• Mark s’allongea dans le canapé pour penser à la conversation qu’il venait d’avoir avec Meredith. Indépendamment du fait qu’elle était très jolie et qu’elle lui plaisait beaucoup, il appréciait vraiment cette petite. Derek avait raison, elle était différente de toutes les femmes qu’ils avaient fréquentées jusqu’alors. Elle était tellement inexpérimentée et sa candeur ne faisait que rajouter à son charme naturel. Mark sourit en se remémorant certaines phases de leur discussion. Il espérait avoir été de bon conseil, parce que non seulement il avait envie que tout aille bien pour elle, mais surtout parce qu’il voulait être digne de la confiance qu’elle lui avait témoignée.

    Ça doit faire pas loin de quinze ans, confirma Mark en laissant entrer son ami.

    Après avoir posé son sac par terre, celui-ci regarda autour de lui. Ça a bien changé. Tu as tout transformé en fait.

    Oh tant que j’y étais !

    Les deux hommes pénétrèrent dans la salle de séjour. Meredith n’est pas là ? s’étonna Derek.

    Elle est montée se changer, répondit Mark en se dirigeant vers la cuisine. Tu veux boire quelque chose ? Derek refusa d’un signe de tête. Alors, Mark fit demi-tour et reprit sa place dans le canapé.

    Derek se laissa tomber dans un fauteuil. Tu lui as prêté une autre de tes chemises ? demanda-t-il avec une certaine amertume.

    Mark esquissa un sourire. Non. Je crois qu’elle va utiliser ce que tu lui as apporté. Elle m’a semblé déterminée à assumer à nouveau sa féminité. On a eu une petite discussion, précisa-t-il devant l’air interrogateur de son ami. D’ailleurs, il faut que je te dise… Il se tut quelques secondes, pour vérifier que Meredith n’était pas en train de descendre l’escalier. L’ami Georgie n’a pas réussi son coup, du moins pas complètement, révéla-t-il à voix basse.

    Que veux-tu dire ? l’interrogea Derek avec empressement. 

    Apparemment, il a à peine eu le temps de mettre son engin au chaud qu’il a dû le retirer. Elle l’a mordu, expliqua Mark avec le ton plein de fierté d’une mère qui relate les exploits de ses rejetons.

    Elle l’a mordu ? répéta Derek, incrédule.

    Oui, de toutes ses dents. Mark fit un grand sourire diabolique. Comme j’aurais voulu être là ! Il remarqua que son camarade ne manifestait pas la même satisfaction que lui. Qu’est-ce que tu as ? Tu n’es pas content ?

    Si, bien sûr mais… Derek lui jeta un regard tourmenté. Comment ça se fait qu’elle t’ait raconté ça alors qu’elle en a été incapable avec moi ? Elle n’a pas confiance en moi, c’est ça ?

    Non mais t’es sérieux, là ? s’énerva Mark. Tu crois que c’est facile pour elle de raconter ce genre de choses ?

    Apparemment, elle n’a pas eu trop de mal à le faire avec toi, lui fit remarquer Derek sur un ton plein d’amertume.

    Et évidemment tu ne devines pas pourquoi, ironisa Mark. Mets-toi à sa place un peu. Raconter à son mec ce qu’elle a fait avec un autre, tu crois que c’est évident ?

    Mais elle n’a rien fait ! protesta Derek. On l’a obligée à faire, c’est différent.

    Exact ! Mais elle s’est quand même retrouvée avec un sexe qui n’était pas le tien dans la bouche, lui rappela Mark. Moi, je comprends qu’elle ne puisse pas t’en parler. Mais si ça peut te rassurer, ça n’a pas été facile pour elle de me le dire. Ceci dit, je pensais que tu serais plus intéressé par le fond que par la forme.

    Derek poussa un long soupir. Tu as raison, je suis ridicule. La seule chose qui compte, c’est que ce salaud n’ait pas obtenu ce qu’elle voulait, qu’elle n’ait pas eu à faire ça. Elle ne t’a rien dit d’autre ?

