• Oh là là, j’en sais rien, s’exclama Meredith. Je ne connais presque pas la ville, et certainement pas les endroits où l’on sort, alors je vous fais confiance.

    En une seconde, Derek fit mentalement le tour de tous les endroits public, sombres et discrets, qu’il connaissait en ville. Mais aussi discrets soient-ils, ils seraient toujours trop animés pour que Meredith accepte d’y faire quoi que ce soit d’intéressant pour lui. Il en arriva à la conclusion qu’il devait y aller doucement et la mettre suffisamment en confiance pour qu’à la fin de la soirée, elle accepte de le suivre à l’hôtel. Ça vous dirait un tour de la ville ? lui proposa-t-il.

    Intérieurement, Meredith se dit qu’une balade en voiture lui offrirait un sursis. Les deux mains sur le volant, Derek ne pourrait pas tenter grand-chose et elle aurait le temps de se préparer au moment où ils s’embrasseraient. Oui, bien sûr, ce serait super, répondit-elle.

    Moins de dix minutes plus tard, Derek stationnait sa voiture à Fisherman’s Wharf. 

     photo fisherman_zps944efcae.jpg

    Oh je suis déjà venue ici, s’exclama Meredith en reconnaissant le premier endroit qu’elle et ses amis avaient visité à San Francisco.

    Derek remit la clé dans le démarreur. On peut aller ailleurs si vous voulez.

    Non, non, j’aime beaucoup cet endroit. Meredith ouvrit sa portière sans attendre et sortit du véhicule. Derek la rejoignit et la prit par la main. Laissant derrière eux la folle agitation des badauds qui s’agglutinaient sur le Pier 39, ils se dirigèrent vers un endroit calme, à l’écart. De là où ils étaient, ils pouvaient apercevoir la jetée illuminée de mille feux et ils entendaient en fond la musique qui s’échappait des multiples bars. Le vent qui venait de la baie fit frissonner Meredith et elle enroula ses bras autour d’elle pour se protéger du froid. Comme il l’avait déjà fait plus tôt dans la soirée, Derek retira sa veste de smoking et la jeta délicatement sur les épaules de la jeune fille, avant de serrer cette dernière contre lui. Ils admirèrent la baie qui étincelait de mille lumières avec l’ile d’Alcatraz qui se profilait à l’arrière-plan. C’est la fameuse prison ? demanda Meredith en pointant son index en direction de l’ilot rocailleux. Derek opina de la tête. On peut la visiter ? se renseigna encore Meredith.

    Oui… je vous y emmènerai un jour, si ça vous intéresse, déclara Derek de sa voix suave. Je n’y suis jamais allé, ce serait l’occasion.

    Oui, pourquoi pas. Meredith se dégagea de l’étreinte du chirurgien pour faire quelques pas. Toutes ces lumières… c’est vraiment beau.

    Derek la regarda avancer, les yeux fixés sur sa jambe nue qui se dévoilait à chaque pas. Des images d’une précision extrême, d’eux faisant sauvagement l’amour, lui vinrent en tête. Il prit une profonde inspiration avant de la rejoindre et de se coller dans son dos, en l’enlaçant étroitement, une main sur son ventre. C’est plus que beau, chuchota-t-il d’une voix légèrement éraillée, sans que Meredith comprenne qu’il n’évoquait pas le paysage.

    La jeune fille était plus que troublée par la proximité physique avec le chirurgien. Elle savait ce que cela annonçait et elle en avait terriblement envie, sans qu’elle ose cependant faire le premier pas. Pour indiquer à Derek qu’elle était prête, sans pour autant paraitre trop provocante, elle se laissa aller contre lui. Il comprit le message et, un petit sourire suffisant sur les lèvres, il écarta les cheveux de Meredith pour accéder à sa nuque et y promener ses lèvres. Frissonnante, elle inclina légèrement la tête vers l’avant pour lui montrer qu’elle était consentante et qu’elle appréciait ses baisers. Se sentant autorisé à aller plus loin, il remonta lentement la main qui était sur le ventre de Meredith vers sa poitrine, qu’il effleura du plat de la paume. Meredith releva la tête. Derek, murmura-t-elle.

    C’est la première fois que tu m’appelles Derek, lui fit-il remarquer sur le même ton. Il la fit pivoter lentement pour qu’elle se retrouve face à lui et qu’il puisse prendre son visage entre les mains. Redis-le.

