• Meredith conduisit ses convives jusqu’au salon d’été, là où la mère de Kaona et ses filles avaient dressé la grande table en la décorant à l’hawaïenne, avec des hibiscus et des ananas. Après avoir fait asseoir Finn et Colleen, Meredith et Derek s’installèrent en face d’eux. N’ayant pas l’habitude de recevoir, il fallut quelques minutes à Meredith pour réaliser que c’était à elle d’aller chercher le plat. Excusez-moi, dit-elle en se levant. Je manque à tous mes devoirs d’hôtesse.

    Finn l’imita aussitôt. Attends, je vais t’aider.

    Asseyez-vous, ordonna Derek d’une voix métallique. Réalisant que les deux femmes le regardaient d’un air étrange, il prit sur lui pour parler d’un ton plus doux. Pas la peine, mon vieux. Rassurez-vous, nous n’avons pas mis les petits plats dans les grands. Ce soir, c’est à la bonne franquette. Il fixa Finn dans les yeux. De toute façon, si Meredith a besoin d’aide, je suis là. Elle le sait. Parce qu’il ne voulait pas éveiller les soupçons, Finn ne put faire autrement que de se rasseoir. Derek se tourna vers Colleen. Alors, parlez-moi de votre magasin. Où se situe-t-il ?

    Oh ce n’est qu’une toute petite boutique sur Pike Street, lui expliqua-t-elle. Je n’en suis qu’au début. Je l’ai achetée après mon divorce.

    Oh vous êtes divorcée, dit Derek en servant un verre de vin à chaque convive.

    Oui, depuis deux ans, et j’ai un fils, Jason. Colleen eut un sourire plein de tendresse. Il a cinq ans. Il est chez son père pour le moment. Je suis très heureuse d’être à Hawaii avec Finn, mais j’avoue que Jason me manque, lui confia Colleen. Souvent, il me pousse à bout avec ses bêtises et dans ces cas-là, je rêve de l’envoyer à l’autre bout du monde. Mais quand il n’est pas avec moi, c’est comme si je n’étais plus tout à fait entière. Les joues de la jeune femme rosirent à nouveau. Vous devez me trouver stupide.

    Derek la regarda avec sympathie. Non, pas du tout. C’est normal. Vous êtes une maman.

    Et vous, Derek, vous avez des enfants ? s’enquit Colleen.

    Non, je n’ai pas ce bonheur, répondit Derek avec un petit air mélancolique. Pas encore.

    Finn but une gorgée de vin et afficha un sourire méchant. A ce propos… dites-moi, Derek, comment va votre charmante épouse ? Addison, si mes souvenirs sont bons…

    Derek pâlit sous l’affront. Meredith, qui revenait avec le poulet, faillit le laisser tomber par terre. Elle échangea avec son amant un regard qui signifiait, Mon Dieu ! Ai-je bien entendu ? Mais elle n’avait aucun doute à ce sujet et elle comprit qu’elle devait se préparer à vivre très certainement une soirée d’enfer.

    Derek fut le premier à retrouver son aplomb. En l’occurrence, mon épouse, comme vous dites, ne l’est plus, dit-il froidement. Nous avons divorcé il y a quelque temps déjà. Maintenant, elle vit à Los Angeles et comme je n’ai plus aucune nouvelle d’elle, je présume que tout va bien.

    Ah bon ! Vous m’en direz tant, persifla le vétérinaire.

    Finn, chuchota la douce Colleen, au comble de l’embarras. Il lui fit signe de se taire.

    Vous avez l’air étonné, constata Derek. Pour mieux résister à l’envie d’envoyer son poing dans la figure de Finn, il décida d’occuper ses mains en passant les assiettes à Meredith, afin qu’elle puisse les servir.

    Un peu, je vous le concède. Je ne pensais pas que le mariage vous pesait, puisque vous en aviez tous les avantages sans en avoir les inconvénients. Finn jubila en voyant dans quel état d’énervement sa dernière phrase mettait Derek. Jamais je n’aurais imaginé que vous divorceriez.