    Mark fit une petite grimace. Malheureusement oui, et c’est sans doute la partie la moins drôle de l’histoire. Derek sembla effrayé. Cet enculé ne s’est pas protégé. Alors, j’ai fait un prélèvement de sang.

    Je suis médecin et je n’y ai même pas pensé, se blâma Derek.

    Mark haussa légèrement les épaules. Bah, c’est normal. Cette histoire te touche de trop près. Ce n’est pas facile d’être pragmatique dans de telles conditions.

    Derek fixa la table de salon avec un air dépressif. Oui, je sais, mais tout de même…


    1 commentaire
  • Ne te tracasse pas pour des bêtises, recommanda Mark. En plus, il y a de fortes probabilités pour que les analyses ne donnent rien, alors inutile d’en faire tout un plat. Il se remit debout et alla à la cuisine pour se verser un verre d’eau. Je dois te dire aussi, tant que j’y étais, je lui ai dit qu’il fallait absolument porter plainte. Je ne suis pas certain de l’avoir convaincue.

    D’accord, je vais lui en parler, promit Derek. Et pour la prise de sang, ça s’est bien passé ? 

    Mais oui. Bien sûr, elle aurait préféré que ce soit toi qui t’en charges. Mark prit un air dédaigneux. Il semblerait que tu sois particulièrement talentueux. Et pas uniquement en médecine.

    Surpris, Derek fit un petit sourire. Qu’est-ce qu’elle t’a raconté ?

    Mark leva sa main droite. Demande-le-lui. Elle te le dira si elle en a envie.

    Le sourire de Derek se mua en une petite moue boudeuse. Faux frère ! Moi qui croyais pouvoir compter sur toi… Et pour le reste, ça a été ?

    Ouais, si ce n’est qu’elle m’a encore fait une crise pour son visage. C’en est presque vexant, ronchonna Mark.

    Je la comprends. Derek se leva pour se préparer un café. Elle n’est pas médecin. Cela doit être dur pour elle de réaliser qu’il n’y aura aucune séquelle. Je t’en fais un ? demanda-t-il en montrant une tasse à Mark.

    D’un signe de tête, celui-ci répondit par la négative. Je sais. C’est d’ailleurs pour cette raison que je lui ai apporté un bouquin.

    Quel bouquin ?

    Le traité de Tom Burbank sur les sutures, révéla Mark. C’est un des plus accessibles pour les profanes.

    Derek ne cacha pas qu’il était sceptique. C’est pas évident quand même. Et j’ai peur que les illustrations lui fassent plus de tort que de bien.

    C’est pour ça que je compte sur toi pour le décryptage, rétorqua Mark. Il faut vraiment qu’elle arrête de se focaliser sur son apparence pour se concentrer sur son vrai traumatisme qui risque de faire bien plus de dégâts s’il n’est pas traité.

    Laisse-lui un peu de temps, Mark. Elle est encore sous le choc. Derek revint s’asseoir. Tout ça ne me dit pas comment elle s’est décidée à se confier à toi.

    Oh, ça ! Mark reprit un cookie et le mangea en deux bouchées. Quand je lui ai parlé de la police, elle a refusé sous prétexte que ça allait nuire à la boutique.

    Derek fronça les sourcils. Nuire à la boutique ? De quelle manière ?

    Mark émit un borborygme en levant légèrement les yeux en l’air. Elle a peur des ragots qu’il pourrait y avoir, et elle ne veut pas faire de la peine à Izzie, vu que l’autre taré est son cousin.

    Non mais tu le crois, ça ? s’emporta Derek en haussant le ton. Elle est la victime d’un viol et ce qui la préoccupe, ce sont les états d’âme de sa copine.

    Mark lui fit signe de parler plus bas. Calme-toi. Ça ne sert à rien de crier, elle risque de t’entendre.