    Derek, répéta-t-elle en nouant ses mains autour du cou du médecin.

    Il se pencha lentement vers elle pour prendre sa bouche. Son désir était si fort qu’il gémit en touchant ses lèvres. Il entreprit de les pincer entre les siennes avant de les mordiller légèrement. Il s’apprêtait à y insinuer sa langue lorsque, impétueux, il posa sa main sur un sein qu’il tâta délicatement. Meredith le repoussa brusquement. Fieffé imbécile ! se fustigea-t-il. A vouloir aller trop vite, tu vas te retrouver le bec dans l’eau. Il prit un air penaud. Je suis désolé, lui dit-il. Je sais que je n’aurais pas dû mais… mais tu me fais vraiment perdre la tête.

    Meredith releva la tête vers lui avec un regard plein d’espoir. C’est vrai ? 


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  • Derek s’empara des mains de la jeune fille et les serra dans les siennes. Oui, c’est vrai. Je te jure que c’est vrai. Il la reprit contre lui mais sentit qu’elle restait droite et raide. Il en déduisit qu’elle était encore mal à l’aise et sur la défensive. A nouveau, elle lui fit penser à une bête traquée. Il comprit qu’il ne gagnerait rien à vouloir brûler les étapes. Alors, ce verre, on va le prendre ? proposa-t-il avec douceur. Elle acquiesça avec un certain soulagement. Même si tout son être appelait une autre étreinte, d’autres baisers, elle n’était pas rassurée à l’idée de rester plus longtemps seule avec Derek, dans ce soin isolé.

    Pendant qu’ils repartaient vers la Porsche, Derek se demanda où il allait emmener Meredith. Il n’avait guère envie de passer le reste de la nuit en voiture, à faire le tour de la ville. Mais il pressentait que Meredith resterait sur ses gardes encore un moment. S’il l’amenait dans un hôtel, comme il en avait l’habitude avec les autres femmes, elle se braquerait et il perdrait toutes ses chances de la mettre dans son lit. Il opta sagement pour un piano-bar du centre-ville.

    Sur la route, bien qu’il soit plus attentif à sa conduite qu’à l’aller, il ne tint le volant que d’une main pour pouvoir caresser la cuisse de Meredith, remonter le long de son bras, cajoler sa nuque… Mais il s’étonna très vite de sa passivité. Quand il tourna la tête vers elle, il constata qu’elle dormait. Il en éprouva un certain dépit. C’était bien la première fois qu’une femme s’endormait alors qu’il déployait toute son énergie à la séduire. Lui faisait-il donc aussi peu d’effet ? Ensuite, il réfléchit au fait que la pauvre petite venait sans aucun doute de vivre la plus folle soirée de sa vie et que les émotions avaient dû l’anéantir. Parce qu’il n’était pas le genre d’homme à profiter de la faiblesse d’une femme et aussi parce qu’il était attendri, il décida de ramener Meredith chez elle. Voilà qui mettait fin à ses chances de remporter le défi lancé par Mark ! Mais au fond, cela lui était égal. Il venait de se trouver un autre projet.

    Il arrêta sa voiture devant la demeure d’Ellis Grey. Pendant quelques minutes, il regarda la jeune fille dormir. Il la trouva plus qu’adorable. Tant de fraîcheur… tant d’innocence… Avait-il le droit d’abîmer tout ça ? Il ne put se retenir de caresser une fois encore ses cheveux blonds. Il se pencha et déposa un léger baiser sur ses lèvres. Meredith, murmura-t-il. C’est presque à regret qu’il la vit ouvrir les yeux.

    Il fallut quelques secondes à une Meredith encore ensommeillée pour réaliser qu’ils se trouvaient devant la maison de sa tante. Confuse, elle mit la main devant sa bouche. Oh mon dieu, j’ai dormi, c’est ça ? Derek fit signe que oui en souriant. Elle secoua la tête avec un air catastrophé. Je suis désolée, désolée, désolée, vraiment. Ça ne veut pas dire que je m’ennuie, hein. Pas du tout même ! J’ai vraiment passé une très bonne soirée. Elle lui lança un regard implorant, comme si elle le suppliait de la croire. Je suis vraiment trop stupide, geignit-elle.  