    Si tel n’était pas le cas, je ne serais pas ici avec Meredith. Pour qui me prenez-vous ? aboya Derek qui avait abandonné l’idée de rester poli et civilisé.

    Mais pour ce que vous êtes, mon cher ! s’exclama Finn avec un petit rire sardonique. D’habitude, vous ne vous embarrassez pas pour si peu. Si j’ai bon souvenir, quand vous avez couché avec Meredith au bal du Seattle Grace Hospital, vous étiez encore marié, n’est-ce pas ?Finn ! s’exclama Colleen, aussi gênée que scandalisée. Arrête, s’il te plaît. Tout cela ne te regarde pas. De quel droit tu t’immisces dans la vie de ces personnes ?

    Le fait que sa fiancée prenne le parti de Derek plutôt que le sien irrita Finn. C’est toi qui me dis ça ? l’apostropha-t-il. Toi que ton mari a trompée pendant des années, toi qu’il a abandonnée avec un enfant… A cause de ce salaud adultère, tu étais en lambeaux quand je t’ai rencontrée. Et tu oses me demander pourquoi je me révolte ?

    Je suis désolée de ce qui vous est arrivé, Colleen, intervint Derek, mais je peux vous assurer que votre histoire ne ressemble en rien à la mienne.

    Colleen leva la main droite en guise de protestation. Mais vous n’avez pas besoin de vous justifier, Derek. Votre histoire ne me regarde pas. Rouge de honte, elle se leva de table. Je pense que nous ferions mieux de partir. Nous n’allons pas continuer à vous gâcher la soirée. Je suis vraiment désolée, vraiment, Meredith. Vous nous recevez si bien et nous…

    Meredith sortit de sa réserve. Ne vous excusez pas. Vous n’y êtes pour rien. Et il n’est pas question que vous partiez maintenant. Elle feignit de ne pas voir Derek qui la fusillait du regard. Nous sommes entre adultes, entre gens civilisés, ajouta-t-elle en fixant son ancien petit ami. Je suis certaine que nous pouvons aller au bout de cette soirée sans encombre et même y trouver du plaisir, pour autant que chacun y mette du sien. Finn, qu’en dis-tu ?


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  • Au grand dam de Cristina, Meredith quitta la boutique un peu plus tôt afin d’avoir le temps de se préparer. Après avoir pris un bain parfumé aux huiles essentielles, qui la détendit, elle passa de longues minutes à trouver la tenue adéquate. Elle voulait être belle et élégante, mais sans ostentation, pour ne pas être en décalage avec le restaurant simple qu’elle avait l’intention de choisir et surtout, pour ne pas donner à Derek l’impression qu’elle voulait le reconquérir, même si c’était son intention. Elle choisit finalement un pantalon fluide en lin beige clair et le fameux corsage rose perle zippé sur le devant, que Derek avait tant apprécié le lendemain du gala. Après s’être très discrètement maquillée, un trait d’eye-liner sous l’œil, un peu de mascara sur les cils et du gloss sur les lèvres, elle releva ses cheveux en un chignon fantaisie. Satisfaite par l’image que lui renvoyait son miroir, elle alluma son ordinateur pour dénicher le restaurant qui plairait à Derek et où elle se sentirait parfaitement à l’aise. Elle était décidée à faire de cette soirée une réussite. Ce n’était pas tous les jours que la vie accordait une seconde chance et Meredith était déterminée à mettre tous les atouts de son côté. 

    Lorsqu’elle eut trouvé l’endroit idéal, elle descendit au rez-de-chaussée, en appréhendant un peu de se retrouver avec ses camarades et de devoir subir une fois encore leurs reproches et leurs recommandations. Par chance, il n’y avait qu’Izzie qui, installée dans le salon, établissait la carte des suggestions pour la semaine suivante. Elle releva la tête en entendant Meredith entrer dans la pièce. Woaw, Mer, tu es superbe, s’exclama-t-elle avec sincérité. Derek va encore perdre la tête, c’est certain.

    Meredith la regarda, pleine d’espoir. Tu crois ?