    Tu as raison, reconnut son ami. Continue. Il souffla un grand coup avant d’aller chercher le pot de café pour s’en servir une tasse. Il en but immédiatement une gorgée sans se préoccuper de la température élevée du breuvage.

    J’ai insisté pour la police, reprit Mark. Alors, elle m’a expliqué que, pour elle, il n’y avait pas eu viol. Je n’étais pas d’accord et c’est là qu’elle m’a raconté ce qui s’était passé.

    Derek recommença à s’énerver. Et moi ? Elle a l’intention de me parler ou bien je reste avec mes interrogations ?

    Aargh ! Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? Mark se leva à son tour et alla vérifier à la porte que Meredith n’était pas dans les parages. Elle n’y était pas. Tranquillisé, Mark revint à sa place. Dans la foulée, elle m’a appris qu’il n’avait pas mis de préservatif et c’est là que je lui ai parlé du test.

    Derek s’absorba dans la contemplation de la tasse de café qu’il avait posée sur la table du salon. Je suis content qu’elle ait réussi à se confier, finit-il par dire. Mais j’aurais préféré qu’elle le fasse avec moi.

    Tu ne peux pas rivaliser avec moi, plaisanta Mark. Ma force de persuasion, ma capacité d’écoute, mon empathie… Derek ricana avec un air mauvais, ce qui fit rire Mark. Avoue que ça te fait chier. Derek haussa les épaules mais ne répondit pas. Va falloir te faire une raison, s’entêta Mark. Je crois bien que Meredith et moi, on est en train de devenir amis. Je l’aime bien, c’est vraiment une chouette fille, conclut-il, attendri.


    1 commentaire
  • Meredith grimpa les escaliers aussi vite que ses douleurs le lui permettaient. Mark avait raison, il fallait qu’elle mette toutes les chances de son côté pour garder Derek et même si elle n’était pas capable, pour le moment, de le satisfaire sexuellement, elle pouvait au moins essayer de le combler visuellement. Il fallait qu’elle soit sexy comme elle ne l’avait jamais été ! C’est forte de cette bonne résolution qu’elle jeta son sac sur le lit. Elle en sortit les vêtements que Derek avait pris et les étala sur le lit. Elle éprouva presque de la déception en constatant que son amant n’avait choisi que des tenues relativement sages. Pourquoi ne lui avait-il pas ramené sa petite robe noire, classique mais qui épousait parfaitement ses formes ? Ou mieux encore, la combinaison blanche au décolleté plongeant qu’elle n’avait pas encore eu l’occasion de mettre ? Mais puisqu’elle ne les avait pas, elle allait devoir se débrouiller autrement. Après quelques hésitations, elle jeta son dévolu sur une jupe courte en cuir noir et un tee-shirt rose à col roulé sans manches qui moulait sa poitrine comme une seconde peau. Normalement, elle le portait avec un gilet mais elle décida de s’en passer pour ne pas ruiner l’effet recherché. Après s’être examinée dans le miroir, elle retira son soutien-gorge. Voilà, ça, c’était super sexy ! Satisfaite du résultat, elle compléta sa tenue par une paire d’escarpins noirs à talons hauts avant de descendre au rez-de-chaussée.

    Elle arrivait au premier étage quand elle reconnut la voix de Derek. Enfin, il était là ! Elle dévala les dernières marches au risque de se tordre la cheville et de tomber, et déboula dans le salon, s’arrêtant juste devant le canapé. Les deux hommes tournèrent la tête vers elle dans un même mouvement. Ils restèrent bouche bée en la découvrant. Mi femme enfant, mi femme fatale, elle était on ne peut plus ravissante.

    Bon sang, cette gamine est un vrai canon, pensa Mark. Elle arriverait à faire bander un eunuque. Le problème, c’est qu’elle ne s’en rend même pas compte. Il jeta un coup d’œil furtif à son ami qui semblait tout aussi ébahi que lui. Et lui, là, regarde-le. Pas amoureux, mon œil ! Si c’est pas malheureux de nier autant l’évidence !