    Derek prit la main de la jeune fille et la porta à ses lèvres pour y déposer un baiser. Arrête… tu étais juste un peu fatiguée. Il n’y a pas de quoi culpabiliser. Il passa son autre main dans la chevelure de Meredith. Et puis, moi, j’ai apprécié… Tu es très mignonne quand tu dors, tu sais, ajouta-t-il avec un petit sourire malicieux. Elle lui sourit aussi, plus timidement, en se mordillant légèrement les lèvres. Je crois que tu devrais aller te reposer, suggéra-t-il. Il n’attendit pas sa réponse pour sortir du véhicule et en faire le tour pour lui ouvrir la portière. Il la prit par la main pour l’accompagner jusque devant sa porte. Moi aussi, j’ai passé une très bonne soirée, chuchota-t-il. J’aurais aimé qu’elle ne s’arrête pas. Il plaça son index en-dessous du menton de Meredith pour lui faire relever légèrement la tête et pouvoir embrasser furtivement ses lèvres. Quand la jeune fille se blottit dans ses bras et posa la tête contre sa poitrine, le naturel du médecin reprit le dessus. Au diable les bons sentiments ! Ne te laisse pas impressionner par son air innocent. Tu ne tarderas pas à t’apercevoir qu’elle est comme les autres. C’est inévitable, ce sont toutes les mêmes. Il se dit qu’il avait peut-être encore une chance de finir la nuit avec elle. Que ce soit chez elle ou dans un hôtel anonyme, quelle importance ? Il la voulait, il l’aurait, il en faisait le serment. Il effleura à nouveau sa bouche. Il sentit qu’elle répondait à son baiser en lui tendant ses lèvres. J’y suis ! se dit-il. Il lui donna un baiser plus appuyé et, les mains dans ses cheveux pour la maintenir contre lui, attrapa sa lèvre supérieure entre les siennes. Elle ne résista plus. Il inséra doucement sa langue entre les lèvres de Meredith pour les faire s’entrouvrir. Leurs langues se frôlèrent enfin pour la première fois. Meredith recula légèrement. Devant l’art consommé du baiser dont Derek faisait preuve, elle se sentait totalement novice. Il la laissa faire. Elle était à lui maintenant. Ce n’était plus qu’une question de minutes. Il embrassa ses paupières et ses joues avant de revenir sur sa bouche. Sa langue s’inséra à nouveau pour aller toucher la sienne. Il se retira de lui-même cette fois. Meredith, gémit-il, Meredith, j’ai tellement envie de toi. Sa voix rauque et haletante parvint à la jeune fille comme à travers un épais brouillard. Malgré son inexpérience en la matière, elle comprit qu’il attendait beaucoup plus de sa part qu’un simple baiser. Elle n’était pas prête pour cela. Elle posa les mains bien à plat sur son torse et le repoussa franchement avant d’ouvrir rapidement la porte de la maison et de la refermer derrière elle. 

    Abasourdi, Derek contempla la porte qu’elle venait de lui claquer au nez. Jamais aucune femme n’avait osé lui faire ça. Mais il était loin d’en éprouver de la colère. Il ressentait plutôt une certaine excitation. Cette fille était différente. Elle était belle, certes, mais elle était bien plus que ça. Elle était naturelle, franche, innocente, sincère, tout le contraire des filles qu’il avait l’habitude de culbuter. Et surtout, elle lui résistait, ce qui n’en rendait le challenge que plus intéressant. Très vite, pourtant, lui vint l’idée qu’il avait peut-être affaire à une manipulatrice. Et si elle l’avait chauffé toute la soirée pour mieux se l’attacher ? Meredith, une allumeuse ? Il secoua la tête pour chasser cette pensée désagréable de son esprit. Non, ce n’était pas possible. Des filles de ce genre, il en avait connu, et des tas. Meredith n’était pas comme ça. Il repartit en souriant vers sa voiture. Ce soir, il avait loupé le coche. Mais ce n’était que partie remise.