    J’en suis sûre, répondit Izzie. Elle sourit à son amie. Ça va bien se passer. Il est fou de toi, ça se voit. Après… c’est sûr qu’il a des problèmes d’engagement. Il va falloir que tu mettes les choses au point avec lui. Tu ne peux pas accepter qu’il te traite comme il l’a fait cette semaine. 

    Meredith soupira. Je sais. Elle s’assit sur l’accoudoir du canapé. Ils sont où, les autres ?

    Cristina se fait un ciné, lui apprit Izzie. Et George, je ne sais pas. Je suppose qu’il n’avait pas trop envie d’être là à l’arrivée de Derek. 

    La sonnette de l’entrée retentit. Meredith courut ouvrir la porte derrière laquelle se trouvait Derek. Elle le trouva magnifique, habillé simplement d’un jean et d’un polo bleu assorti à la couleur de ses yeux. Salut, susurra le chirurgien, le regard pétillant. Il hésita un instant puis s’avança pour embrasser la joue de la jeune fille.

    Cette dernière rosit légèrement. Tu veux entrer un moment ?

    Derek grimaça. Si tu es prête, je préférerais partir directement. J’en ai un peu marre des confrontations.

    Meredith sourit. D’accord. Le temps de prendre mon sac. Elle lui indiqua d’un signe qu’elle devait aller le chercher dans le salon. Il acquiesça et ne la quitta pas des yeux, tandis qu’elle allait d’une pièce à l’autre, la trouvant exquise avec ses cheveux relevés qui lui donnaient un air si distingué. Il se dit qu’elle avait bien plus de classe que bon nombre de femmes de la haute société qu’il avait fréquentées. Ca y est, je suis prête, claironna-t-elle en revenant dans le hall d’entrée. On peut y aller.

    Tandis qu’ils se dirigeraient vers la voiture, qui était garée quelques mètres en contrebas de la maison, Derek pensa qu’il aurait aimé prendre la main de Meredith, comme il le faisait avant. Mais les choses avaient changé depuis Napa et il se contenta de la lui effleurer, lui faisant croire qu’il ne s’agissait que d’un mouvement fortuit. Mais quand il aperçut George qui avançait vers eux il se rapprocha instinctivement de Meredith et, sans réfléchir, passa un bras autour de sa taille, plus dans une attitude de protection que de séduction. Elle ne se méprit d’ailleurs pas sur la signification du geste. George parvint difficilement à cacher le dégoût qu’il éprouvait. Quand Meredith cesserait-elle de se faire manipuler par ce Don Juan de pacotille ? Le regard que les deux hommes échangèrent fut terrible. Mais échaudé par ses précédentes expériences, George préféra passer son chemin. Il rentra dans la maison sans faire de commentaires.

    Derek ouvrit la portière à Meredith et attendit qu’elle soit installée pour se mettre au volant. C’est drôle, tu ne sautes plus jamais au-dessus de ta portière, lui fit remarquer la jeune fille. La toute première fois que je t’ai vu, tu venais acheter des journaux chez Alex et tu as sauté au-dessus de la portière pour rentrer dans ta voiture, ajouta-t-elle, un brin de nostalgie dans la voix.

    Ça t’a impressionnée et tu t’es dit, il faut absolument que je rencontre ce mec, plaisanta Derek.

    Meredith le regarda avec un air amusé. Non, je me suis dit, quel frimeur.

    Derek fit semblant d’être choqué. Comment ça, frimeur ? Je prends des risques quand je fais ça, tu ne te rends pas compte. C’est même carrément dangereux.

    Meredith s’esclaffa. Tu parles ! N’importe qui pourrait en faire autant.

    Ah ouais ? Derek lui fit signe de sortir de la voiture. Eh ben, vas-y, fais-le.

    Je le ferais avec plaisir si je n’avais pas des hauts talons, répondit Meredith en levant légèrement la jambe pour qu’il puisse voir ses sandales. 

    Dis plutôt que tu te défiles ! répliqua-t-il, narquois. C’est toi la frimeuse, en fait. Ils échangèrent un regard et éclatèrent de rire. Ce n’était pas tant leur échange qui les amusait. Ils étaient simplement heureux d’avoir, malgré les évènements, retrouvé leur complicité.