    Quant à Derek, qui ne pouvait décoller son regard de la jeune fille, il n’était pas certain de savoir ce qu’il ressentait. Evidemment, Meredith était magnifique et il regrettait de ne pas pouvoir l’emmener dans une chambre pour lui faire l’amour. Mais il ne la reconnaissait pas dans cette femme un peu provocante qui ne ressemblait à rien à celle qu’il connaissait. Cela ne lui disait rien qui vaille. Et par-dessus tout, il n’appréciait pas que Mark puisse voir les tétons de sa petite amie pointer à travers le tissu de son tee-shirt. Il quitta son fauteuil et alla vers elle autant pour l’accueillir que pour la dissimuler aux yeux de Mark.

    Elle se jeta sur lui. Tu es là, enfin, murmura-t-elle, fébrile. Je me demandais quand tu allais arriver. Ça m’a paru interminable.

    Derek la serra dans ses bras et l’embrassa sur le haut du front. J’ai fait le plus vite possible mais il y avait un peu de trafic sur la route.

    Oui, je comprends. C’est pas grave. Elle se tourna vers Mark. C’est qui, la chouette fille dont tu parlais ?

    On écoute aux portes, maintenant ? persifla Mark.

    Meredith parut choquée. Mais non. Je t’ai entendu parler de ça quand je suis arrivée dans le hall. Alors, c’est qui ?

    Callie, répondit Mark du tac au tac. Il haussa un sourcil. Tu n’as quand même pas cru que c’était toi ?

    Son regard malicieux indiqua à Meredith qu’il se moquait d’elle. Elle décida de jouer le jeu. Ben si, justement ! Elle prit un air désappointé. Et dire que je croyais que tu étais une bonne copine !   

    Je suis déjà ton nounours, je ne peux pas tout faire ! répliqua Mark. Un petit rire s’échappa de la gorge de Meredith.

    Un peu jaloux de leur complicité dans laquelle il n’avait pas de place, Derek voulut reprendre le contrôle. Il caressa la joue de son amie pour attirer son attention. Tu m’as manqué. Je t’ai manqué aussi ? lui susurra-t-il. Meredith acquiesça. Je me suis dépêché de revenir, tu sais, insista-t-il. Elle lui sourit. Mark m’a parlé de la prise de sang, poursuivit-il sur le même ton confidentiel. Tu ne dois pas avoir peur. Je suis sûr qu’il a fait ça pour rien.

    J’espère, dit Meredith sur un ton un peu craintif.

    Derek la serra plus fort contre lui. Et il m’a dit aussi ce qui s’était vraiment passé à la boutique, lui murmura-t-il au creux de l’oreille. Meredith le repoussa légèrement pour lui lancer un regard interrogateur. Je sais ce que tu as fait pour te défendre. Je suis tellement fier de toi, ajouta-il sans remarquer qu’elle s’était raidie. Tu es une vraie guerrière.

    Elle fut contrariée que Mark ait relaté leur conversation à Derek mais que ce dernier lui en parle, ravivant ainsi des souvenirs qu’elle essayait de refouler, fit monter en elle une colère froide. Oui, on devrait me décerner une médaille, d’ailleurs, persifla-t-elle en se détachant de Derek. On pourrait graver quelque chose dessus. Elle marcha jusqu’à la cuisine et remarqua le pot de café que son amant avait préparé. Que pensez-vous de, elle a vaincu son violeur à coup de dents ? proposa-t-elle en se versant une tasse. Mark grimaça. La jeune fille fit une petite moue avant de secouer la tête. Non, pas assez poétique. Des suggestions, messieurs ? Elle but une longue gorgée de café.

    Derek réalisa qu’il avait fait une énorme bourde et que cela risquait de déclencher une crise. Meredith, dit-il sur un ton implorant.  

    Quoi ? s’exclama-t-elle. Je me creuse les méninges mais je ne trouve pas. Alors, vous pourriez m’aider.