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  • Le cœur battant, Meredith s’adossa à la porte et resta un long moment sans bouger, guettant le moindre bruit qui venait de la rue. Le son du moteur rugissant de la Porsche lui indiqua que Derek était parti. Elle en éprouva un certain soulagement, mais aussi du regret, parce qu’elle aurait aimé qu’il insiste pour qu’elle ressorte de la maison et qu’elle passe un peu plus de temps avec lui. En même temps, pourquoi voudrais-tu qu’il insiste ? se dit-elle aussitôt. Tu lui as claqué la porte au nez, sans un mot d’explication, sans même lui dire au revoir. Tu l’as vexé, c’est sûr. Ce n’est pas bien malin de ta part. Pour une fois que quelqu’un s’intéressait à toi ! Tu auras de la chance s’il accepte encore de te parler. Elle sentit la tristesse l’envahir à l’idée qu’elle avait sans doute gâché toutes ses chances avec le chirurgien. Ne lui restait que le souvenir d’une merveilleuse soirée, dont chaque détail serait gravé dans sa mémoire jusqu’à la fin de sa vie, elle en était certaine ; le regard de Derek quand il l’avait découverte dans sa robe, la salle de réception, l’accueil qui avait été réservé au chirurgien, le champagne et le diner avec ces mets si fins, leur première danse, trop courte, le moment où ils s’étaient retrouvés sur la terrasse et les baisers qu’ils avaient échangés… Oh mon dieu, ces baisers ! Meredith passait le bout de sa langue sur ses lèvres, comme si elle espérait encore y trouver le goût de celles de Derek lorsque la lumière s’alluma brusquement, ce qui la fit sursauter. Elle découvrit George qui se tenait à deux mètres devant elle, une canette de bière à la main. Tu aurais pu dire que tu étais là, grommela-t-elle. C’est pas des manières de rester comme ça, dans le noir, sans faire de bruit.

    Le jeune homme ricana. Tu as eu peur ? C’est peut-être parce que tu n’as pas la conscience tranquille. Meredith ne réagit pas. Elle fit deux pas en direction de la cuisine mais George se mit devant elle pour lui barrer le chemin. La soirée a été bonne ? lui demanda-t-il sur un ton ironique.  

    Meredith comprit à son attitude et à son élocution, que la canette qu’il tenait en main n’était vraisemblablement pas la première de la soirée. C’était chouette, oui, répondit-elle simplement. Elle voulut contourner son camarade pour poursuivre son chemin mais il l’en empêcha en se plaçant à nouveau devant elle.

    Chouette ? répéta-t-il avec un air moqueur. On dirait pas, pourtant. Il regarda ostensiblement sa montre. On ne t’attendait pas avant l’aube et tu es déjà là. Qu’est-ce qui s’est passé ? Il n’a pas voulu de toi ou bien il baise comme un lapin ?

    Meredith fit comme si elle n’avait pas entendu. Tu devrais aller te reposer, lui recommanda-t-elle. Je crois que tu as un peu trop bu et…

    George la défia du regard. Oui j’ai bu et alors ? Moi, je picole et toi, tu te conduis comme une garce, chacun son truc !

    Arrête, George. Tu dis n’importe quoi, murmura Meredith, la gorge serrée. Elle n’arrivait pas à reconnaitre en ce garçon insultant l’ami d’enfance qui lui avait toujours été si dévoué. Le pire, c’est qu’elle ne comprenait pas du tout pourquoi il avait tellement changé en si peu de temps.

    N’importe quoi ? George secoua la tête avec un air dédaigneux. Oh non, je ne crois pas. Suffit de te regarder !

    Bien que blessée, Meredith choisit de répondre par le silence pour ne pas envenimer les choses. Elle poussa légèrement George sur le côté et passa dans la cuisine. Il la suivit et déposa sa canette sur l’égouttoir de l’évier, à côté de celles qu’il avait déjà bues, avant d’aller en chercher une autre dans le frigidaire. Meredith secoua doucement la tête. Tu ne devrais pas….

    Le jeune homme lui coupa la parole avec agressivité. Oh épargne-moi tes leçons de morale, tu veux ? Pas toi, pas ce soir. Il toisa sa camarade de la tête aux pieds. Non mais tu t’es vue ? On dirait une pute.

    Les yeux de Meredith se remplirent de larmes sous la force de l’insulte. Ça suffit, George, répliqua-t-elle d’une voix étranglée. Je ne te permets pas de me parler comme ça.

    Elle voulut quitter la pièce mais George l’attrapa par le haut du bras. Sérieux, Meredith ? Tout ça pour ce mec ? La jeune fille tenta de se dégager mais il resserra son étreinte pour l’en empêcher. Mais qu’est-ce que tu espères ? Ils vécurent heureux et ils eurent beaucoup d’enfants ? dit-il sur un ton hargneux. Il se mit à secouer sa camarade. Réveille-toi, nom de dieu ! Il veut juste te baiser.