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  • Finn regarda Meredith dans les yeux. En ce qui me concerne, ça ne pose aucun problème.

    Colleen ? Vous voulez bien rester ? demanda Meredith.

    Puisque vous insistez. Mais je suis horriblement gênée… Après tout, vous nous invitez et nous vous agressons. Colleen se rassit. Vraiment, Finn, je ne comprends pas, ça ne te ressemble pas du tout.

    Nous discuterons de ça plus tard, si tu veux bien, lui répondit-il sèchement.

    Meredith se tourna vers Derek pour obtenir son assentiment. Il haussa les épaules. Si c’est ce que tu désires…

    Elle lui sourit. Très bien. Alors, nous allons pouvoir nous rasseoir et manger ce poulet.

    Colleen prit une grande inspiration destinée à lui redonner une contenance. Il me semble délicieux. Vous vous êtes vraiment donnée beaucoup de mal.

    Stressée, Meredith eut un petit rire qui sonnait faux. Heureusement pour vous, ce n’est pas moi qui l’ai cuisiné. Je suis nulle avec une casserole en main.

    Mais tu es géniale avec un scalpel. Ceci compense cela, dit Derek avec un sourire tendu.

    Alors, c’est vous, Derek, qui avez préparé ce dîner ? s’enquit Colleen, heureuse d’avoir trouvé un sujet de conversation qui ne soit pas source de conflit.

    Mon Dieu, non ! s’exclama Derek avec un rire forcé. A part faire cuire un bout de viande sur un barbecue, je suis aussi nul que Meredith dans une cuisine. Je ne devrais pas vous le dire mais nous avons fait appel à la dame qui s’occupe de la maison. C’est grâce à elle si vous ne mangez pas trop mal ce soir. Finn ricana. Derek le dévisagea durement. Un problème, mon vieux ?

    Plein de morgue, Finn le défia du regard. Je ne suis pas votre vieux déjà, et je n’ai aucun problème. Je me disais simplement que vous ne vous refusiez rien. Il regarda rapidement autour de lui. Une propriété digne d’une star, une maison assez grande pour abriter trois ou quatre familles, la voiture de sport devant la porte, un 4x4 dans le garage si j’ai bien vu, du personnel de maison. Il ignora les petites tapes que sa fiancée lui donnait sur la cuisse, en-dessous de la table, pour le faire taire. Non, vous ne lésinez pas sur les moyens pour plaire à votre… comment dire ? – Derek se raidit en le voyant faire semblant de réfléchir - petite amie. 

    Mais enfin, Finn, qu’est-ce que ça peut te faire ? s’énerva Colleen. J’ai l’impression que tu es jaloux et je ne comprends pas pourquoi. Chacun est libre de faire comme il l’entend tout de même !

    Tout à fait, tout à fait, ironisa Finn. Chacun est libre. Donc, libre à moi de trouver que tout cela fait un peu nouveau riche… trop ostentatoire… Mais si tu aimes ça, dit-il en s’adressant à Meredith, tant mieux. C’est juste que je ne t’imaginais pas comme ça.

    Derek ne laissa pas à Meredith le temps de réagir. Sans doute parce que vous la connaissez mal - il marqua un temps puis mit l’accent sur ses mots - mon vieux !

    Mmm ! Ce poulet est vraiment succulent, Meredith, intervint précipitamment Colleen dans l’espoir d’alléger l’atmosphère extraordinairement pesante. Elle n’avait pas encore touché à son assiette et n’avait aucune idée du goût des mets, mais elle n’avait rien trouvé d’autre qui permette de dévier cette conversation qui n’allait pas tarder à mettre le feu aux poudres, elle le sentait.    

    C’est du poulet Volcan Huli–Huli, lui apprit Meredith. Je trouve que c’est amusant comme nom de recette.   

    Oh ! En plus, c’est un plat typiquement hawaïen ? feignit de s’émerveiller Colleen.