    1 commentaire
  • Bébé, je reconnais que j’ai été maladroit, mais je voulais simplement te dire à quel point j’étais heureux que tu ne te sois pas laissé faire, expliqua Derek en ayant l’impression de marcher sur un terrain miné.

    Oui, évidemment, tu tiens absolument à garder ton titre, répliqua Meredith avec un air mauvais.  

    Mon titre ? demanda Derek. Il se tourna vers Mark en quête d’une réponse mais celui-ci leva légèrement les mains en signe d’ignorance.

    Blessé, Derek blêmit. Ce n’est pas du tout à ça que je pensais. Ça ne m’a même pas effleuré, assura-t-il. Je voulais juste te dire que…

    Meredith ne le laissa pas terminer sa phrase. Que tu étais fier que j’aie mordu le pénis de George, oui, j’ai bien compris le message.

    Désarçonné, Derek regarda Mark avec un air totalement perdu que son ami interpréta comme un appel à l’aide. Il se leva et rejoignit la jeune fille qui était en train de se servir une autre tasse de café. Il la lui retira délicatement des mains. Je crois que tu devrais éviter la caféine. Dans ton état, ce n’est pas tellement indiqué.

    Quel état ? demanda Meredith. Je suis en pleine forme.

    Justement, tu l’es déjà assez, rétorqua Mark. Inutile d’en remettre une couche.

    Meredith le foudroya du regard. De quel droit tu m’empêches de boire ce que je veux ? Tu n’es pas mon père à ce que je sache, même si tu as l’âge de l’être. Elle voulut reprendre sa tasse mais Mark se mit devant elle.

    Ça, ça marche peut-être avec lui, déclara-t-il en désignant Derek. Mais pas avec moi. Alors, te fatigue pas.

    Le regard assassin de la jeune fille se transforma en défi. Tu ne veux pas que je boive du café ? D’accord. Alors, je vais boire autre chose. Elle contourna Mark pour entrer dans la cuisine. Elle se pencha sur une armoire basse d’où elle sortit une bouteille de scotch qu’elle brandit en l’air. Un verre, les gars ? Vous n’allez pas me laisser boire seule tout de même. Mark tourna la tête vers son meilleur ami pour voir sa réaction et savoir quelle attitude adopter.

    Derek était perdu. Il avait beaucoup de mal à reconnaitre la douce Meredith, toujours si raisonnable, dans cette fille excessive. S’il n’arrivait pas à la calmer, les conséquences pourraient être terribles. Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, bébé.

    Meredith prit un air dédaigneux. Il faut savoir ce que tu veux. Quand je n’avais pas l’âge légal pour boire de l’alcool, tu m’incitais à le faire à chaque fois qu’on sortait et maintenant que je peux, tu ne veux plus.

    Je ne t’ai jamais incitée à boire, protesta Derek, choqué par l’accusation que son amie venait de formuler. Et même si c’était vrai, la situation a changé. Tu as subi un traumatisme. Tu es éreintée et à bout de nerfs. Dans ton état, l’alcool est encore pire que la caféine. Tu vas t’écrouler.

    Derek a raison, renchérit Mark. D’autant plus que tu es sous antidouleurs. Tu dois t’en tenir au soda.

    Effrontée, Meredith prit trois verres qu’elle posa à côté de la bouteille. Allez, ne jouez pas les rabat-joie ! C’est bien toi qui voulais que je fête mon anniversaire, non ? ajouta-t-elle à l’intention de Derek. Alors fêtons-le comme il faut ! Elle versa une généreuse rasade de whisky dans deux verres qu’elle poussa dans leur direction avant de se pencher à nouveau. Quand elle se redressa, elle avait une bouteille de vodka à la main. Elle se servit un verre qu’elle emmena jusqu’au frigo. Vous voulez des glaçons aussi ?

    Les deux hommes échangèrent un regard inquiet. Qu’est-ce qu’on fait ? demanda Mark à voix basse. J’ai l’impression d’être sur les montagnes russes. Un moment, ça va, l’instant d’après, elle pète un plomb.