    Lâche-moi, geignit Meredith. Tu me fais mal.

    Lâche-la tout de suite, aboya au même moment Cristina qui venait d’apparaitre sur le seuil de la pièce. George libéra immédiatement Meredith tout en lançant un regard mauvais à Cristina. Celle-ci ne se laissa pas démonter. Si tu crois que tu me fais peur ! Elle avança de trois pas. Tu ferais mieux de déguerpir avant que je te foute une raclée. Conscient qu’il n’aurait pas le dessus sur elle, George choisit d’obéir sans discuter. Quand on ne sait pas boire, on s’abstient, lui cria Cristina alors qu’il était déjà sorti. Elle se tourna vers Meredith. Ça va, toi ?

    Meredith fit signe que oui. Mais qu’est-ce qui lui prend ? gémit-elle en se frottant le bras.

    Cristina commença à vider le fond des bouteilles de bière dans l’évier. Il lui prend qu’il est jaloux. Meredith la regarda avec un air interrogatif. Ça fait des années qu’il en pince pour toi, Mer, lui expliqua Cristina. Tu es bien la seule à ne pas l’avoir remarqué.

    Totalement abasourdie, Meredith sortit de la cuisine sans un mot. Jamais jusqu’à ce jour, elle n’avait soupçonné que son ami d’enfance nourrissait pour elle des sentiments amoureux. En montant l’escalier, elle réalisa qu’elle était partagée à son sujet. Elle se sentait désolée pour lui parce qu’elle ne pourrait jamais lui apporter ce à quoi il aspirait, du moins selon ce que Cristina en avait dit, mais elle ressentait aussi une énorme rancœur pour la façon dont il l’avait traitée ces derniers temps. Elle savait déjà en son for intérieur que rien ne serait plus jamais pareil entre eux.


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  • Le lendemain matin, Meredith se réveilla de bonne humeur et pleine d’énergie. Si elle avait eu un certain mal à s’endormir, à cause de l’énervement et aussi parce que son esprit avait été pollué par des images de George la brutalisant, sa nuit s’était heureusement poursuivie par des rêves où elle s’était vue tournoyer dans les bras de Derek, au centre d’une grande salle de bal, sous les acclamations de l’assistance, et d’autres où ils s’embrassaient à perdre haleine. Elle se sentait donc très bien, d’autant plus que ces doux fantasmes étaient fondés sur une part de réel. Mais ce bel enthousiasme retomba dès que la jeune fille se souvint de la façon dont la soirée s’était terminée. La réalité, c’était qu’il y avait de fortes chances pour que son idylle soit morte avant même d’avoir vécu.

    Se raccrochant à l’espoir ténu que tout n’était peut-être pas perdu – après tout, sa mère lui avait toujours dit que les hommes préféraient les femmes qui leur résistaient – Meredith se planta devant sa penderie pour choisir une tenue qui ferait craquer Derek. Elle regarda un à un les vêtements que lui avait fait acheter Izzie, sans parvenir à se décider. Telle tenue lui semblait trop simple, telle autre, trop endimanchée. Et elle n’était vraiment pas certaine de savoir assortir les couleurs. En désespoir de cause, elle alla ouvrir la porte de sa chambre. Izzie, tu peux venir, s’il te plait, cria-t-elle dans le couloir. J’ai besoin de ton aide.

    J’arrive, répondit Izzie. Deux minutes plus tard, elle entrait dans la chambre de son amie. Qu’est-ce qui se passe ?

    Meredith lui montra les quelques vêtements qu’elle avait étalés sur son lit. J’arrive pas à me décider. Qu’est-ce que tu mettrais à ma place ?

    L’expression d’Izzie se fit espiègle. Oooooh ! Meredith qui fait attention à la façon dont elle s’habille, c’est nouveau, ça ! Il y aurait du Derek là-dessous que ça ne m’étonnerait pas.

    Meredith haussa les épaules. Ça n’a rien à voir avec lui, prétendit-elle. Tu m’as fait acheter tous ces trucs, faut bien que je les mette.

    Izzie opina de la tête avec exagération. C’est évident ! dit-elle sur un ton moqueur. Après avoir jeté un regard aux effets qui se trouvaient sur le lit, elle se tourna vers la garde-robe et en retira un pantalon court en toile vert pastel et un corsage moulant de couleur rose perle zippé sur le devant. Tiens, mets ça. 

