t-il sèchement.

    En reconnaissant la voix du sexy mais redoutable Dr Sloan, Harriett – car c’était elle – se retourna dans un mouvement brusque, ce qui la déséquilibra. Une bonne partie de ses dossiers tomba par terre. Ho là là, geignit-elle en se précipitant pour ramasser les documents qui s'étaient éparpillés.

    Mark la regarda avec un air sévère. Mais qu'est-ce que c'est que cette cruche encore ? pensa-t-il. Il fit les quelques mètres qui le séparaient d'elle. Laissez tomber vos papiers, lui ordonna-t-il. Vous les ramasserez après.

    Harriett se releva, le visage pourpre tant elle avait honte. Pour une fois que Mark lui adressait la parole, il fallait qu'elle se ridiculise. Cela faisait longtemps qu'elle avait le béguin pour lui. Avec sa stature imposante, ses cheveux blonds cendrés et ses yeux clairs, il était vraiment son type d'homme. Par contre, lui, il ne l’avait sans doute jamais remarquée. Et ce n'est pas comme ça que tu vas le séduire, ma pauvre, se dit-elle. En quoi puis-je vous aider ? demanda-t-elle craintivement, en n'osant pas regarder le chirurgien.

    Vous connaissez l'amie du Dr Shepherd, je suppose, déclara-t-il sur un ton toujours aussi peu aimable. Mademoiselle Grey.

    Oui, oui, je la connais. De vue. Harriett osa enfin relever la tête vers Mark et lui sourit timidement. Elle est très jolie.

    Ce n’est pas ce que je vous demande, la rabroua-t-il. Elle rabaissa immédiatement les yeux. Est-ce que vous l'avez vue ce matin ? se renseigna-t-il.

    Je l'ai vue quand elle est arrivée avec le Dr Shepherd, répondit Harriett en se demandant quel était le but de cet interrogatoire. Elle ne voulait pas commettre d'autres impairs.

    Et après ça, vous ne l'avez plus revue ? aboya Mark.

    Harriett se tassa sur elle-même comme si ça allait la rendre invisible. Si, chuchota-t-elle. Il y a une demi-heure environ. J'étais en train de…

    Mark lui coupa brutalement la parole. Ne me racontez pas votre vie, ça ne m'intéresse pas. Dites-moi simplement où vous l'avez vue et ce qu'elle faisait.

    Elle sortait de la clinique et elle est montée dans un taxi, lui apprit enfin la jeune femme.

    Mark accusa le coup. Il s'attendait à ce que Meredith prenne mal les informations qu'elle avait trouvées dans son dossier mais de là à fuir comme elle semblait l'avoir fait, il y avait une marge. Il trouvait son attitude quelque peu excessive. Vous avez vu comment elle était ? Je veux dire, vous avez eu l'impression qu'elle allait bien ? demanda-t-il encore à Harriett.

    Je ne sais pas, Docteur, murmura-t-elle en se balançant d'un pied sur l'autre sans se rendre compte qu'elle piétinait des pièces des dossiers.

    Vous ne savez rien en fait, lui reprocha vivement Mark. Il tendit la main vers le sol. Et bon sang, faites attention à ce que vous faites. Harriett se figea. Comment peut-on être aussi gourde ! s’écria Mark, exaspéré. Sans remercier celle qui l’avait renseigné, ni même lui accorder un dernier regard, il s’éloigna rapidement. L’important maintenant, c’était de retrouver Meredith. Où était-elle partie ? A la boutique ? Compte tenu des circonstances, c’était improbable et elle n’avait pas besoin d’un taxi pour y aller. Chez sa tante ? Peu probable aussi, l’endroit était encore trop marqué par la présence de George. Mark en vint à la conclusion qu’il n’y avait qu’un seul endroit où la jeune fille pouvait avoir trouvé refuge. A Pacific Heights.


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  • Quelques questions posées à l'employée qui travaillait à l'accueil et au gardien de sécurité permirent à Mark d'avoir la confirmation de ce que lui avait dit l’oie blanche, avec quelques précisions supplémentaires. Meredith avait traversé le hall en courant, comme si elle avait le feu à ses trousses, et elle était montée dans un taxi qui venait de déposer un couple. L'employée de l'accueil avait eu l'impression qu'elle pleurait, ce que le gardien démentait. Par contre, tous deux s'accordaient à dire que la jeune fille était contrariée, bouleversée même, et que son comportement leur avait fait penser qu'elle fuyait quelque chose ou quelqu'un. Qu'est-ce qui a bien pu se passer encore ? s'interrogea Mark en se hâtant vers le parking. Il fut tenté de téléphoner à Meredith mais y renonça pour ne pas l'alerter. Il était pratiquement certain de la trouver à la maison du parc, il ne voulait pas courir le risque qu'elle aille se cacher dans un endroit où il ne la retrouverait pas.

    Par chance, le trafic était relativement fluide à cette heure de la journée. Il arriva assez rapidement à Pacific Avenue. Il sauta en bas de son véhicule et se précipita vers la maison, le cœur battant. Il avait à peine poussé la porte de la terrasse qu'il poussait un soupir de soulagement. Meredith était assise sur le canapé en osier. Lorsqu'elle leva les yeux vers lui, il y vit de la déception. Manifestement, ce n'était pas lui qu'elle attendait. Bien que ce ne soit pas une surprise, il sentit son cœur se serrer. Pourquoi tu n'es pas rentrée ? demanda-t-il avec douceur en s'asseyant en face d'elle.

    Je n'ai pas les clés, marmonna-t-elle en abaissant à nouveau son regard. C’est Derek qui les a. Je suis partie sans penser à les prendre dans la poche de sa veste.

    Mark sourit. C’est malin, ça. Elle haussa les épaules avec une moue boudeuse qui donna à son ami l'impression qu'il était en face d'une petite fille. ça l'attendrit. Je vais te faire un double des clés. Comme ça, la prochaine fois que tu feras une fugue, tu ne seras pas obligée d'attendre dehors. Elle lui lança un regard mauvais qu'il feignit de ne pas remarquer. Je peux savoir ce qui s'est passé ? Elle ne répondit pas. Tu veux bien m’expliquer ? insista-t-il. Face à son mutisme, il décida d'essayer un autre angle d'approche. Mer, tu ne peux pas disparaître comme ça sans prévenir, sans même laisser un mot d’explication. On était vraiment inquiet. Derek surtout. Tu sais comment il est quand il s'agit de toi. Elle n’eut aucune réaction. Bon maintenant, ça suffit ! s'exclama-t-il, le front barré d'un pli de contrariété. Je peux comprendre que tu nous en veuilles mais là, tu exagères.

    Ah j'ai des raisons de vous en vouloir ? ironisa Meredith. Et pourquoi donc ? Ah attends, je sais. Peut-être parce que vous m'avez caché des choses que j'avais le droit de savoir.

    Mark souffla. Mais on ne t'a rien caché ! On ne t'en a pas parlé, c'est tout.

    Oh monsieur fait dans la nuance ! se moqua la jeune fille.

    Mer, soupira Mark. On ne t'en a pas parlé parce que tu le savais déjà. Du moins, tu t'en doutais. Tu nous l'avais dit. Il vint s'asseoir à côté d'elle et lui prit la main. Tu allais déjà tellement mal. On s'est dit que ça ne t'aiderait pas à remonter la pente de savoir que tes soupçons étaient justifiés. Ni de savoir que ce type préparait son coup depuis un bon moment. Est-ce qu'on vraiment a eu tort ?

    Meredith baissa la tête. Sans doute pas, admit-elle.

    Dans toute cette histoire, le GHB, ce n'est qu'un détail, souligna Mark. Et pour nous, le plus important, ce n'était pas ce qui s'était passé mais que tu t'en sortes. On a eu peur que ça te tire encore plus vers le bas. Tu comprends ? Meredith fit signe que oui. Mark se leva. Viens, on rentre, il commence à faire froid. Je vais te faire un café. Il dut la tirer légèrement par le bras pour qu'elle se lève à son tour et le suive à la cuisine. Pendant qu’elle s’installait sur un haut tabouret, il prépara le café en la surveillant du coin de l'œil. Tu devrais envoyer un texto à Derek pour le rassurer. Il n'était pas bien quand je l'ai laissé. Elle acquiesça encore mais ne bougea pas. Bon, j'ai compris, dit Mark. Il prit son iPhone dans la poche de son jean et écrivit son message tout en le lisant à voix haute. Tout va bien, je l'ai retrouvée. On se boit un café et puis, je te la ramène. Sitôt le texto envoyé, il remit le téléphone dans sa poche. Ensuite, il ouvrit l'armoire dans laquelle se trouvaient les friandises et en sortit un paquet de cookies. Quand il se retourna, il constata que la jeune fille était penchée sur la tablette, le visage caché au creux de ses bras repliés. Ecoute, Mer, faut pas te mettre dans des états pareils pour si peu, déclara-t-il en posant le paquet de gâteaux devant elle. ça n'en vaut pas la peine, je t'assure.

    Elle se redressa brusquement, en dépliant les bras, ce qui eut pour effet de faire voler le paquet de cookies par terre en éparpillant le contenu sur le carrelage. Mais je m'en fous du GHB ! cria-t-elle. C'est pas ça, le problème ! Le problème, c'est qu'on essaie de me faire croire des trucs qui n'existent pas. C'est qu'on me dise que tout ira bien alors que ma vie est foutue. Mark voulut parler mais elle ne le laissa pas faire. J'en ai marre qu'on me dise que tout ne sera plus qu'un mauvais souvenir alors qu'à chaque fois que je me regarderai dans un miroir, mon visage sera là pour me rappeler ce que j'ai vécu.

    Mark eut l'air interloqué. Il pensait que ce chapitre était clos depuis leur soirée au Bubba Gump et, maintenant, la voilà qui remettait ça sur le tapis. Il sentit la colère monter en lui. Et moi, j'en ai pas marre, tu crois ? J'ai vraiment l'impression que tu te fous de moi. Il réalisa qu'il était en train de piétiner les morceaux de gâteaux et alla prendre la pelle à poussières et sa balayette dans une armoire.

    Eh bien, comme ça, on est deux ! lança Meredith avec effronterie.


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