    Je ne peux pas la laisser faire, répondit Derek en observant son amie qui se servait en glaçons. Un petit verre n’a jamais tué personne, ça peut même aider parfois, mais pas dans son cas.

    Accroche-toi alors, parce qu’elle a l’air bien décidée. Bon sang, je n’aurais pas dû acheter de l’alcool, admit Mark. Si j’avais su !

    Meredith claqua la porte du frigidaire. C’est quoi, toutes ces messes basses ?  

    Bébé, ne bois pas ce verre, supplia Derek. Ça ne va te faire aucun bien.

    Moi, je crois que si, s’entêta Meredith. Et puis, j’ai tellement de choses à fêter. Mon anniversaire, mon viol, mes éventuelles MST. Derek soupira tandis que Mark hochait la tête en signe de désapprobation. S’il avait été seul avec Meredith, il l’aurait sommée d’arrêter son cinéma et de cesser de s’appesantir sur son sort, mais là, c’était à Derek de gérer la situation.


    2 commentaires
  • Meredith leva son verre en l’air. On trinque ? Vous n’avez pas des trucs à me souhaiter pour mes vingt-et-un ans ?   

    Pour le moment, tout ce que je te souhaite, c’est d’être capable de surmonter ce que tu as subi, objecta Derek d’une voix douce. Et je sais que l’alcool ne t’y aidera pas, bien au contraire. Alors, donne-moi ton verre. Il avança vers elle, la main tendue.

    Non, rugit la jeune fille avant de boire une grande gorgée de sa vodka. J’en ai marre des mecs qui veulent me soumettre à leur volonté. Je veux trinquer, alors, on va trinquer ! Elle leva à nouveau son verre. A mon entrée dans l’âge adulte ! Et à l’amitié ! Derek comprit que la machine était en marche et que ce serait dur de l’arrêter. Depuis l’agression, il souhaitait que Meredith s’exprime sur ce qu’elle avait vécu, mais là, elle allait le faire d’une façon qui n’était pas la bonne. Dérouté, il chercha de l’aide auprès de son ami mais celui-ci semblait aussi désarçonné que lui. Et buvons à George, continuait Meredith. Ce cher George qui a cru que parce que nous étions des amis d’enfance, il avait tous les droits sur moi. Même celui de m’obliger à faire des choses dont je n’avais pas envie. Des choses que je n’étais même pas sûre de vouloir faire avec toi, lâcha-t-elle dans un souffle en regardant Derek.

    Le cœur de ce dernier se serra à la vue de la jeune fille dont les yeux étaient noyés de larmes. Elle semblait tellement vulnérable. Meredith, n’y pense plus, lui conseilla-t-il avec tendresse. Il savait que la recommandation était stupide mais il ne savait plus quoi dire pour encourager son amie à aller de l’avant.

    Je ne pense qu’à ça, murmura-t-elle avant de vider son verre d’un trait. Quand elle voulut le remplir, Derek se précipita pour le lui enlever mais elle lui échappa en courant dans le hall. Tandis que Derek la suivait, Mark prit la bouteille de vodka pour la mettre à l’abri.   

    Meredith et Derek réapparurent de l’autre côté du salon. Ça suffit maintenant ! Donne-moi ce verre, ordonna Derek sur un ton légèrement agacé. Meredith le défia du regard. Il marcha vers elle, aussi déterminé à lui arracher le verre qu’elle l’était à le garder. Quand il lui prit la main pour l’obliger à l’ouvrir, elle resserra les doigts comme si sa vie en dépendait. Le verre se cassa. Meredith, nom de dieu, gronda Derek. Qu’est-ce que tu fous ?

    Mark arriva avec un air inquiet. Elle s’est blessée ? 