    Meredith regarda les vêtements avec un air perplexe. Ce n’est pas un peu trop… un peu trop excentrique pour une tenue de travail ?

    Oui, sans doute… si tu travaillais à la Maison Blanche, ironisa Izzie. Mais vu que tu travailles dans une boutique de douceurs, ça ira très bien. Avec ça, tu vas m’attirer plein de clients. J’en connais un qui va être tout fou. Meredith fit comme si elle n’avait rien entendu et se mit à fouiller dans un des tiroirs de sa commode, à la recherche d’un soutien-gorge. Bon, je vois que je vais devoir te tirer les vers du nez, déclara Izzie en se laissant tomber sur le lit. Ça s’est passé comment, ta soirée ?  

    Oh c’était super, répondit Meredith avec enthousiasme. Tu aurais dû venir. L’hôtel était… je n’avais jamais rien vu d’aussi beau, Iz. Elle vint s’asseoir à côté de son amie. Et le diner ! Du homard, du foie gras ! Je…

    Izzie lui lança un regard sévère. Epargne-moi les détails de menu. Moi, je veux que tu me parles de Derek. Il t’a embrassée ? Meredith resta silencieuse mais rougit violemment. Bon, il t’a embrassée, en déduisit Izzie. Elle donna un léger coup de coude à sa voisine. Alors, c’était bien ? demanda-t-elle avec un air quelque peu coquin.

    Meredith baissa la tête avec un petit sourire gêné. Très bien, murmura-t-elle.

    Ça veut dire que vous êtes ensemble maintenant ? s’enquit Izzie sur un ton guilleret.

    Meredith soupira. J’en sais rien.

    Mais vous allez vous revoir ? insista Izzie. Ailleurs qu’à la boutique, je veux dire.

    J’en sais rien, répéta Meredith.

    Izzie lui lança un regard étonné. Comment ça, tu n’en sais rien ? Mais qu’est-ce qu’il t’a dit quand il t’a déposée à la maison ?

    Qu’il avait passé une très bonne soirée et qu’il aurait aimé qu’elle ne s’arrête pas, répondit Meredith.

    Oh mais c’est bien ça, se réjouit Izzie. Et après ?

    Meredith se tourna vers elle avec un regard coupable. Après, je suis rentrée… en lui claquant la porte au nez. Izzie la regarda avec un air catastrophé. Oui, je sais, gémit Meredith. Mais Iz, il m’a dit qu’il avait envie de moi et j’ai pas su comment réagir… Il est tellement… Ses yeux s’emplirent de larmes. Il est tout ce que j’ai toujours rêvé, Iz. Mais j’ai tellement peur. Quand il va réaliser qui je suis…

    Oh Mer ! Izzie prit Meredith par les épaules. Tu es une fille géniale et Derek le sait. C’est pour ça qu’il t’a invitée à l’accompagner à cette soirée et qu’il a insisté pour que tu acceptes.

    Tu crois ? fit Meredith d’une toute petite voix où il y avait autant de doute que d’espoir.

    J’en suis sûre ! répliqua Izzie avec force. Alors, s’il est vraiment l’homme de tes rêves, arrête de te poser des questions et fonce !


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  • Après un voyage en voiture durant lequel Meredith avait totalement ignoré George et était restée silencieuse, ne réagissant même pas aux allusions plus ou moins fines qu’avaient faites Izzie et Cristina sur sa soirée avec Derek ou sur la raison de son nouveau look, le quatuor était arrivé à la boutique et s’était directement attelé à la tâche. Meredith avait continué d’éviter George, fuyant jusqu’à son regard qu’elle trouvait malsain, voire inquiétant. Elle avait l’impression de ne plus vraiment connaitre ce jeune homme auprès duquel, pourtant, elle avait grandi et avec lequel elle avait partagé tant de moments joyeux et sympathiques. C’était triste à dire, mais elle n’arrivait plus à apprécier sa compagnie. Pire encore, elle en avait un peu peur.

    Elle était en train de disposer des brownies sur un plateau lorsqu’elle vit que George approchait d’elle, avec l’intention évidente de lui parler. Abandonnant là ces gâteaux, elle fila immédiatement dans l’arrière-boutique, où se trouvait déjà Cristina, en sachant que la présence de cette dernière découragerait George de la suivre, et elle referma la porte derrière elle.

    Izzie se tourna vers son cousin avec un regard lourd de reproches. Qu’est-ce que tu lui as encore fait ? lui demanda-t-elle.

    Rien du tout, grogna George.

    Elle ne t’adresse plus la parole et elle prend la fuite dès que tu approches, lui fit remarquer la jeune fille. Je connais Mer, elle n’agirait pas comme ça sans raison. 

    Puisque je te dis que je n’ai rien fait, protesta George en lui lançant un regard résolument hostile. Et puis, mêle-toi de tes affaires.

    Il faut que tu te fasses une raison, George, insista Izzie. Tu ne seras jamais rien d’autre qu’un ami pour elle et si tu continues comme ça, ce ne sera même plus le cas. Elle reprit le travail laissé en plan par Meredith tandis que George, agacé de s’être encore fait donner une leçon, sortait à l’extérieur pour mettre la terrasse en place. Quelques minutes plus tard, Mark fit son entrée dans la boutique et Izzie l’accueillit avec un sourire chaleureux. Hey ! Je suis contente de vous voir. Je croyais que vous seriez fâché contre moi et que vous ne voudriez plus me voir.

    Pourquoi donc ? dit distraitement Mark en parcourant rapidement la pièce du regard.

    Izzie sortit de derrière le comptoir et avança vers le chirurgien. A cause du gala, vous savez bien, minauda-t-elle. Arrivée devant Mark, elle leva lentement vers lui un regard timide et contrit, comme si elle avait un peu peur de sa réaction. Je suis vraiment désolée de vous avoir laissé tomber au dernier moment.

    Bah, c’est rien, vous en faites pas pour ça, répondit Mark avec flegme. Il regarda encore une fois autour de lui. Meredith n’est pas là ?

    Izzie ne put cacher son étonnement. Non… enfin si, elle travaille derrière. Il y a un problème ?

    Non, pas du tout, la rassura Mark avec un petit sourire. J’ai juste envie de la voir, c’est tout. Vous pouvez lui dire que je suis là ?

    A son expression avide, presque gourmande, Izzie comprit que Derek n’était pas le seul à avoir été conquis par la nouvelle Meredith. Elle était consciente qu’elle aurait dû être heureuse pour son amie, et fière aussi, parce que c’était grâce à elle que Meredith avait eu autant de succès, mais elle ne ressentait que de l’amertume et de la jalousie. Jusqu’à ce jour, Mark n’avait eu d’yeux que pour elle. Et là, c’est à peine s’il la regardait. Elle fit demi-tour et alla ouvrir la porte de l’arrière-boutique. Meredith, y a quelqu’un qui veut te voir, annonça-t-elle un peu sèchement.

    Meredith surgit aussitôt. Son sourire radieux s’effaça et ses yeux brillants s’assombrirent lorsqu’elle découvrit Mark. Ah c’est vous, dit-elle sans chercher à dissimuler sa déception. L’angoisse l’étreignit à l’idée que Derek lui avait envoyé son ami pour lui signifier la fin de leur relation avant même que celle-ci n’ait commencé. 

    Mark eut un choc. La veille, il avait trouvé Meredith superbe en robe de soirée. Mais là, à la lumière du jour et au naturel, il lui apparaissait qu’elle était simplement vraiment belle. Pas maquillée, les cheveux flottant librement sur ses épaules, elle resplendissait de fraîcheur. Il se précipita vers elle. Ah Meredith, je suis tellement content de vous revoir. Dépitée, Izzie disparut dans la cuisine.

    Meredith lança un regard sincèrement surpris en direction du chirurgien. Ah bon ? Elle ouvrit une armoire et y prit des dessous de table qu’elle commença à disposer.

    Je vous jure que c’est vrai, clama Mark avec fougue, en la suivant de table en table. Vous m’avez fait une telle impression hier. Je n’en ai pas dormi.

    A première vue, Mark n’était pas là en tant qu’émissaire de son camarade mais bien pour son propre compte. Cela rassura un peu Meredith sans toutefois lever toutes ses inquiétudes. Le fait que Mark poursuive la piètre tentative de séduction entamée la veille, au gala, ne signifiait-il pas que Derek avait cessé de s’intéresser à elle ? J’en suis désolée pour vous, répondit-elle, méfiante. Heureusement, ça n’a pas été mon cas. J’ai très bien dormi.

    Mark prit un air scandalisé. Et vous osez me dire ça comme ça ? Mais vous allez briser mon petit cœur fragile. Il porta la main à sa poitrine.


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