    En fait, ce n’est rien d’autre que la version hawaïenne du poulet barbecue, badigeonné avec une sauce faite avec du sucre de canne et du gingembre frais, compléta Derek, tout sourire parce que déterminé à ne pas donner satisfaction à son rival, et aussi parce qu’il avait pitié des efforts désespérés que faisait Colleen pour sauver la face.

    Je comprends pourquoi c’est si bon. Colleen prit un air désolé. A l’hôtel où nous logeons, malheureusement, ils se sentent obligés de nous donner de la nourriture exclusivement continentale, sans doute pour ne pas nous dépayser. Je trouve ça regrettable. Après tout, si on vient à Hawaii, ce n’est pas pour manger les mêmes hamburgers que ceux qu’on mange chez Burger King.

    Le visage fermé, Finn émit un petit claquement de la langue, qui prouva, s’il l’eut fallut, qu’il était contrarié par la remarque de sa fiancée. Si on vient à Hawaii, c’est surtout pour la beauté de ses paysages, par pour la gastronomie.

    L’un n’empêche pas l’autre, dit Meredith que les allusions perfides de Finn commençaient sérieusement à indisposer.

    Finn fit une légère moue. Je crois, si. On ne peut pas tout avoir dans la vie. C’est comme ça, il faut l’accepter. Il lança un regard lourd de sens à Meredith. Je suis bien placé pour le savoir.

    Craignant que la conversation ne retombe dans les sujets qui fâchent, Colleen préféra interrompre son fiancé. Dites-moi, tous les deux, vous m’avez dit que vous étiez chirurgiens, mais vous n’avez pas précisé votre spécialité.


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  • Bon, où va-t-on manger ? s’enquit Derek après avoir posé furtivement sa main sur celle de Meredith.

    A Leavenworth Street, lui indiqua cette dernière. Tu connais ?

    Oui, c’est tout près d’ici. Derek mit le contact. C’est parti. Il démarra en faisant crisser les pneus.

    Qu’est-ce que tu peux être m’as-tu-vu quand tu t’y mets, lança Meredith sur un ton où se mêlaient autant d’ironie que de tendresse.

    Avoue que tu adores ça, riposta Derek avec un sourire plein d’assurance. Meredith eut un petit rire mutin. Elle était heureuse. Derek était de bonne humeur, il avait envers elle des petits gestes prévenants et des regards langoureux, la soirée s’annonçait donc sous les meilleurs auspices. Moins de cinq minutes plus tard, la voiture de sport pénétrait dans la Leavenworth Street. Il est où, ton resto ? se renseigna Derek

    Au numéro 1400. Meredith pointa du doigt une devanture peinte en noir. Ah regarde, c’est là.

    Derek regarda avec méfiance l’endroit qui ne payait pas vraiment de mine. Tu es certaine ?

    Oui, oui, le Sushi Rapture, confirma Meredith. J’ai fait des recherches dans Google, parce que je voulais trouver un restaurant de sushi. Je me suis dit que c’était le genre de cuisine que tu devais aimer. Du riz, du poisson cru, rien qui menace tes acides gras polyinsaturés, précisa-t-elle avec un petit sourire.

    Derek sourit aussi. Ah, mes leçons commencent à porter leurs fruits, je vois. Il gara sa voiture et alla ouvrir la portière de son amie. C’est très gentil de ta part d’avoir tenu compte de mes goûts pour choisir le restaurant, lui dit-il en l’aidant à sortir. Je ne mérite pas autant d’égards, compte tenu de ce que je t’ai fait. Il lui prit la main et y déposa un baiser.

    Je n’ai pas envie de parler de ça, répliqua Meredith un peu vivement. Elle n’avait pas envie de revenir sur ce qui s’était passé. Elle voulait oublier l’affront qu’il lui avait fait et reprendre leur histoire là où elle s’était arrêtée, comme si cette horrible semaine n’avait jamais existé. Derek la regarda bizarrement mais n’insista pas. Ils marchèrent côte à côte et silencieux jusqu’au restaurant.

    Avant d’y entrer, Derek jeta un rapide coup d’œil au menu qui était affiché sur la vitrine. Ses craintes se confirmèrent quand il vit les tarifs ; le plat basique de sushi était à environ six dollars. Meredith sentit qu’il n’était pas enthousiaste. Ça te convient ? lui demanda-t-elle avec une certaine anxiété. On en dit beaucoup de bien, tu sais. D’ailleurs, regarde, il y a du monde.

    Il perçut dans sa voix la crainte qu’elle avait de le décevoir et lui fit un grand sourire pour la rassurer. Oui, oui, ça a l’air très bien. Allons-y. Il poussa la porte et s’effaça pour laisser entrer sa compagne. Il eut un choc en découvrant la salle qui lui sembla minuscule. Directement à droite de la porte, il y avait une télévision, suspendue au mur, qui diffusait un programme de téléréalité. De hauts tabourets longeaient un comptoir au bout duquel il y avait un immense chat en porcelaine qui souriait aux clients. Il y avait également, disposées le long de la vitre, quelques tables en mica qu’on avait jugé inutile de recouvrir de nappes.

    Meredith, qui guettait les réactions de Derek, comprit que l’endroit ne lui plaisait pas outre mesure. Si tu n’aimes pas, on peut aller ailleurs, proposa-t-elle en se reprochant d’avoir fait un mauvais choix.

    Mais non, protesta Derek pour ne pas paraitre snob et la vexer. Je t’ai dit que c’était très bien. La carte est très variée, en plus. Alors, on s’installe où ?

    Meredith fit une petite moue. Comme tu veux.

    Derek regarda rapidement autour de lui. Il lui sembla qu’il valait mieux se mettre au comptoir plutôt que sur ces infâmes tables qui semblaient bancales. Au comptoir ? Ça te va ? Meredith fit signe que oui. Ils étaient à peine assis qu’une jeune fille vint leur donner la carte des plats. Derek se tourna vers Meredith. Qu’est-ce que tu veux manger ?

    Je ne sais pas du tout, je n’y connais rien, avoua-t-elle. Je n’ai encore jamais mangé des sushis.

    Derek écarquilla les yeux sous l’effet de l’étonnement. Sérieux ?

    La cuisine japonaise, c’est pas vraiment le genre de Crestwood, expliqua Meredith avec un petit sourire moqueur.

    Derek se mit à rire. Quand tu me parles de ton patelin, j’ai vraiment l’impression qu’il est situé sur une autre planète.

    Si tu compares à San Francisco, c’est un peu le cas, plaisanta Meredith.

    Il faudra un jour que j’aille me rendre compte par moi-même, déclara Derek. Tu voudras bien être mon guide ?

    Avec plaisir ! s’exclama Meredith, ravie qu’il ait envie de connaitre l’endroit où elle avait grandi. Cela voulait forcément dire qu’elle ne lui était pas indifférente. Et j’en profiterai pour te présenter ma mère.


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  • Je suis neurochirurgien, répondit Derek en lançant des regards furibonds à Finn. Il mit un morceau de volaille en bouche et le mastiqua avec ardeur, en s’imaginant qu’il était en train de mordre le vétérinaire.

    Un des meilleurs du pays, souligna Meredith avec fierté. Si un jour votre cerveau a des ratés, n’hésitez pas.

    Dieu m’en garde ! Colleen sourit pour s’excuser. C’est que, voyez-vous, je déteste tout ce qui est médical. Ça me fait peur. Déjà, rendre visite à Finn dans son cabinet, c’est un vrai supplice. Alors un hôpital… brrr. Et vous, Meredith, quelle est votre spécialité ?

    Je ne me suis pas encore décidée déclara Meredith. Je suis seulement dans ma première année de résidence. Alors, j’ai encore le temps de faire mon choix.

    Evidemment, Finn se fit un plaisir de commenter l’information. Moi, je suis persuadé que tu choisiras la neuro.

    Pourquoi dis-tu ça ? demanda Meredith, sur la défensive.

    Comme ça… Ne dit-on pas que, lorsqu’on couche avec un chien, on attrape ses puces ? Ne vous vexez pas, mon vieux, ce n’est qu’une image, ajouta perfidement Finn à l’intention de Derek. Ce dernier préféra ne pas répondre à la provocation mais se défoula à nouveau sur son poulet.

    Meredith fit une grimace. Eh bien, je ne comprends pas ton image, je l’avoue.

    C’est simple pourtant. Derek cumule les rôles, professeur, mentor, amant. C’est un véritable Pygmalion. Finn fit une pause de quelques secondes avant de porter l’estocade finale. Il a manifestement beaucoup d’influence sur toi puisqu’il arrive à te faire faire un peu n’importe quoi. Donc…

    Cette fois, c’en fut trop pour Derek qui se leva d’un bond. Ne poussez pas le bouchon trop loin, Dandridge, tempêta-t-il. N’oubliez pas ce que je vous ai dit tout à l’heure.

    Qu’est-ce que tu cherches à prouver, Finn ? interrogea Meredith, devenue blême.

    Finn joua les étonnés. Prouver ? Oh rien du tout ! Il n’y a rien à prouver, prétendit-il. C’est un état de fait, c’est tout. Tu fais tout ce que Derek te dit de faire. Donc pourquoi est-ce qu’il n’arriverait pas à t’imposer sa discipline ? Evidemment – il grimaça - si tu avais plus de personnalité…

    Maintenant, ça suffit ! Suis-moi à la cuisine. Immédiatement ! cria Meredith à l’intention de Finn. Toi, tu restes ici, indiqua-t-elle à Derek qui faisait mine de la suivre. C’est entre lui et moi désormais. Très calmement, Finn lui emboita le pas. Intérieurement, il jubilait. Il avait enfin obtenu ce qu’il voulait. A plusieurs reprises, il avait réussi à faire perdre son sang-froid à Shepherd. Mais surtout, il allait passer un moment en tête-à-tête avec Meredith et il allait enfin avoir l’occasion de lui dire ce qu’il avait sur le cœur. Il avait gâché la soirée, notamment pour Colleen, il en était conscient, mais c’était le prix à payer. Sans paraître se soucier de lui, Meredith se jeta sur la vaisselle qui était dans l’évier et entreprit de la déposer dans le lave-vaisselle. Occuper ses mains permettrait peut-être à son cerveau d’arrêter de bouillonner. Mais elle obtint l’effet contraire. Alors, elle n’essaya plus de canaliser sa colère mais, au contraire, la laissa sortir. Elle se tourna d’un bloc vers le jeune homme. Qu’est-ce qui te prend ? A quoi tu joues ?

    Il avança vers elle. Parce que tu crois que c’est un jeu pour moi ? gronda-t-il entre ses dents.

    Mereedith ne se laissa pas impressionner. Ah non ? Qu’est-ce que c’est alors ? Un pari ? Un concours ? Un défi ? Explique-moi parce que là, je suis perdue. Je ne te reconnais plus, Finn.

    M’as-tu seulement jamais connu ?

    Je crois que oui… un peu. Tu étais gentil, attentionné, respectueux, soucieux du bien-être des autres et là… Elle tendit l’index vers l’intérieur de la maison. As-tu pensé à Colleen, ce soir ?

    Ne t’occupe pas de Colleen. C’est mon problème, pas le tien, dit Finn sur un ton sec.

    Mais tu n’as pas le droit de la traiter comme ça, s’indigna Meredith. C’est moi qui t’ai fait du mal, pas elle.

    Oh ça, oui, tu m’as fait du mal, lui confirma Finn avec amertume.

    J’en suis vraiment désolée. Ce n’est pas ce que je voulais. Mais je ne pouvais pas faire autrement.

    Moi non plus, je ne peux pas faire autrement. Il tapa du poing sur la table. Si tu crois que c’est facile pour moi… te revoir, et avec lui !

    Je ne comprends pas. Tu es fiancé, Finn, martela Meredith. Cela suppose que tu m’aies oubliée.

    C’est ce que je croyais, lui avoua-t-il. Mais quand je vous ai vus tout à l’heure, sur la plage… j’ai su que ce n’était pas le cas.

    Alors, dans ce cas, pourquoi être venu ici ce soir, et avec ta fiancée ? s’étonna Meredith.


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