    Je ne sais pas. Derek ouvrit délicatement la main de Meredith, qui était maintenant tout à fait docile, et fit tomber par terre des éclats de verre. Il aperçut quelques petits points rouges au creux de la paume. Tu peux m’apporter du désinfectant et des pansements ? demanda-t-il à son ami. Celui-ci alla chercher sa trousse à la cuisine.

    Derek guida la jeune fille jusqu’au fauteuil le plus proche. Je dois regarder ta main pour voir s’il n’y a pas des éclats de verre dans ta peau, lui annonça-t-il. Il approcha son visage de la main qu’il inclina dans tous les sens dans le but de repérer les éventuels débris en les faisant étinceler à la lumière. Je ne vois rien. Tu as mal ? Meredith hocha la tête. Mark déposa sur la table de quoi la soigner avant de s’éclipser. Derek prit une compresse stérile qu’il imbiba de désinfectant et la passa délicatement sur la paume de son amie.

    Je suis vraiment désolée, chuchota Meredith, gênée. Je ne sais pas ce qui m’a pris.

    Ah tais-toi, grogna Derek. Ce n’est rien. Il regarda à nouveau la main de son amie. Ce n’est même pas la peine de mettre un pansement.

    Meredith jeta un regard distrait à sa main. Tant mieux, dit-elle d’une voix étranglée. Tout à coup, elle releva la tête vers Derek et il vit qu’elle pleurait. Pourquoi est-ce qu’il m’a fait ça ? lui demanda-t-elle avec désespoir. Elle éclata en sanglots en s’abattant contre la poitrine de Derek.

    Jamais ce dernier ne l’avait vu aussi malheureuse. Mais tout aussi poignante qu’elle fût, cette crise était salutaire, il le savait. Elle allait permettre à Meredith d’évacuer la pression qui pesait sur elle depuis longtemps, et qui avait atteint son comble la veille. Il la reprit dans ses bras et s’assit, avec elle sur ses genoux, la berçant comme si elle était une petite fille en quête de sommeil. Pleure, mon bébé, pleure. Si ça te fait du bien, alors, ne te retiens pas. Meredith s’agrippa au cou de Derek et enfouit la tête contre son épaule, en sanglotant de plus belle.

    Mark, qui observait la scène de loin, se sentit de trop. Il s’approcha du couple et fit des signes de la main pour attirer l’attention de son ami. Celui-ci releva la tête vers lui. Ça fait des plombes que je suis parti, il faut que je retourne à la clinique, chuchota-t-il. Derek l’approuva d’un signe de tête. Mark lui montra les éprouvettes qu’il avait en main. Je vais apporter ça au labo. Je te préviens dès que j’ai les résultats. Si tu as besoin de moi… Il mima quelqu’un qui téléphonait. Derek lui répondit par un clignement d’yeux. Mark posa un regard compatissant sur Meredith qui pleurait plus silencieusement. Ça va aller, ça va aller. N’oublie pas ce que je t’ai dit. Il passa la main sur la tête de la jeune fille. Tu es forte, Mer. Tu vas t’en sortir.

    Derek le regarda avec un air étonné. Depuis quand tu l’appelles Mer ?

    Depuis tout à l’heure, répondit Mark. C’est venu comme ça. Mais si ça te dérange…

    Non, pas du tout, assura Derek en souriant. Pourquoi ça me dérangerait ? Ce diminutif était la preuve que son ami avait vraiment adopté Meredith, que celle-ci avait été acceptée dans leur clan, la preuve aussi que lui-même ne s’était pas trompé en la distinguant.

    Oh avec toi, on ne sait jamais, ironisa Mark. Il retourna à la cuisine pour ranger sa trousse tout en observant son ami qui parlait à l’oreille de Meredith. A les voir ainsi, il se dit qu’il ne devait se faire aucune illusion. La chasse était réservée et pour un bon moment certainement. Bah, tant mieux pour eux, se dit-il. Moi, de toute façon, je ne ferais que m’amuser avec elle. Il sortit de la maison sans que ses amis se rendent compte de son départ.


    1 commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires